Les habitants de la région subissent les désagréments causés par l’exploitation des carrières sans bénéficier des retombées fiscales de cette activité.
Les habitants des localités proches des carrières de tuf et d’agrégats de la wilaya de Boumerdès ne cessent d’exprimer leur colère quant aux désagréments qu’ils subissent journellement à cause de l’exploitation anarchique de ces sites miniers pourvoyeurs de matériaux de construction.
«Notre commune compte une dizaine de carrières de tuf, mais on ne gagne que de la poussière en contrepartie. Nos routes sont devenues impraticables à cause des va-et-vient des camions. Le plus grave, c’est que les exploitants payent leurs impôts à Alger. Notre localité ne perçoit aucun sou pour cette activité qui s’exerce en violation des normes en vigueur», dénonce un habitant de Timezrite.
Cette localité de l’extrême sud-est de la wilaya est devenue la Mecque des entrepreneurs et des camionneurs à l’affut du bon «sol» et d’affaires susceptibles de grossir leur fortune.
Même chose à Keddara, Thénia, Ammal et Kharrouba qui ont été récemment le théâtre de plusieurs actions de protestation à cause de la pollution et autres nuisances générées par les travaux d’extraction de tuf près des zones d’habitation.
La plupart des exploitants ne tiennent pas compte des études d’impact menées pour préserver les richesses faunistiques et floristiques des alentours.
En sus des bruits assourdissants des engins, de nombreux habitants se sont plaint de l’usage excessif du TNT et des détonations qui causent des fissures à leurs habitations, comme ce fut le cas au village Timizar, à Ammal.
«Aujourd’hui, il y a plus de camions que de véhicules sur nos routes», regrette un élu à l’APC de Keddara, en plaidant pour la révision de la loi sur la fiscalité locale.
«Les industriels doivent payer la TAP au niveau des régions abritant leurs activités, pas au niveau des wilayas où se trouvent leurs sièges administratifs», préconise-t-il.
La TAP constitue, pour rappel, 60% des recettes fiscales des collectivités locales. Dans le projet de loi de finances 2016, cette imposition a été réduite de 2 à 1% du chiffre d’affaires pour les activités de production de biens et à 1,5% pour les activités de BTPH. Alors que d’aucuns soutiennent que la priorité est de trouver d’autres sources de revenus à même de permettre aux communes pauvres — le pays en compte 958 — de fonctionner indépendamment des subventions de l’administration centrale.
Certains élus locaux n’écartent pas la possibilité de voir «leurs» budgets baisser de moitié à cause de cette mesure.
«Nous avons une seule carrière d’agrégats exploitée par une entreprise publique basée à Alger. Celle-ci verse la TAP au fonds de wilaya, mais si cela se fait dans les caisses de la commune, on pourrait vivre comme des rois», explique un responsable local, ajoutant que la moitié des entreprises installées dans la ZAD s’acquittent de leurs impôts à Alger.
Ce problème nourrit le sentiment d’injustice chez de nombreux habitants de la région.
Il y a une semaine, des centaines d’habitants du village Benmerzouga, dans la commune de Boudouaou ont bloqué la route menant vers Bouzegza pour réclamer la réduction du trafic des camions via leur localité.
Outre la détérioration des routes, les manifestants dénoncent les dégâts causés par les exploitants des carrières aux monts de Bouzegza qui étaient le bastion des moudjahidine de la Wilaya IV historique durant la guerre d’Indépendance.
Les forêts verdâtres qui surplombent le barrage d’eau ont laissé place à un vaste champ de poussière.
Malgré qu’elle ait été imposée par le cahier des charges, aucune action n’a été entreprise sur les lieux pour réduire les atteintes portées à l’environnement et protéger les quelques singes magots qui rodent encore aux alentours.
Kebbabi Ramdane
Posté Le : 22/12/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ; texte: Kebbabi Ramdane
Source : elwatan.com du lundi 21 déc 2015