Samedi la maison de l’Environnement de la ville de Boumerdès n’a pas désempli de la matinée. En effet, à l’appel de la Chambre agricole de la wilaya de Boumerdès, une soixantaine de vignerons exposaient des échantillons de leur production annuelle en raisin de table.
Cette année, l’activité n’a pas connu l’impact escompté. Tout d’abord, ce devait être un lieu d’échanges d’information entre acteurs intervenant directement ou indirectement dans la filière. Ce n’était pas le cas.
Cette foire n’a duré en réalité que le temps de son inauguration et de la visite des stands par le wali de Boumerdès Abderrahmane Madani Fouatih.
Par ailleurs, les organisateurs ont donné le titre de «Première fête du raisin». Ce qui est injuste envers les organisateurs des 4 précédentes éditions dont 2 se sont déroulées en 2012 et 2013 à Sidi Daoud, dans la vallée du Sebaou où la culture intensive du raisin de table lancée vigoureusement fin des années 1990, malgré les difficultés sécuritaires, a fini par prendre un véritable essor et arriver en 2017 à récolter une quantité qui tourne autour de 25.000.000 quintaux comptant pas moins de 12 variétés – 1.200.000 quintaux ont été déjà récoltés nous confirme le chef de service production auprès de la DSA de Boumerdès.
Cette production de la wilaya couvre plus de 40% du marché national. Mais le plus aberrant dans cette affaire, c’est l’absence du président de l’association des vignerons de la wilaya de Boumerdès, Youcef Oumelal, que nous avions vainement cherché pour nous donner les dernières informations concernant cette filière qu’il connaît du bout des doigts notamment la perspective à l’export de ce fruit.
«Le président et le secrétaire général de la Chambre agricole se sont très mal conduits envers ma personne et les vignerons que je représente.
J’ai préféré m’abstenir», nous a-t-il dit lorsque nous l’avons joint au téléphone.
De plus, les disfonctionnements des préparatifs de cette fête, poussant des industriels français venus prospecter le marché algérien repartir dans leur pays sans assister à cette foire, lui ont déplu.
Oumelal n’a pas, en outre, résorbé sa colère suscitée en été lorsque des superficies agricoles sont parties en fumée sans, selon lui, que les autorités concernées ne s’en émeuvent. Marginaliser un fellah que d’aucuns considèrent comme l’un des pionniers en matière de culture intensive du raisin de table dans la vallée du Sebaou où des nouvelles variétés à haut rendement ont été introduites est absurde. De plus, c’est un acteur que les fellahs respectent et écoutent.
Fort heureusement, tout n’a pas été raté. Les fellahs qui ont participé à cette manifestation ont mis du cœur pour présenter leurs meilleures productions. Pour eux, désormais, la production du raisin haut de gamme n’est plus un secret. C’est ce que nous avons constaté chez Abderrahmane El Flici, qui fait partie d’une famille de vignerons de l’Est de la wilaya depuis plusieurs générations.
C’est lui qui a réintroduit le Sabelle (ex-Sabéne) dans le centre de la wilaya de Boumerdès. C’est aussi le premier fellah algérien à utiliser sous le contrôle et le suivi des institutions scientifiques, les eaux épurées — depuis 2003 — pour l’irrigation de la vigne et des agrumes.
Et l’exportation du raisin ?
Cette question revient à chacune des foires. Nous avons eu tout le temps la même réponse. C’est possible mais... Il y a 4 ans, le ministre de l’Agriculture de l’époque qui était venu à Boumerdès inaugurer justement la foire du raisin affirmait tout de go devant la presse: «Dans moins d’un mois, nous exporterons du raisin.»
Le ministre est parti, le rêve est resté. Le wali que nous avons interrogé à ce propos, n’a pas fait de promesse mais a appelé toutes les institutions concernées par ce dossier à s’impliquer.
«Nous sommes en période d’initiation de l’exportation pas uniquement du raisin mais également d’autres produits comme les maraîchers. J’espère que toutes les institutions joueront le jeu pour le succès de cette opération et la réussite de notre wilaya.»
Pourtant, les viticulteurs de la région de l’est de la wilaya sont convaincus que la chose est possible pour peu que la douane ne leur crée pas de problèmes car le raisin est un produit périssable, exportable donc quelques heures après sa récolte ou son déstockage des chambres froides.
«De plus, nous maîtrisons maintenant la technique du stockage du raisin sur une longue durée car en pleine saison, nous ne pouvons pas nous attaquer au marché européen. Il nous faut par conséquent mettre sous froid nos récoltes et attendre l’arrière-saison en Europe. Par ailleurs, notre raisin est bien coté en Europe. Les consommateurs du nord considèrent en effet que notre raisin mûrit sous le soleil et subit moins de traitements chimiques», affirme Azzedine Mameria, gérant de l’exploitation familiale dans la vallée du Sebaou.
En résumé, les viticulteurs de Boumerdès maîtrisent les techniques de production, savent par ailleurs ce qu’il faudrait faire pour conquérir une partie du marché européen, ils n’attendent qu’un bon coup de main pour concrétiser le souhait du gouvernement d’exporter algérien pour remplacer les pétrodollars par des dollars verts.
Ce n’est pas une foire organisée dans la précipitation qui va les aider.
Abachi L.
Posté Le : 19/09/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abachi L.
Source : LeSoirdAlgerie.com du lundi 18 septembre 2017