Des terres agricoles sont livrées à des promoteurs immobiliers ou pour des projets industriels qui ne voient pas le jour.
La superficie agricole de la wilaya de Bouira ne cesse de se rétrécir. Les causes sont multiples. L’avancée du béton, dévorant ainsi des parcelles entières de terres fertiles, est la principale cause de cette situation lamentable. Les autorités locales, appelées à développer le secteur agricole, ont toujours opté pour la solution de facilité, en libérant des surfaces importantes destinées dans un passé récent à l’agriculture pour implanter des projets relevant du secteur de l’habitat.
Au chef-lieu de wilaya, des centaines d’hectares ont été mis à la disposition des entreprises publiques et aussi des promoteurs immobiliers pour la réalisation des différents programmes de logements. Le nouveau pôle urbain sis au nord de la ville de Bouira illustre parfaitement ce «massacre» auquel s’adonnent d’une manière irréfléchie les autorités contre le reste des terres agricoles.
«On assiste impuissants à une avancée du béton dévorant des poches entières de terres agricoles. Le constat est accablant», dit avec amertume un céréalier.
Le même avis est partagé par d’autres fellahs, appelant les pouvoirs publics à mettre fin à ce désastre.
A Bouira, des surfaces agricoles sont envahies par des constructions parfois inachevées. Le béton avance et l’agriculture recule. Récemment, une superficie importante a été dégagée pour implanter un programme de 800 logements de type AADL dans la commune de Bouira. Le procédé des pouvoirs publics visant la récupération de ces terres, jadis au rendement indiscutable, touche presque l’ensemble des localités de la wilaya.
A Dirah, tout comme à Oued El Berdi, au sud de la wilaya, les autorités locales ont mobilisé toute une batterie de mesures pour récupérer une surface dépassant les 1.000 hectares, mise à la disposition du secteur de l’industrie. Dans la commune de Dirah, à 60 km à l’extrême sud de la wilaya, le projet visant la création d’une mégazone industrielle avait été adopté par le Conseil national des investissements (CNI) en avril 2016. Les fellahs, qui exploitaient durant des années ces terres, ont été poussés à déposer leurs requêtes auprès des tribunaux. Le caractère inculte de ces terres récupérées n’a désormais convaincu personne.
L’idée de la création d’une zone industrielle au niveau de cette région est tombée à l’eau. Le projet de réhabilitation du site est passé aux oubliettes. Les pouvoirs publics avaient, pour rappel, annoncé avoir mobilisé une enveloppe de près de sept milliards de centimes pour le réaliser. L’opération a été gelée en raison du déficit financier auquel fait face l’Etat depuis la chute brutale des cours du pétrole. Le site est désormais à l’abandon et les terres sont en jachère, interdites même aux fellahs de la région.
Par ailleurs, des surfaces importantes sont restées en jachère pour cause, notamment de faible pluviométrie. Le retard accumulé dans la mobilisation des ressources hydriques destinées à l’irrigation a dissuadé aussi de nombreux agriculteurs, optant ainsi pour d’autres créneaux rentables. La preuve, la superficie déclarée au début de chaque campagne labours-semailles, qui était dans un passé récent de 75.000 ha a chuté pour atteindre les 65.000 ha pour la saison en cours, a-t-on relevé lors d’un exposé présenté par le DSA de Bouira à l’occasion du lancement de la saison agricole.
Photo: Le béton avance et l’agriculture recule
Amar Fedjkhi
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Posté Le : 29/10/2017
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Amar Fedjkhi
Source : elwatan.com du jeudi 26 octobre 2017