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Hacène Fadel, peintre et poète, à L’Expression «Mon secret c’est la persévérance et la volonté»



Hacène Fadel, peintre et poète, à L’Expression «Mon secret c’est la persévérance et la volonté»
Publié le 05.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

Autant la Maison de la culture par son rayonnement ressemble à une ruche au printemps, autant les artistes qui la hantent font penser aux abeilles. Ils rapportent, pour tout le temps qu’ils restent loin d’elle, les fruits de leur court ou long butinage. Le moins assidu, mais non le moins productif sur ce plan est assurément Hacène Fadel. Professeur, poète et peintre, il est de toutes les manifestations et de toutes les activités auxquelles l’établissement culturel sert de cadre et auxquelles il participe par ses douze ateliers. Il prenait part mercredi dernier à la quinzaine littéraire organisée par le cercle des poètes, aux côtés de tant d’autres. Il avait lu un poème sur Ghaza. Ses poèmes et ses tableaux ont charmé les familiers de cette structure culturelle. Le poète et l’artiste y sont continuellement présents par son œuvre. Nous lui avons demandé un entretien sur sa personne et sa production en tant qu’artiste peintre, mais aussi en tant que poète.
L'Expression: Vous êtes connu pour être poète et artiste peintre. Non seulement à Bouira, mais dans d'autres wilayas comme Sétif, Jijel, Tizi Ouzou, Alger, M'Sila, Tiaret etc. Et peut-être d'autres encore grâce à la presse. Comment expliquez-vous ces deux passions qui cohabitent en vous, alors qu'une seule aurait suffi à remplir toute votre vie?

Hacène Fadel: D'abord, permettez-moi de faire deux remarques. La première est que de ces deux passions qui m'ont possédé un temps ne sont pas contradictoires. La poésie et la peinture, comme dans tout oeuvre d'art, du reste, ont toutes deux pour finalité la recherche de l'harmonie qui n'est autre chose que le beau. La poésie croit l'atteindre avec les mots, la peinture avec les couleurs. La deuxième chose est que le siège de la sensibilité est en chacun de nous. C'est avec le coeur qu'on fait toute chose. On écrit, on peint, on joue avec le coeur. Le reste est affaire de moyens. De grands auteurs écrivaient dessinaient et peignaient. Sans prétention aucune d'appartenir à aucun de ses auteurs, j'ai peint et écrit des poèmes. Mais ma seule, ma vraie vocation a toujours été d'être un artiste peintre. Et tout mon parcours, où, depuis mon enfance à Mattoussa, le dit.

Mattoussa,c'est dans quelle wilaya?
C'est un village Kabyle, dans la wilaya de Bourmerdès. Il porte aussi le nom de Chabet El Ameur. Au lendemain de l'indépendance, mon père avait été affecté comme enseignant. Toute la famille l'avait suivi. C'est un lieu préservé de toute atteinte, un lieu où la nature était restée vierge. C'est là, au milieu des paysages les plus beaux, les plus neufs que s'est formée cette sensibilité. Les fleurs,les chants d'oiseaux et des sources ont accompagné mes premiers pas dans cette odyssée artistique. Dès que j'ai su tenir un crayon, j'ai senti le besoin de restituer ce que je voyais autour de moi. De façon malhabile, il est vrai, mais peu à peu, avec la persévérance et la volonté, ma vocation s'est affirmée.

On peut donc dire que vous êtes votre propre maître. La nature n'a fait que révéler ce qui était en vous à l'état latent.
Je revendique totalement ma qualité d'autodidacte. Mais comme tout le monde, j'ai appris à dessiner à l'école. Plus tard au CEM, sans abandonner le dessin, je découvrais la gouache. Au lycée Si El Haouès de Lakhdaria, lors de cet interlycées qui a rassemblé en 1977 les élèves de cet établissement et ceux de Kouba, l'événement a permis d'exposer mes dix premiers tableaux. C'est par la transmission de ce programme scolaire par l'Entv que j'ai été révélé au public. Mon bac de dessin en poche en 1979, je franchissais une nouvelle étape: je troquais la gouache pour l'huile. Je ne devais plus changer, mon art oscillant entre le semi-abstrait et l'impressionnisme.

