Bouira - 01- Généralités

Histoire : Ath Mansour, ces hors la loi de tout les temps



Histoire : Ath Mansour, ces hors la loi de tout les temps

Ils étaient connus pour leur bravoure guerrière et surtout, en pleine bataille, pour leur courage frôlant l’aventure.

Jugurtha Jugurtha août 28, 2017 0 2 167 Il y a 6 minutes
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Ils étaient connus pour leur bravoure guerrière et surtout, en pleine bataille, pour leur courage frôlant l’aventure.

Tahar OUSSEDDIK

La commune d’Ath Mansour

C’est une commune dépendant de la Wilaya de Bouira, distante d’Alger de quelques 150 Km, d’une superficie de 6975 hectares dont 2196 arables. Elle partage ses frontières nord, indiquées par l’oued Sahel, avec les communes de M’chedallah et de Chorfa. L’oued Oumarigh marque, par contre, ses frontières Est avec la commune de Boudjelil, territorialement annexée à la Wilaya de Bejaia. Par le sud, la commune est séparée d’Ouled Sidi Brahim, commune de Bordj Bou Arreridj, par Oued el Kerma. Enfin, sur la rive Ouest, l’Oued Sidi Aissa (Thassifth n’sidhi Aissa) constitue la frontière naturelle avec la commune d’Ahnif.

Autrefois, les patrimoines du Aarch d’Ath Mansour poussaient jusqu’au versant sud du Djurdjura, mais, en 1871, les autorités coloniales lui confisquèrent ses meilleures terres allant de l’oued Essahel jusqu’à la montagne, au Nord.



Après l’indépendance, ces mêmes terres furent nationalisées par les autorités algériennes dans le cadre de la révolution agraire. Les seules terres qui lui restaient ne sauraient dépasser la fine bande longeant l’oued Sahel d’Est en Ouest, représentée par les vergers appelés Thivhirine, Aharrach et Thaghzouth.



Dans la partie Sud de l’Oued, le caractère montagneux est dominant à hauteur des 2/3 de sa superficie marquée par le rallongement du relief des Bibans.



A compter de 1853, La région d’Ath Mansour était érigée en centre militaire au nom de Béni Mansour jusqu’en 1881, où le siège militaire fut transféré à Souk Ntlatha (Ighil Goumlil) à M’Chedallah qui devint alors la Commune mixte de Beni Mansour, avant de porter le nom de « Commune de Maillot en 1925 ».



En 1957, la Commune est enfin de retour aux siens sous le nom de Taourirt. Mais, en 1964 son statut de commune fut sacrifié par la politique d’antan1 ramenant le nombre des communes algériennes de 1578 à 676. Elle fut alors de nouveau annexée à la commune de M’Chedallah.



En vertu de la loi 09/84 datée de février 1984, l’Aarch recouvre son statut de Commune sous l’appellation de Taourirt avant d’être définitivement consacré en 1992 sous son nom actuel, en l’occurrence Ath Mansour.



La région d’Ath Mansour pendant le règne romain.



Les anciens historiens racontent dans leurs écrits que la région de l’oued Essahel (Assif Aebbas) était pendant la période romaine un passage incontournable des caravanes de céréales (blé et orge) arrivant du bassin de Bouira, Sour El Ghozlane et Ain Bessam.



L’écrivain Heinrich Malt sine l’a décrite comme la croisée des chemins entre (Saldae) Bejaia et (Auzia) Sour El Ghozlane et qu’elle fut choisie pour la construction de chambres sous terraines pour stocker les céréales acheminées d’Auzia, en attendant de les transporter vers le port de Bejaia.





Certains pensent que l’ancienne appellation de la région n’était autre qu’Ifrene 2. Un récent évènement datant de la fin de l’année 2002 corrobore avec cette hypothèse car les habitants ont fait la découverte de chambres sous terraines à Aarqouv 3 à proximité de Thaghzouth sur la rive nord de l’Oued Sahel.



En réalité, la région d’Ath Mansour était l’une des plus grandes forêts de pins, s’étalant d’Ahl El Qasr jusqu’à la forêt Bouni à l’Est, et des forêts de Béni Waqaq au sud jusqu’à Loued Sahel au nord.

Les familles y installées ont dû mettre en valeur des terres et greffer des oliviers sauvages (Azebbouj) que les romains ont planté depuis longtemps, pour assurer les conditions minimales de vie dans la région.



La région d’Ath Mansour et l’arrivée de l’Islam

Les historiens nous renseignent que l’islamisation de la région d’Ath Mansour s’est faite durant le règne de Moussa Bnou Nassir 4 entre les années 705 et 709. Depuis ce temps, les riverains d’Ath Mansour ont adopté l’Islam sans que la langue autochtone, à savoir la langue Amazighe, n’en soit affectée.



Ath Mansour sous le règne des Hammadites 5

Il est écrit dans le livre « Nouzhat el mouchtaq » d’El Idrissi au douzième siècle, en l’an 1100, dans son chapitre consacrée à la voie menant de Bejaia vers la citadelle (El Qalaa) : « … et de la muraille de Bikr jusqu’à Ourafou qui s’appelle aussi Ouafou jusqu’au palais. … de Beni Trakech à Taouert qui est un grand village peuplé à côté d’un oued salé, l’eau potable est puisée dans des sources creusées sur le lit d’un oued asséché situé du côté Est.



