Ces familles sont menacées par un important glissement de terrain. Le problème met à nu la gestion catastrophique du foncier urbain et la défaillance des services devant veiller au respect des normes de construction.
L’alerte fut donnée en 2017 par les habitants du bloc 4.
«On a fait plusieurs écrits aux autorités. Même l’ex-wali, Madani Fouatih, a été sollicité pour intervenir et arrêter les travaux de creusement menés anarchiquement en contre-bas de nos habitations. Personne n’a réagi. Maintenant que le risque s’est aggravé, les responsables se rejettent la balle et fustigent les constructeurs», s’exclame un résident de la cité 11 Décembre à Boumerdès.
Déjà très fragilisés par le séisme de 2003, plusieurs immeubles de la cité risquent de s’écrouler au moindre mouvement du sol. Une situation qui aura déjà poussé quelques familles à déménager tandis que d’autres dorment les yeux ouverts tant le glissement du terrain se rapproche inexorablement de leurs maisons.
Le problème n’a rien d’anodin. Il met à nu la gestion catastrophique du foncier urbain dans cette ville, mais aussi la défaillance des services devant veiller au respect des normes de construction. En effet, le danger qui guette les habitants n’a pas été provoqué par des inondations ou un séisme de grande ampleur. Il est la démonstration parfaite de la bêtise humaine. De sa cupidité sans limite. L’affaissement a été provoqué par les acquéreurs de lots de terrain situés en contre-bas des immeubles en question. Des lots (27) qui ont été vendus par l’agence foncière en 2016 à de hauts responsables et riches hommes d’affaires. Mais il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour savoir que l’endroit en question n’est pas fait pour abriter des villas de plusieurs étages.
«Le site est non seulement exigu, mais est un remblai», dira un habitant, rappelant qu’une dizaine d’immeubles surplombant l’endroit se sont effondrés lors du séisme de 2003.
Le temps a fini par lui donner raison. En effet, bien qu’interdits et astreints à des études et un suivi rigoureux, les travaux de terrassement entrepris jusque-là font craindre le pire en raison de la nature glissante du terrain et la proximité des habitations. Malgré la topographie difficile du site, la plupart des acquéreurs n’ont pas tenu compte des clauses du permis de construire. Certains ont érigé des villas de cinq étages avec des sous-sols et des greniers alors qu’il a été autorisé des immeubles de 3 étages avec garages.
Pis, il y a des acquéreurs qui ont terrassé même au-delà de leur terrain alors qu’ils devaient en bâtir 50% ou moins. Il a fallu attendre que quelqu’un envoie son engin creuser à 4 m d’un immeuble habité par six familles pour que les autorités bougent.
Jeudi dernier, tous les responsables concernés de près ou de loin par cette affaire se sont déplacés sur place pour constater les dégâts. En guise de mesures urgentes, il a été décidé d’engager un laboratoire pour évaluer le degré des risques pour chaque bâtiment et de reloger, si nécessaire, ceux qui en sont très exposés.
«Ceux qui ont entamé les travaux de construction doivent être mis en demeure de consolider et stabiliser le site dans l’immédiat. Celui qui n’a pas les moyens, on le fait à sa place et on le lui facture. On doit agir vite car on est face à un danger imminent», avertit le secrétaire général de la wilaya.
En attendant, les habitants vivent la peur au ventre et espèrent que les solutions préconisées soient appliquées dans les meilleurs délais.
Ramdane Koubabi
Posté Le : 17/10/2019
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ramdane Koubabi
Source : elwatan.com du lundi 14 octobre 2019