Boumerdès - TOURISME

Boumerdès, La saison estivale. Rocher Noir séduit malgré lui



Cinq millions d’estivants ont été recensés sur les plages de Boumerdès durant les deux premiers mois de la saison estivale, tandis que l’on s’attendait à quelque 7 millions comme c’était le cas l’année dernière. Loin d’être une désertion des lieux, cette défection est motivée par plusieurs facteurs, les conditions météorologiques en tête comme l’explique la Protection civile. Au lieu des 10,5 millions de l’an dernier, l’on s’attend cette fois à quelque 7 ou 8 millions de vacanciers au bord de la mer de ce département pour les trois mois d’été.

Le littoral de Boumerdès a dû compter, cette année, sur la fidélité de ses habitués et la force de séduction de ses belles plages pour faire contre mauvaise fortune bonne figure. En effet, plusieurs facteurs ont fait que l’affluence soit considérablement diminuée cette année par rapport à l’année passée. On s’attendait à un sursaut pendant ce mois d’août pour combler le « déficit » de juin et juillet, mais dame nature en a voulu autrement. « Durant la première quinzaine de ce mois, il n’y a pas eu cinq jours de baignade autorisée avec drapeau vert », témoigne un agent de la protection civile. Dans pareilles conditions, les estivants sont déçus et vont chercher la détente ailleurs. « La mer a, la plupart du temps, été agitée, démontée même, ne permettant ainsi aucune possibilité de baignade. A cela s’ajoute le fait que l’eau soit restée froide, mis à part durant une dizaine de jours de juillet », ajoute notre interlocuteur. D’autres avancent la raison sécuritaire pour justifier cette diminution dans la fréquentation des plages de la wilaya. Chose que conteste un officier de la gendarmerie : « il n’y a pas eu plus d’insécurité cette année que les années précédentes dans les plages de Boumerdès. Il y a eu certes deux attentats à la bombe en ville à la fin du printemps, mais cela a été un argument supplémentaire pour renforcer la sécurité. Tous les corps ont ainsi redoublé d’efforts, renforcé les effectifs mobilisés à la surveillance des plages et mis les moyens nécessaires pour veiller sur le bon déroulement de la saison ». En ce dimanche de la mi-août, nous constatons, en effet, que la mer roule ses grandes vagues écumantes qui viennent s’écraser sous le nez des estivants qui tiennent tout de même à leur séjour estival au bord de la mer. Le ciel se charge de flocons successifs de nuages qui, par moment, viennent cacher le soleil pour permettre à de nombreux vacanciers de se débarrasser de leurs parasols. « je viens ici en compagnie de ma famille même si nous ne pouvons pas nous baigner ; il fait tout de même chaud loin de la mer », nous dit un émigré venu de France pour passer ses vacances en Algérie. Cela dit, la tendance oscille entre une fréquentation assez élevée et une diminution importante des estivants dans les plages, en fonction des conditions météorologiques surtout, explique un surveillant saisonnier de la baignade. « Pendant les quelques dix journées caniculaires du mois de juillet, la plage était bondée de monde ; on ne trouvait pas facilement un coin où s’installer. Mais avec la détérioration enregistrée ces derniers jours, où l’on a enregistré même des petits orages, les citoyens ont préféré rester chez eux », ajoute notre interlocuteur. Des déclarations que confirme un loueur de parasols qui soutient que « nos rentrées journalières fluctuent en fonction du climat ». « Lorsque la mer est calme, il ne nous reste pratiquement pas d’articles non loués », dit-il. Cette année, les autorités locales ont pourtant fourni des efforts supplémentaires pour réussir la saison estivale. Des subventions ont été dégagées au profit de toutes les communes côtières de la wilaya pour mener des campagnes de nettoyage et de réhabilitation des plages. Et l’on constate que certaines plages, à l’image de celles de Boumerdès et de Zemmouri, ont subi un « lifting ». Sans être totalement suffisantes, ces mesures ont contribué à soigner l’image de ces lieux très prisés par les estivants et qui ont longtemps été abandonnés. Dans de nombreuses plages, des campagnes de volontariat initiées spontanément par des estivants ont, elles aussi, aidé à rendre les lieux plus attrayants. A la direction du tourisme de la wilaya, on nous avait déclaré au début de la saison que l’on va « vers une véritable politique touristique locale qui mettra en valeur tous les atouts que recèle la région ». Une politique qui s’appuie sur les espoirs suspendus à la réalisation d’une dizaine de zones d’expansion touristique. « Mais il faut valoriser au plus vite les potentialités existantes en protégeant les sites touristiques notamment », suggère un citoyen de la région. Considérant que « cette saison n’est pas aussi catastrophique qu’on le prétend », un responsable local souligne être « sûr que partout où l’on a enregistré les mêmes conditions climatiques, il va y avoir forcément des incidences sur l’affluence dans les plages ». Cela pour battre en brèche la thèse selon laquelle c’est les attentats terroristes qui ont dissuadé les estivants de se rendre à Boumerdès. Notre interlocuteur rejoint l’avis du capitaine Maknine de la Protection civile qui ajoute à ce facteur « la coupe du monde de football qui, durant tout le mois de juin, a retenu les citoyens chez eux, face à leur écran de télévision et les examens de fin d’année ». Cependant, cela n’a pas empêché Rocher noir de continuer à jouer sa mélodie de « la joie de vivre ». Les trouble-fêtes ont beau essayé d’étouffer cette voix, celle-ci s’exprime malgré tout et fuse dans l’espace pour s’étendre sur tout le littoral du département. A Corso, où une soixantaine de barbus ont effectué début juillet une descente pour intimider les vacanciers à qui ils ont voulu interdire la musique, la danse et la mixité, les estivants écoulent des moments de joie indescriptibles sous le charme de la grande bleue et d’une plage qui, bien que pas bien entretenue, fait valoir ses caractéristiques naturelles lesquelles, vers la fin des années 1970, ont fait d’elle la deuxième plage du pays dans un concours national. Sur les plages de Boumerdès qui se mettent à jouer en chœur avec le front de mer les airs les plus attirants, les vacanciers ne se soucient que de leur bonheur et de celui de leurs enfants. « Je ne suis pas régulièrement ce qui se passe dans le pays, mais il ne m’est jamais venu à l’esprit de ne pas me rendre à la plage parce qu’il y plane la menace. Je suis habitué à ces lieux en cette période et, pour rien au monde, je n’échangerai ces quelques moments de farniente », nous dit un habitant de Boumerdès. A Figuier, Seghirate, Cap Djinet et les Salines à l’est de la wilaya, la majorité des citoyens n’a pas changé d’habitudes et Boumerdès continue d’accueillir ses hôtes qui viennent de partout. Les responsables locaux ont tout intérêt à maintenir ce dynamisme qui autorise une petite dose d’espoir. Et de faire mieux. Car 7000 lits dans 10 hôtels et 9 campings sans aucune auberge de jeunes et sans possibilité pour le simple citoyen d’autres régions du pays de passer un séjour dans la wilaya, c’est très en deçà de la moyenne. Sans des événements culturels majeurs, durant l’été au moins, sans aucune curiosité, Boumerdès ne peut prétendre à promouvoir le tourisme.




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