Depuis plus d’une semaine, à Naciria (Boumerdès), on ne parle que du projet de carrière de tuf prévu dans les majestueuses montagnes de Sidi Ali Bounab, sur les hauteurs de la ville.
L’annonce par l’APC de l’ouverture d’une enquête publique concernant l’exploitation d’un gisement de feldspath par l’entreprise Sarl Shining Bounab (basée dans la même localité) n’a laissé personne indifférent, à commencer par les comités de village et les associations écologiques, prévoyant des actions à l’avenir si le projet est maintenu.
Le registre ouvert pour savoir ce que pensent les citoyens et les parties concernées par ce projet est déjà remplis d’avis défavorables, indique Boualem Khelladi, vice-P/APC.
Dans un communiqué rendu public, le comité de village d’Aït Slimane rappelle que «la région de Sidi Ali Bounab se distingue par sa haute valeur environnementale et historique, car elle abrite une riche diversité biologique et un écosystème unique».
«L'établissement d'une carrière va entraîner la destruction systématique du site et la détérioration de son environnement, ce qui affectera négativement la faune et la flore, en plus des dommages qui pourraient être occasionnés pour les habitants des villages alentours et leurs moyens de subsistance, constitués principalement de l'agriculture et de l'élevage», prévient-il, invitant «les autorités à rechercher des alternatives conformes aux Objectifs du développement durable».
Même avis de l’association Tafsuth et les comités des villages Iwaryachen et Iaâzven, qui alertent sur l’impact de la carrière sur le couvert végétal, les sources souterraines et ses effets sur l’état des routes.
Interrogé, le P/APC, Karim Yassa, affirme avoir «émis à deux reprises des avis défavorables au projet en question, mais les procédures d’octroi d’autorisation auraient changé récemment, ce qui nous a obligés de délivrer un avis favorable sous réserves».
M. Khelladi, un de ses adjoints, précise que le terrain (7 ha) où se trouve le gisement relève du domaine forestier alors que l’exploitant estime dans son étude qu’il s’agit de sa propriété.
Dans son article 7, la loi 84-12 du 24 juin 1984 portant régime général des forêts stipule que «l’affectation d’une partie du patrimoine forestier à un régime juridique autre que forestier est fixé par décret».
«Le concerné prétend qu’il dispose d’une unité de fabrication de céramique à Naciria, ce qui n’est pas le cas. L’extraction du feldspath se fera sur une profondeur de 70 m, ce qui risque de provoquer l’érosion du sol et la disparition des sources naturelles, combien nombreuses dans la région», a-t-il averti.
Pour les défenseurs de l’environnement, une carrière à Sidi Ali Bounab sera «un désastre à tous points de vue».
«Sidi Ali Bounab ne doit pas subir le sort de Bouzegza. Les autorités doivent penser plutôt à y créer des forêts récréatives, aménager des circuits touristiques ou réaliser des structures hôtelières», martèle un jeune de l’association Tafsuth.
Un autre conclut que «ce que la nature nous donne, aucun projet industriel ne pourra le remplacer».
Photo d'illustration ajoutée par Akar Qacentina: Le massif de Sidi Ali Bounab, fortement boisé, situé à cheval entre les wilayas de Boumerdes et de Tizi-Ouzou, culmine à 800 mètres d’altitude sur une série de collines verdoyantes.
Ramdane Kebbabi
Posté Le : 22/10/2024
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ramdane Kebbabi
Source : elwatn-dz.com du dimanche 20 Octobre 2024