Sur la nationale 4, juste à la sortie de la ville d'El Attaf en direction de Chlef, un spectacle affligeant heurte la vue et révolte la conscience. Des échancrures béantes défigurent de part et d'autre l'angle quasi droit que forme la montagne du Temoulga millénaire.Plus d'une vingtaine de carrières d'agrégats s'acharnent à amputer sans répit les deux bras rocheux qui se rejoignent pour former un horizon si proche et si présent dans la vie de générations d'Attafis. Le soir tombé, un voile sombre, caractéristique du smog londonien, s'assoit en dôme sur la ville, épaisse masse de poussière qui affecte la santé des petits et des grands. Véritable crime contre la nature, la disparition du Temoulga, sa lente agonie, donnent sa pleine signification à la tare sociale de l'argent sale qui dénature les rapports humains et la relation à l'environnement naturel.Depuis des années, les carrières fonctionnent sans interruption, mettent à mal les constantes environnementales et empoissonnent la vie des familles : défiguration hideuse de la montagne, disparition du couvert végétal, explosions permanentes qui ébranlent et fissurent les maisons, pollution et augmentation des maladies respiratoires.Elles fonctionnent à plein régime, au mépris de tout et de tous. En dépit de leurs protestations sporadiques, les citoyens de la ville sont impuissants à protéger leur santé et leur environnement. Les autorités locales font la sourde oreille, les propriétaires des carrières ne leur accordent nulle attention, quand ils ne les menacent pas de représailles, du haut de l'impunité et des appuis d' «en haut» dont ils se targuent.Aux destructions de forêts tropicales, à la déforestation, à la disparition des espèces animales ou végétales et des langues, nous allons ajouter en Algérie un écocide inédit, la destruction des montagnes. Le fait est unique en soi, la négation des droits environnementaux des citoyens ne semble plus connaître de limite, alors que nous subissons déjà une insalubrité criante et des atteintes et dégradations de l'environnement naturel désastreuses.Espérer une écologisation des sphères politiques, de la société, salutaire, ou une prise de conscience spontanée des propriétaires des carrières, serait peine perdue. Seule une mobilisation des citoyens empêcherait une nouvelle «zone de sacrifice» aux intérêts privés destructeurs de s'étendre. Sauvons le Temoulga, sauvons nos montagnes !
Posté Le : 05/08/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Magani
Source : www.elwatan.com