Avec votre bac, aux Beaux-Arts, on se serait fait une joie de vous accueillir.
C'est ce que je pensais. Aussi ma première démarche avait-elle été pour cet institut. Mais il y avait le problème de l'éloignement. À cette époque, l'obstacle était insurmontable. J'ai finalement opté pour L'université de Tizi Ouzou.

...Où avez-vous appris à taquiner la muse. Pas plus tard que mercredi dernier, au cercle des poètes qui se tient périodiquement à la Maison de la culture, et dont vous êtes toujours membre, vous vous faisiez chaleureusement applaudir pour votre poème sur Ghaza.
C'est exact, je conserve ma place dans ce cercle où je n'ai que des amis. Il est tout aussi vrai que ce mercredi j'ai lu un poème sur Ghaza. Mais combien savaient parmi ce cercle que ce poème datait de 2017? En revanche, je n'ai jamais arrêté de peindre...C'est la preuve que c'est mon unique et vraie passion.

Vous dites plus haut que votre évolution en peinture s'est fixée autour du semi- abstrait et de l'impressionnisme. Pourquoi un tel choix?
Tout choix comporte une part de liberté. J'avais la possibilité de devenir un peintre de l'art figuratif. La nature au milieu de laquelle je vivais dans mon enfance, puis dans mon adolescence, ne m'y invitait que trop. Je n'avais qu'à me laisser tenter... Mais où mon imagination aurait trouvé à se réfugier? Où le talent aurait trouvé à s'exprimer? Avec les photo-Shop, c'est à peine moins original. Or, le semi-abstrait et l'impressionnisme vous offrent mille issues pour échapper au piège où vous enferme ce courant sans perspective en matière de création. Regardez, cette jeune bergère qui rentre le soir de la cueillette des olives, portant sur sa tête une brassée d'herbe, avec son chien et son troupeau de montons. Cela n'évoque rien pour vous à priori. Et pourtant, quand vous vous rapprochez du tableau, tout change et les choses que vous voyez et qui vous paraissent sous leur vrai aspect changent et on voit tout autre chose. Tout est dans le regard. Le peintre montre juste le point de vue d'où tout dans son tableau doit être vu, regardé. Ce sont les impressions du spectateur qui assurent les formes et le mouvement qui les animent.

Mais l'abstrait? Qu'en pensez-vous?
Rien. Parce que l'abstrait, comme une certaine poésie, est hermétique et donc inexplicable. On est réduit aux conjectures, mais sans rien de probant ni concret.

Pourtant, il y a de plus en plus de peintres de l'abstrait. Comment expliquez-vous cet engouement pour un art aussi difficile?
Mais parce que beaucoup d'entre eux ne voient pas cette difficulté. Alors, ils se précipitent bille en tête. Ils croient que peindre l'abstrait, c'est étaler telle ou telle couleur sur un tableau ou une toile. Alors que c'est

Avez-vous essayé?
L'abstrait? Non, bien que je considère ce courant comme le sommet de l'art pictural. Si vous me demandez des noms de peintres qui ont réussi dans cet art, je vous réponds honnêtement, je ne connais personne. Mais si vous voulez des exemples sur les tentatives infructueuses engagées sur cette voie, je peux vous en citer des tas.

Si, pour terminer cet entretien, on vous demandait si vous aviez eu un maître en peinture, si vous l'aviez admiré et lequel, que répondriez-vous?
Je dirai sans hésiter Edouard Dinet. En découvrant la lumière à Boussaâda qui a illuminé ses tableaux, il a fait du coup connaissance avec l'islam qui a éclairé et transformé sa vie.
Ali DOUIDI



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