Quatorze ans après la catastrophe sismique de Boumerdès, qui a fait plus de 2.000 victimes et des milliers de sinistrés, les constructions illicites se poursuivent à une vitesse effrénée
L’État demeure toujours impuissant pour lutter contre ces constructions en dépit de l’existence d’un arsenal de lois sur l’urbanisme. Les responsables à tous les niveaux chargés de leur application ont failli à leur mission, estiment de nombreux architectes. Nos villes sont plus moches que jamais et les constructions hideuses et surtout dangereuses continuent de pousser un peu partout dans l’indifférence générale. Ni le séisme du 21 mai 2003, ni la loi 90-29 du 1er décembre 1990, modifiée et complétée, relative à l’aménagement et l’urbanisme, ni la loi 08/15 fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement n’ont découragé les gens à construire illicitement et surtout librement sans qu’ils soient inquiétés.
Certains ont même érigé des villas sous des lignes électriques de haute tension ou sur des conduites de gaz. Et tout cela au vu et au su de tous les responsables concernés.
“Les rares constructions démolies ciblent le plus souvent de petites baraques et bidonvilles. De telles opérations éclairs sont destinées juste pour parfaire les statistiques”, nous affirme un architecte exerçant au ministère de l’Habitat.
La loi 08-15 relative à la mise en conformité, censée apporter une solution à ces constructions, n’a fait qu’encourager ce phénomène. De nombreux constructeurs se sont engouffrés dans la procédure liée à cette loi pour se faire régulariser même pour les constructions édifiées après 2008. Même les institutions de l’État utilisent cette formule pour “régulariser” leurs constructions illégales.
Pourtant, la loi est claire.
“Il est interdit d'entreprendre des travaux de construction sans permis de construire ou de les réaliser au mépris des plans graphiques ayant servi à l'obtention du permis de construire”, indique l’article 76 de la loi n°04-05 du 14 août 2004 modifiant et complétant la loi n°90-29 du 1er décembre 1990 relative à l'aménagement et l'urbanisme.
Mais les ministères concernés ont vite trouvé la parade en profitant de la nouvelle instruction du ministère de l’Habitat portant le n°4, datée du 6/9/2012, pour régulariser leurs constructions illégales y compris celles érigées après mai 2003.
Il est à rappeler que des milliers de logements individuels et collectifs ont été construits après le séisme sans permis de construire.
Le ministère de l’Habitat et le ministère de l’Intérieur, visiblement dépassés par la cadence des constructions illicites, ne disposent pas de statistiques fiables et réelles.
“Impossible de disposer de chiffres exacts quand le travail sur le terrain ne se fait pas sérieusement et régulièrement”, affirme un cadre du ministère de l’Habitat.
Pr Chelghoum Abdelkrim, directeur de recherche, expert en génie parasismique, soutient que plus de 80% des nouvelles constructions après 2003 ont été implantées sur des terrains non constructibles, en plein dans des failles sismiques ou encore sur des terrains liquéfiables.
Photo: Le désordre règne en maître dans le domaine de la construction. © D.R
Madjid T.
Posté Le : 21/05/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D.R ; texte: Madjid T.
Source : liberte-algerie.com du dimanche 21 mai 2017