Boumerdès - ECONOMIE

BOUMERDÈS - Les travailleurs de Socothyd... menacent de descendre dans la rue



BOUMERDÈS - Les travailleurs de Socothyd... menacent de descendre dans la rue




Craignant pour leurs emplois qu’ils disent menacés par les containers made in China, les 600 travailleurs de la société étatique de production de produits parapharmaceutiques et d’hygiène corporelle, la Socothyd, de Boumerdès, menacent de descendre dans la rue.

La PCH est en voie de finaliser un contrat pluriannuel de 500 millions de dinars par an, payable en devises, pour l’importation, en grande partie de Chine, de produits parapharmaceutiques dont une gamme de ces consommables dans le secteur de la santé est fabriquée localement. C’est ce qui soulève l’ire du personnel de Socothyd et trois opérateurs privés basés à Tlemcen, Aïn-Témouchent et les Issers (Boumerdès).

Le secrétaire général de la section syndicale UGTA et président du comité de participation de la Socothyd, Sebti Adjal, ne mâche pas ses mots.

«S’ils veulent jouer avec le pain de nos enfants, nous sortirons alors dans la rue. S’il faut fermer l’autoroute, nous le ferons. Dans cette affaire qui concerne l’avenir de centaines de familles, nous sommes aux côtés de notre direction. Je rappelle à l’opinion publique que monsieur le président de la République et son Premier ministre insistent à chaque fois sur la protection de la production nationale, c’est le moment de démontrer leur bonne foi en intervenant dans cette affaire. C’est aussi l’occasion pour le premier responsable de l’UGTA de prouver que son engagement en faveur de cette politique est réel. J’insiste sur le danger de la précarité qui guette des centaines de famille.»

Cadres et travailleurs de cette entreprise ne cachent pas leur dépit et leur angoisse. Ils ne comprennent pas pourquoi leur entreprise est subitement écartée d’un marché de fournitures de produits parapharmaceutiques à la PCH au profit d’un fournisseur étranger, chinois notamment.

Ce marché, étalé sur plusieurs années, sera entériné, rappelons-le, à la faveur d’un appel d’offres national et international.

«Depuis des décennies, nous avons travaillé avec la PCH et les hôpitaux algériens et à des moments plus difficiles financièrement pour eux. Nous leur avons toujours fourni des quantités demandées et conformes aux normes internationales puisque notre entreprise possède 4 certifications. Subitement, et au moment où des dossiers sur le comportement des opérateurs chinois font scandale dans notre pays, on nous écarte au profit de ces derniers. J’ai le droit d’être perplexe et choqué», nous confiera un cadre de l’entreprise qui se demande aussi «comment notre entreprise remboursera-t-elle le milliard de dinars que lui a prêté l’Etat pour acheter des équipements et faire d’autres travaux en vue d’augmenter la production si elle ne pouvait plus écouler justement cette dernière et surtout que deviendront les 600 familles».

Malheureusement, dans ce dossier, ce ne sont pas uniquement la Socothyd et ses employés qui risquent d’être mis sur le carreau, trois opérateurs privés, versés également dans cette filière et qui emploient 70 chefs de famille, peuvent eux aussi mettre la clé sous le paillasson.

L’un d’eux fera des insinuations graves. Il nous a montré, en effet, l’accusé de réception du dépôt du dossier technique accompagnant son offre. A l’ouverture des offres, on lui a dit que ce dossier technique n’existait pas. Son offre a été tout simplement rejetée.

Refus d’éclairer l’opinion publique

Le directeur commercial de la PCH de Dar-El-Beïda, que nous avons joint par téléphone pour connaître son avis sur ces conventions projetées sur 3 ans et qui vont être signées avec plusieurs fournisseurs étrangers, nous a recommandé de nous présenter au bureau du directeur général. C’est ce que nous avons fait lundi dernier en début d’après-midi. Sur place, un niet nous a été signifié. En dépit de notre insistance pour obtenir un entretien avec lui, le DG a argumenté l’absence d’une autorisation du ministère de la Santé.

Que fera-t-on de la production des entreprises algériennes ?

Nous avons également pris contact avec Mustapha Achaïbou, le P-dg de la Socothyd qui est la partie la plus lésée dans ce dossier et qui risque gros à cause de cette importation massive. En commis de l’Etat, notre interlocuteur, prudent dans ses déclarations, n’en reste pas moins les bras croisés. Il compte introduire un recours auprès des autorités. Il peut aussi faire valoir l’article 1er de l’arrêté ministériel du 8 mai 2011 interdisant l’importation des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine fabriqués en Algérie.

De plus, le ministère de la Santé et de la Population a instruit par un autre arrêté du 1er février 2012, la PCH de passer des contrats de gré à gré avec les entreprises publiques pour commercialiser leurs produits.

A ce propos, M. Achaïbou dira: «Je vous informe qu’à la suite de ces directives ministérielles, la PCH nous a saisi par courrier daté du 26 mai 2013, nous réitérant sa disponibilité à commercialiser nos produits.»

Questionné sur la capacité de son entreprise à prendre en charge les demandes du marché national, il a affirmé que la Socothyd a toujours répondu pour prendre en charge 100% de la demande nationale en pansements et bandes plâtrées, rappelant, en outre, que la production de son entreprise est conforme aux normes requises puisqu’elle a acquis 4 certifications.

Dès lors, que deviendra cette production?

Seul le ministre de la Santé a une réponse.

Un choix économique improbable

Il est vrai que les opérateurs nationaux ne pourront pas répondre pour tous les articles contenus dans l’appel d’offres lancé par la PCH. Il y a lieu, néanmoins, d’apprécier cette opération d’approvisionner le secteur de la santé dans sa dimension économique pour le pays.

Pour les articles produits en Algérie, même si la PCH, qui fonctionne avec les financements de l’Etat, les achète plus cher, ce sont les entreprises algériennes et l’économie nationale qui sont gagnantes. Effectivement, si cette centrale du médicament opte pour la préférence nationale comme la loi l’y autorise, elle économisera au pays des devises. Elle aidera les entreprises locales dans leur course contre la concurrence déloyale de certains fournisseurs asiatiques et participera à juguler un tant soit peu l’hémorragie des importations.


Abachi L.



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