Le Comité national des étudiants démocrates amazighs s'est contenté d'un rassemblement devant la fac centrale et n'a pu tenir la marche prévue de la fac centrale au Palais du gouvernement. Les forces antiémeute déployées en très grand nombre ont fait avorter l'initiative réduite, ainsi, à un rassemblement de près de trois heures.
M. Kebci Alger (Le Soir) - Les étudiants, une centaine, venus principalement des universités de la capitale, mais aussi de Tizi-Ouzou, de Béjaïa, de Boumerdès et de Chlef étaient surpris de découvrir que leur lieu de rassemblement retenu pour célébrer le double anniversaire, celui du printemps noir de Kabylie d'il y a onze ans et celui du printemps amazigh remontant à 32 ans, à savoir l'entrée de la fac centrale et tous les environs, était déjà bouclé par un impressionnant dispositif de sécurité déployé aussi aux environs. Aux environs de neuf heures, les hommes à l'uniforme bleu étaient déjà aux aguets à la place Audin et procédaient au filtrage des piétons invités à circuler et à ne pas rester debout sur les trottoirs. Peu après, deux étudiants, membres du CNEDA, sont interpellés pour ne retrouver leurs camarades que plus tard. Pris ainsi au dépourvu, les étudiants se dispersaient par groupe de deux mais c'était sans compter sur la «vigilance» des policiers qui ne tarderont pas à identifier les têtes de file des protestataires, une quinzaine, pour les encercler. Une stratégie de routine adoptée par le corps de sécurité pour étouffer toute velléité de contestation de rue, ces derniers temps, en mettant de la partie plus d'agents. Ainsi, le restant ou le gros des étudiants qui étaient dans les parages, s'était vu inviter à circuler et à ne pas se regrouper, comme d'ailleurs le reste des piétons. Ce qui a provoqué bien des prises de bec entre agents de l'ordre et citoyens dont un grand nombre n'ont pas voulu obtempérer à l'ordre de circuler. «Bon sang, nous n'avons même pas le droit d'être passifs», lancera un jeune au micro d'une chaîne de télévision allemande, présente sur les lieux, ne manquant pas l'occasion de relever le rétrécissement des libertés à l'aune d'un rendez- vous législatif que l'on présente pourtant comme une halte importante dans le processus démocratique. Ce qui lui a valu des mots grossiers et une agression d'un agent de l'ordre avant qu'un autre n'intervienne pour calmer les esprits. Et à un autre jeune de reprendre : «C'est une démocratie de façade», lui qui ne voulait rien entendre de la part des policiers qui n'ont pas cessé de l'inviter à circuler. «C'est mon droit le plus absolu de me tenir débout ici autant que je veux et si vous pensez que c'est là une infraction à la loi, embarquez-moi », leur lancera-t-il à la figure à maintes reprises. L'obstination de ce jeune en a encouragé d'autres qui jouaient à cache-cache avec les forces antiémeute qui craignaient que la situation ne dégénère. Surtout qu'au même moment, le groupuscule encerclé animait la scène avec une multitude de slogans. Tour à tour, «Ulac lvot ulac», «Révisez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe», ou encore «tamazight langue officielle» et «Algérie libre et démocratique» étaient scandés à tue-tête par les jeunes étudiants, drapeau national et pancarte à l'effigie de l'insigne amazigh à la main. De temps à autre, ils entonneront l'hymne national et des chants patriotiques comme pour signifier, comme le dira à haute voix l'un d'eux, leur attachement à l'unité nationale en droite ligne de leurs aînés qui ont proclamé le 1er- Novembre et ont élaboré la plate-forme de la Soummam. «Nous sommes les dignes héritiers des Abane, Ben M'hidi, Didouche et Amirouche», lancera la même voix. Le rassemblement ne prendra fin que vers 12h30 avec le sentiment pour ces étudiants d'avoir réussi leur initiative, la première.
Posté Le : 19/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M K
Source : www.lesoirdalgerie.com