Pour les anciens de la ville des Coquelicots, la cafétéria «Le Petit Montagnard» constituait un lieu incontournable. hélas, aujourd’hui il est délabré, voire délaissé par ses propriétaires.
Arriver au centre-ville de Bordj Menaïel et voir les rideaux baissés de la cafétéria «Le Petit Montagnard», c’est assister, impuissant, à un pan entier de l’histoire ménaïlie qui disparaît.
Et pour cause, l’établissement, sis au boulevard Amirouche, est l’endroit le plus connu, le plus adulé et le plus fréquenté par les Bordjiens depuis les années 1970.
En effet, que de cadres et d’universitaires d’aujourd’hui ont passé la nuit dans l’arrière-boutique de la cafétéria à réviser leurs cours et à préparer leurs examens en groupe, avec la bénédiction de «Papa» (le regretté Moh Naïli), qui leur offrait, le matin venu, un petit déjeuner complet.
Même l’équipe locale de football de la JS Bordj Ménaïel ne pouvait, à l’époque où elle avait atteint le pic de sa performance, rejoindre le stade avant de passer par ce café, que le défunt leur réservait entièrement.
Ce lieu de rencontres, décoré de toutes les couleurs, est des plus hospitaliers de la région. Aussi, tout le monde se rappelle du célèbre animateur de RTL, Max Meynier, qui y anima en direct son émission fétiche de l’époque "Les routiers sont sympas".
Ou encore du défunt Mahfoud Nahnah et Sid Ahmed Ghozali, alors Premier ministre, qui avaient pris des cafés, sous l’œil de lynx et discret de «Papa», dont l’allure sportive et charismatique enchantait tous les clients.
Le service qui y était assuré n’avait rien à envier à celui dispensé de l’autre côté de la Méditerranée.
Mais tout a disparu après la mort du regretté Moh Naïli, intervenue en décembre 2007, une semaine après le décès de sa femme.
Un décès qui a mis en émoi toute la région. Des centaines de personnes, ceux qui l’ont connu et ont siroté des cafés dans sa 2e maison, l’ont accompagné à sa dernière demeure.
Sa mort a été durement ressentie par les Bordjiens, puisqu’elle a été suivie par la fermeture du célèbre café après une grave mésentente entre les héritiers.
Aux yeux des habitants de la ville des Coquelicots, c’est un pan de la mémoire de la ville qui vient de disparaître à jamais.
Aujourd’hui, «Le Petit Montagnard» offre l’image d’un établissement délaissé par ses propriétaires.
Certains nous diront qu’il sera rouvert incessamment… mais on ne pourra plus revivre l’époque de Papa.
C. Rabah
Posté Le : 07/01/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: C. Rabah
Source : El Watan.com du jeudi 3 janvier 2013