Les services techniques ont recensé 1.700 infractions aux normes de l’urbanisme et une soixantaine de constructions en attente de démolition.
L’urbanisation dans la daïra de Boumerdès connaît une expansion anachronique au vu des constructions et des villas et autres îlots qui poussent comme des champignons, sans retenue aucune. Au quartier Foes, à Ain Abdellah, vers Figuiers, ou encore Boukerroucha ou Alliliguia, le même spectacle désolant d’habitations collées les unes aux autres, d’étages en concurrence, de bâtisses inopportunes, d’absence de commodités, de structures d’accompagnement, d’allées…
A qui mieux mieux d’occuper le maximum de terrain. Bref, une non-conformité aux normes d’urbanisme criante.
Des citoyens qui ont opté pour une construction après l’achat d’un terrain, pensant ainsi fuir les désagréments de l’immeuble et de la ville, ont été malheureusement piégés par de nouveaux voisins peu respectueux des normes de civisme et d’architecture, insoucieux de la légalité la plus élémentaire. Pourtant, la crainte d’un séisme comme celui de 2003 est toujours vivace.
Les experts ont beau alerter les pouvoirs publics, ces derniers semblent se complaire dans la béatitude des chiffres de construction oubliant les normes.
Le cri du professeur Chelghoum, sismologue, qui a fait le constat amer selon lequel «80% des constructions ne sont pas aux normes parasismiques» n’a inquiété personne. Ni d’ailleurs le rapport de la commission de l’APW, qui, dans une précédente session avait relevé des atteintes graves à l’urbanisme et aux règles de construction. De plus, les chiffres sont là pour démontrer que 1.700 infractions ont été relevées et une soixantaine de constructions toujours en attente de démolition.
En somme, tout le monde est d’accord sur la gravité de la situation, mais sans aller au-delà du simple constat.
Un Plan directeur d’aménagement urbain (PDAU) avait été adopté. Mais l’aménagement à l’intérieur du périmètre urbain obéit à l’arbitraire et à l’opportunisme.
Un responsable a avoué que «des complicités existent à tous les niveaux pour transformer l’illégal en légal…» L’astuce est simple. On achète un terrain chez un privé dépourvu de documents (héritage). On revend à un particulier qui se cache derrière la mention «Bien familial» pour ériger un bâtiment de quatre à cinq étages. En fait, il va vendre le tout sous forme d’appartements. Un promoteur en herbe! L’opération est renouvelée autant de fois que possible, toujours sous le nom d’emprunt d’un propriétaire de terrain. Des complicités à tous les niveaux se chargent par la suite de régulariser la situation.
Avec le temps, les traces se dissipent.
Comment s’étonner alors devant ces pseudo quartiers résidentiels qui deviennent des banlieues ou de grands «haouchs» ou encore ces tours qui pullulent à l’entrée du chef-lieu, obstruant le ciel et faisant peser la menace d’affaissement?
La terre cultivée qui sépare Boumerdès et Corso se réduit peu à peu. Très bientôt, les deux villes ne feront plus qu’une. Cette mue non maîtrisée est en train de mettre les pouvoirs publics devant un fait accompli qui sera très difficile à gérer et générera inévitablement une catastrophe urbanistique.
Hachemane Lakhdar S.
Posté Le : 03/11/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: djazairess.com ; texte: Hachemane Lakhdar S.
Source : elwatan.com du mercredi 2 novembre 2016