Et de Taouert jusqu’à la porte ; ce sont des montagnes, empruntées par l’oued salé et offrant, par endroit, un étranglement du passage et un horrible relief – c’est la limite des conquêtes arabes et leurs nuisances – et de là, aux Saqaif qui est une barrière naturelle, et puis au rempart Nadhor au marché Lakhmis et c’est là la demeure. Et toute cette terre fut piétinée par les arabes qui y ont malmené les populations 6 ».

A notre avis, les noms cités par El Idrissi veulent respectivement dire :



Taouert : Thaourirth Nath Abbas 7

Un oued asséché situé du côté est : Oued Thigrine

La porte : Les Bibans

Saqaif : Thisseqifine

L’Oued salé : Assif Oumarigh

Beni Trakech : Ath Mlikech

Ce sont des appellations actuellement courantes des endroits cités par El Idrissi. Nous en déduisons donc que les quartiers de Thaourirth, Thighilt, Ath Zeggane et Ath Vouaali tels qu’ils se présentent aujourd’hui n’ont pas d’existence à cette époque. Par contre, il est fort probable que Saqaif, appelée présentement Thisseqifine soit agglomérée et serait certainement le grand village Islene dont il ne reste que peu de vestiges.



Mouvements des familles

La première maison fut construite à l’endroit appelé aujourd’hui Bni Mansour en l’an 1100 pendant le règne des Hammadites. Le détail des mouvements des premières familles fondant Bni Mansour est représenté comme suit :



L’une des premières familles Moraves (Imravdhene) ayant élu domicile dans la région a pris pour demeure Chorfa. Mais une personne de cette famille en a fait autrement et a choisi de s’installer à l’endroit où est érigé le village d’Ath Vouaali actuellement.

Il portait le nom d’Ottoche 8 et ce parce qu’il avait de grands yeux.



Installation de la famille Saidh Ouahmed

En l’an 1007, fut construite la citadelle des Bni Hemmad à Thaqarvousth sur les montagnes des Maadhides dépendant actuellement de la Wilaya de M’Sila. Cela s’était fait sous la houlette de Hemmad 9 Ben Bouloughine 10 Ben Ziri Ben Menad Essenhadji qui décida que la région soit Capitale du nouvel Etat des Hammadites.

Des familles entières furent déplacées de la ville d’Achir (capitale des Beni Ziri à côté du village d’Ain Boussif à 150 Km au sud d’Alger), de Djeraoua, et enfin de la ville Hamza 11, aux alentours de Bouira pour peupler la Capitale du Nouvel Etat.



Le nom de Hamza fait référence au Saint (Louali Essaleh) Hamza Ben Idris qui est l’un des grands notables de l’extrême Maghreb.

Ibn Khaldoun écrivit dans son livre Histoire des Berbères : « … et lorsque Hemmad décida de bâtir la ville d’El Qalaa en montagne de Katama durant l’année 398 de l’Hégire, exactement sur le mont Adjissa où résidaient des tribus Hilaliennes de Beni Ayadh, il y déplaça des populations entières de M’sila et de Hamza qu’il laissa en ruine.



Il y installa également les Djeraoua ramenés du Maghreb. L’achèvement de l’édification de la Capitale intervint en l’an 400 ».

Lors de l’opération de déplacement des populations de la ville de Hamza par la force de l’armée Hemmadite, certaines familles 12, préférant la liberté à la soumission, se sont enfuies.

Qui sont ces familles?







1 Un nouveau découpage administratif minimisant le nombre de communes dans le but de réduire le nombre de fonctionnaires et ainsi les charges y afférentes.

2 Il existe une ville tunisienne au nom d’Ifrene où l’olivier Achemlal est abondant, il y a aussi des réservoirs sous terrains de céréales. Un autre village marocain porte aussi ce nom. Il est défini dans son site internet comme ceci : Ifrene pluriel d’Ifri, mot amazigh désignant les grottes.

3 Le lieu est une propriété de la famille Kaci (Ath Lhadj).r

4 Ibn Hani el Merrakchi, Bayan El Maqreb fi Akhbar el Andalous wa elmaghreb Tomme 1, page 143.

5 Il est clair que l’influence des Hammadites est très grande dans la région car les appellations de certains lieux le montrent sans équivoque : Ath Mansour par rapport à Mansour ben Nacer ben Hamed ben Bouloughine. On trouve aussi des villages sous les noms d’Ath Hemmadh et Ighil Hemmadh, et l’appellation de Belbar relativement à Belbar ben…. Ben Hemmad, cousin d’El Mansour.

6 Hadj sadok Al Idrissi, le Maghreb au 12éme siècle de l’hégire. OPU Alger 1983.

7 Thaourirth Nath Abbas : Village distant d’Assif Oumarigh d’un Km et on croit savoir que ses habitants l’ont quittée pour édifier les trois villages de Thigrine que sont Hemda, Thaourirth et Ath Ouahvane. L’ancien village n’est aujourd’hui que ruines.

8 De lui est constituée la famille Touchi.

9 L’Emir Badis a chargé son neveu Hemmad des affaires de l’est Alger et lui a cédé la ville d’Achir et ses environs. Hemmad, nourri par le désir d’autonomie, créa son propre Etat indépendant de celui de Badis.

10 Et le plus juste est Belkine et non Bouloughine.

11 Sous les pouvoirs à l’époque de Kebbab Ben Alnas Ben Hemmad.

12 Ces familles habitaient la région depuis l’antiquité et c’est là que Takfarinas naquit et c’est là aussi qu’il mourut en l’an 25 Après Jésus.




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