BOUMERDÈS Djerrah et son livre d’histoire sur la guerre de libération sortiront-ils de l’oubli ?

Publié le 22.09.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

ABACHI L.

«Pressez cette terre avec vos mains il en coulera du sang de nos chouhada.» La proclamation est de Rabah Zerrari, plus connu sous le nom de Commandant Azzedine. Il sait de quoi il parle, l’ancien commandant et chef de guerre qui a lutté au sein des katibate de l’ALN dans la région de Ammal. Il a fait cette proclamation sur les hauteurs de Ammal, dans le sud-est de la wilaya de Boumerdès plus exactement, sur le massif rocailleux de Djerrah, l’un des fiefs de la Wilaya IV historique et qui a subi pendant la guerre de Libération nationale une terrible répression. Les chouhada de cette région se comptent par centaines. Tous les chefs de la Wilaya IV historique sont passés par Djerrah. La fameuse embuscade menée par Ali Khodja et son commando qui ont décimé, le 18 mai 1956 (Le Soir d’Algérie du 4 juillet 2009), tout un peloton de soldats de l’armée française s’est déroulé à Djerrah. Bilan de cette opération : 21 soldats tués et 4 faits prisonniers en plus de l’armement récupéré.
Dans ces montagnes, les évènements de la guerre de libération se chevauchaient à telle enseigne qu’on risque de tomber dans la confusion lorsque l’on s’aventure à faire le bilan de cette région. Hélas, au fil des années, Djerrah et ses hauts faits d’armes tombaient dans l’oubli.
En fin de semaine, on a enfin organisé une activité en lien avec la guerre de libération. On a, en effet, célébré l’anniversaire de ‘la bataille de Djerrah’ qui a eu lieu le 18 septembre 1956. Selon les autorités, 70 chahids et leur chef, Bougueri Boualem, sont tombés au champ d’honneur face à une immense armada des soldats du colonisateur. Les festivités, présidées par la wali de Boumerdès, Fouzia Naama, ont été organisées par la Direction des moudjahidine et la commune d’Ammal se sont déroulées à quelques centaines de mètres du lieu où avait eu lieu l’embuscade du commando Ali Khodja. Le premier geste accompli par les autorités et le peu de citoyens de Djerrah qui persistent à rester dans leur village qui manque de tout se sont recueillis devant une tombe collective où sont enterrés une trentaine de chahids. En dépit du poids des années, certains anciens moudjahidine, comme le Commandant Azzedine, ou des témoins des évènements, sont montés à Djerrah, pour se recueillir à la mémoire de leurs accompagnants.
La famille du chahid Bouguerri, le Commandant Azzedine et d’autres personnes ont été honorés à cette occasion. Certains sont intervenus pour rappeler les actions héroïques des troupes de l’ALN et les tueries collectives exécutées contre les civils par l’armée française.
Mais leurs témoignages devraient être recueillis par des spécialistes qui les aideraient, dans un cadre adéquat, à retrouver leur mémoire.
Abachi L.