Parmi les stands réservés à l’activité artisanale sur le front de mer de Boumerdès, le visiteur est attiré par un salon, un rocking chair et des chaises en rotin.
Le créateur de ces belles œuvres est l’artisan vanneur Ali Tamazirt (photo), la soixantaine, de la région de Dellys. Ce dernier parle de son métier: «J’ai commencé après l’indépendance comme apprenti chez M. Bouinot, un colon français, et quand il quitta l’Algérie, nous fûmes deux à reprendre ce métier. C’est ainsi que je le pratiquais chez moi, transformant ma maison en atelier de fortune et tentant d’inculquer ce métier aux jeunes générations.»
Dellys s’est fait une bonne réputation dans ces créations artisanales, mais la région de Koléa aussi. Ali se rappelle: «Lors d’une exposition à Alger dans les années 1970, des commerçants de Koléa avaient pris attache avec nous pour rafler tout ce que nous produisions, puis ils ont recruté nos apprentis. Notre travail avait alors régressé. Aujourd’hui, je travaille avec mes enfants et mon collègue peine à maintenir son activité. Je me bats pour léguer ce métier, mais ce n’est pas facile devant la bureaucratie pour avoir un atelier à Dellys ville. Un terrain m’a été attribué par les walis qui se sont succédés, puis, il m’a été retiré.»
Pourtant, les mains expertes de Ali Tamazirt ont charmé tant de clients et ses produits ont été acquis par la présidence de la République à l’époque de Chadli, témoigne-t-il.
«Les promesses des officiels de soutenir le métier ont été nombreuses. Un ministre avait déclaré qu’il fallait produire la matière première, le rotin, au lieu de l’importer, des walis m’avaient demandé de veiller à assurer la relève en me promettant l’octroi d’un terrain pour construire un atelier, mais sans suite», se désole-t-il.
Ali Tamazirt parle de ses déceptions: «L’actuel wali m’a promis récemment un local au Madaure, en plein cœur du chef-lieu de Boumerdès. Puis, après avoir versé 300 millions de centimes et contracté des dettes, quelle ne fut ma surprise lorsqu’on m’indiqua un local au quartier l’Albatros, loin du centre-ville où règne l’insécurité. J’ai écrit une lettre au wali. J’espère qu’il se penchera sur mon cas. C’est mon dernier espoir.»
Ali Tamazirt voit ses rêves brisés et son métier livré à l’incertitude. Il est surtout criblé de dettes pour s’être engagé à perpétuer les créations artisanales.
L. Hachemane
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Posté Le : 27/07/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: L. Hachemane
Source : elwatan.com du jeudi 27 juillet 2017