Bouira - Revue de Presse

Saïd Sitti, poète et animateur culturel, à L’Expression «La culture, j’y suis et j’y entends rester»


Saïd Sitti, poète et animateur culturel, à L’Expression «La culture, j’y suis et j’y entends rester»
Publié le 28.11.2023 dans le Quotidien l’Expression

Salué par ses pairs comme un authentique poète, bien que n'ayant encore rien publié jusqu'ici, Saïd Sitti a dirigé longtemps un café littéraire à la Maison de la culture et joué un rôle d'animateur de premier plan dans la wilaya. De ce double titre, il n'en a conservé qu'un seul,: celui de poète. Nous l'avons rencontré, jeudi à la Maison de la culture. Il venait pour les obsèques du chanteur Nassim Aït Kara,dit Sissi, mort à la suite d'une longue maladie.

L'Expression: Vous êtes un poète, certes, mais vous n'êtes plus un animateur, depuis que vous avez laissé tomber votre café littéraire. Comment expliquez-vous votre présence en ce lieu, ce jeudi matin par un temps pareil?

Saïd Sitti (souriant): La pluie ne m'effraie pas. Je suis jeune et cela fait si longtemps qu'il n'a pas plu. Pourtant, ma visite, ce matin, à la Maison de la culture n'a rien à voir avec la culture. Le monde de la chanson est en deuil. Il vient de perdre un de ses enfants les plus prestigieux en la personne de Nassim Aît Kassi. Il s'est éteint hier après une longue maladie. Comme la pluie a redoublé de violence, je me suis réfugié ici. Dès qu'elle cessera, je reprendrai mon chemin. Je suis venu pour l'enterrement de ce grand artiste.
Ainsi, le café littéraire, c'est fini...Plus de rencontres avec les poètes, plus de soirées poétiques, plus de conférences...Une croix définitive là-dessus, quoi!
Vous savez, il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai jamais de ton eau. La culture, j'y suis et j'y entends rester. J'ai trois grands manuscrits dans mes tiroirs. J'attends le moment favorable pour les donner à un éditeur. Je ne suis pas pressé, de ce côté. L'urgent pour moi, c'est de trouver un emploi. J'ai donné dix ans de ma vie au café littéraire. Dix ans à me contenter d'un contrat renouvelable chaque année...Qui pourrait accepter de gaieté de coeur une telle situation? Mais, si demain je décroche un job, et si quelqu'un d'autre (ce quelqu'un d'autre pourrait être moi-même) veut reprendre ce flambeau, alors, oui, j'y retournerai avec plaisir.

Quels souvenirs gardez-vous de votre expérience au sein de ce cercle?
Celui de beaucoup d'hommes et de femmes qui m'ont marqué par leur talent et leur culture. Leur concours m'a été précieux pour l'animation de mes soirées, lesquelles, il faut convenir, sans eux, auraient été bien ternes. Là je découvrais des personnes simples, chaleureuses et avec qui je partageais le même idéal et la même passion pour l'art et l'écriture. Je citerai volontiers Omar Boudjerda, Mohamed Briki, Ali Kharoubi qui fut un ami et un collaborateur et d'autres encore.

En tant qu'animateur, quelles ont été les personnes que vous avez reçues dans le cadre culturel et qui vous ont impressionnée par leur personnalité?
Incontestablement Amine Zaoui et Rabiaâ Djeltti. Leur passage à Bouira n'est pas passé inaperçu. C'était en 2015 ou 2016. Amine avait écrit Soumission plus de dix ans avant Houellebecq qui intitulait le sien La soumission. Rabiaâ rentrait du Liban et ses derniers vers éveillaient en ce mois de septembre de profonds échos dans la salle de conférence archipleine. Mais il y a d'autres poètes comme Rïbah Latrèche, Lakhal Fellous, Ghanaïa Saïd Athmane, venus pour des ventes dédicaces à l'occasion de la parution de leurs derniers livres. Il y a enfin ceux qui cherchaient leur voie et dont les dons étaient réels. Ceux-là étaient si nombreux que je ne peux en citer tous les noms.

Mais en tant que poète, qu'avez-vous écrit? Et que chantez-vous?
Beaucoup de poèmes. Beaucoup de choses. En arabe et en tamazight. Tenez, la vie, ses problèmes, la patrie, la Révolution, ses héros. Notre histoire est une source d'inspiration sans fin. C'est dans cette encre que j'ai trempé ma plume et composé mes trois recueils. Le premier a pour titre Les larmes de deuil, le second, C'est comme ça que meurent les oiseaux et le troisième, Essayons. Avec certains de mes poèmes, j'ai pu participer à des émissions télévisées, comme à l'Entv, Ennahar, Echourouk etc...

Si dans votre situation vous aviez un message à transmettre en quelle direction le lanceriez-vous et que diriez-vous, donc?
Au président de la République, naturellement. Et deux messages plutôt qu'un. Dans le premier, je veux exprimer ma reconnaissance et mes remerciements pour sa décision de créer un statut de l'artiste. Le second est une prière pour qu'il m'aide en tant que poète et animateur à trouver un emploi quel qu'il soit.

Ali DOUIDI

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