Boumerdès - COMMUNES

Université de Boumerdès La diaspora algérienne objet d’une étude



Publié le 10.07.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
ABACHI L.

«L’idée que les centaines de milliers d’Algériens qui vivent à l’étranger, constituant un élément supplémentaire et d’importance dans la longue liste des atouts de l’Algérie pour assurer son développement, est une évidence que personne ne peut contester… L’Algérie dispose d’une diaspora importante répartie sur tous les continents. Cette dernière est très qualifiée, diversifiée, contenant en son sein des personnalités de renommée internationale.»
Dixit le professeur Boudjemaâ Hamada, doyen de la fameuse Faculté des hydrocarbures et de la chimie (FHC) de l’université M’Hamed Bougara de Boumerdès (UMBB). Le professeur Hamada, qui est membre de plusieurs hautes instances scientifiques aux niveaux national et mondial, a réalisé une étude documentée sur l’intégration de la diaspora algérienne, essaimée dans les cinq continents, dans le processus de la modernisation de leur mère patrie. Il a intitulé son étude «La diaspora et les lobbies au service du développement économique de l’Algérie». Le professeur Hamada a commencé par cerner le phénomène de la constitution des diasporas au niveau mondial. Il insiste particulièrement sur celle regroupant des immigrés indiens aux USA. C’est un exemple à méditer. Cette diaspora indienne est devenue par la suite un levier de développement économique et scientifique de l’Inde, désormais puissance économique mondiale. Le professeur rappelle que des éléments de cette diaspora indienne se sont emparés des leviers de la Silicon Valley. Il affirme, en effet, que la diaspora indienne représente 1% de la population des USA, mais 8% des fondateurs ou de PDG d’entreprises de haute technologie sont d’origine indienne. Elle détient, par ailleurs, 1/3 des start-up technologiques de la Silicon Valley.

Le cas de l’Algérie
«Le constat est simple : comme pour nombre de ses voisins appartenant au Sud, l’avenir de notre pays passe aussi par la mobilisation de toutes ses ressources humaines et il aurait tort de se priver de ce que peuvent lui apporter ses ressortissants installés à l’étranger.
Savoir-faire, capitaux, projets économiques ou sociaux, œuvres artistiques, relais d’influence politique, économique ou culturelle, voilà autant de contributions potentielles qui ne peuvent être négligées dans un siècle où la compétition entre nations ne cesse d’aller en s’acharnant...», écrit le professeur Hamada.

Causes et périodes d’émigration des Algériens
Le professeur Hamada rappelle les principales causes qui ont amené des milliers d’Algériens à s’établir, de gré ou de force, à l’étranger. «La diaspora algérienne a connu diverses origines et raisons de son implantation à travers le monde.» Dans son étude, le doyen de la faculté cite la Syrie (1864) et la Nouvelle-Calédonie (1921) à cause de la déportation des leaders de la résistance algérienne qui luttaient contre la colonisation. Il y a ensuite l’émigration forcée en France au lendemain du déclenchement de la guerre de libération en novembre 1954. Après l’indépendance, il y a eu l’émigration organisée vers la France (accords de 1968) et l’émigration, organisée par l’Etat, de jeunes universitaires partis, au début des années 1970, vers les pays de l’ex- bloc de l’Est ainsi que certains pays occidentaux à la recherche de hautes qualifications. La dernière émigration massive – surtout de milliers d’universitaires et cadres — a été causée par la décennie noire. On constate, par ailleurs, ces dernières années que des cadres s’expatrient pour diverses raisons. Pour le doyen de la Faculté des hydrocarbures et de la chimie : «Il fut un temps où l’émigration algérienne à l’étranger relevait du labeur manuel et ne concernait que des populations peu ou pas formées. La donne a désormais changé. A cette ancienne génération a succédé une population le plus souvent formée et compétente (ce qui ne signifie pas que l’émigration non ou peu qualifiée a disparu).
Il convient de rappeler à ce sujet que l’Algérie n’a jamais cessé de perdre ses compétences depuis le début des années 1970, date à laquelle le pays a commencé à envoyer des étudiants se former à l’étranger…» S’agissant de la qualité et de l’utilité de la nouvelle génération d’émigrés constitués en diaspora, le professeur Hamada, affirme. «En France, 37.4% des médecins étrangers sont des Algériens. Le rapport de l'IRDES fait état de 29 238 médecins généralistes étrangers qui exercent en 2023 en France. Soit uniquement 12.5% des effectifs totaux. (Données au 31 oct. 2023).»

Un pas dans la Silicon Valley
Hamada note dans son étude que «trois vagues d’Algériens sont arrivées à la Silicon Valley depuis les années 1970. La première s’étend de 1974 à 1990, période au cours de laquelle l’Etat algérien a assuré des bourses d’études à des étudiants, entre autres, aux Etats-Unis où quelques-uns ont fini par s’installer.
Entre 1990 et 2004, des Algériens sont venus aux États-Unis, principalement, en raison de la décennie noire qu’a connue l’Algérie. A partir de 2004, ceux qui se sont établis à la Silicon Valley sont surtout des personnes ayant obtenu le droit d’émigrer aux Etats-Unis grâce à la loterie ou ceux qui sont venus directement de France et qui se plaignaient de la montée du racisme dans ce dernier pays». Par ailleurs, il y a «le phénomène de la réussite extraordinaire de la deuxième génération d’Algériens de la Silicon Valley».
Il s’agit des enfants des premiers Algériens arrivés sur place. Les représentants de cette nouvelle génération ont obtenu des diplômes d’universités prestigieuses comme celles de Stanford, Berkley, Princeton, MIT ou Yale. Ils se sont spécialisés dans des domaines tels que «les nanotechnologies, la médecine ou encore le droit».
Le concepteur de cette étude propose plusieurs actions en vue d’encourager cette diaspora à plus d’efforts envers le pays, leur pays.
Abachi L.




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