Bâtiment à Bouira / Un secteur qui a tenu sa promesse

Y a-t-il un lien entre le bâtiment et le développement économique durable ? Oui ; répondent les économistes pour qui, le secteur de l’habitat demeure à la base du développement de chaque région qui aspire à de lendemains meilleurs. « Quant le bâtiment va, tout va », rappellent encore les responsables du secteur pour qui cet adage ne peut ignoré quant il s’agit de mettre en œuvre une politique économique à même d’améliorer la plus value d’une région par rapport à une autre. Bouira, cette wilaya du centre du pays, offrant jusque-là une image des plus hideuses, avec un vieux bâti et une bidonvilisation rampante, synonyme de l’aggravation de la crise du logement, semble bien à présent, connaître des bouffées d’oxygène à même de réveiller le Léviathan des constructions.
La tâche n’est pas du tout facile. Les responsables locaux, à leur tête le nouveau wali (installé l’année dernière) qui hérita d’un passif énorme caractérisé par les déficits enregistrés en la matière, l’aurait assurément vérifié à ses dépends. Les difficultés qui pèsent sur le lancement des différents projets, en sont à la source d’une crise latente du logement. En effet, il y a quelques mois, le secteur du bâtiment commençait à connaître des convulsions. La relance des différents projets jusque-là à l’abandon ou tout au moins enregistrant des retards énormes dans la réalisation, mettra à rude épreuve les services compétents et les différents intervenants dans le secteur. Le premier souci étant d’éradiquer l’habitat précaire. Un objectif qui sera proportionnellement atteint avec le recasement des familles habitants certains anciens bidonvilles, à l’image de la fameuse cité Gouizi de la ville de Bouira, dont quelques 183 familles ont été recasées le 17 août 2008. Première action du genre qui donnera suite à d’autres.
Les quartiers du centre ville, connaissent à leur tour les effets de cette furie du « Léviathan » dés lors que des démolitions sont ordonnées pour la reconstruction des grandes artères de la ville. « On commence d’abord par effacer les séquelles d’une très mauvaise gestion du tissue urbain, et qui a régné durant plusieurs années, avant d’entamer la reconstruction » nous dira un fonctionnaire du secteur de l’urbanisme requérant l’anonymat. Pour notre interlocuteur, il a fallu attendre des années pour que les choses commencent à changer à Bouira, alors que la région offre toute les commodités à même de créer des villes de haute qualité. Pour ce qui est du bâtiment, notre interlocuteur dira que « nous n’avons pas vécu une crise proprement dite du logement, car le problème ne se pose pas en matière de disponibilité d’habitations mais plutôt en terme de politique de gestion faisant que l’on avait – il y a quelques temps – un surplus d’habitations inoccupées ». Une situation que le nouvel exécutif semble bien comprendre dés lors que des mesures sont prises pour faciliter l’accès au logement à tous les niveaux.

PLUS DE 4000 LOGEMENT POUR 2009

Il y a certes la difficulté d’accès au foncier dont se plaignent les promoteurs immobiliers, mais les choses semblent bien s’améliorer au fil des jours, à en croire les initiés. En effet et pour ce qui est de la résorption de l’habitat précaire, deux programmes (RHP) ont été inscrits en 2008. Lesdits programmes qui s’ajoutent au portefeuille des 4500 logements RHP dont a bénéficié Bouira dans le cadre du programme quinquennal, porte sur la réalisation de pas moins de 2600 nouvelles unités, apprend-on auprès de l’OPGI.
Pour le Directeur Général de l’OPGI de Bouira, M. Dorbhan Benalel, que nous avons interrogé, « il y a de grands efforts ayant été consentis pour améliorer le cadre bâti de la wilaya » avant d’ajouter que « plusieurs projets sont en voie de réalisation et d’autres sont projeté dans l’avenir. Ce qui fera que les choses vont en s’améliorant au niveau de notre wilaya ». Chiffres à l’appui, il parle du lancement des travaux de réalisation de 1108 logements rien que pour l’année 2008, alors que durant l’année précédente (2007) l’on n’a lancé que 166. Pour ce qui est des livraisons, le nombre de logements est passé de 126 en 2007 à 676 en 2008. Coté prévisions, les services de l’OPGI de Bouira, tablent sur quelques 4 522 logements pour 2009 et 4400 autres pour 2010. On note que l’OPGI de Bouira dispose d’une armada de projets de réalisation de logements. Dans le LSL (logement social locatif), 2000 unités sont prévues dans le cadre du plan quinquennal, 500 dans le programme des Hauts plateaux, 2600 dans le RHP et 2000 autres logements répartis sur les différentes localités de la wilaya. Pour le LSP (logement social participatif), on enregistre la prise en charge des projets de réalisation de 869 unités et des prévisions de lancement de 338 unités et la réception de 388 autres. L’autre programme ambitieux est celui des logements promotionnels (OPGI-CNEP) dont le nombre d’unités inscrites est de 3 550. Parmi ces dernières, 2 467 sont déjà réceptionnées. Ajouter à cela les le programme de logements du Fonds National de la Péréquation des Oeuvres Sociales (FNPOS) dont 87 seulement on été réceptionnés sur les 316 lancés. Pour l’année 2009, l’on table sur le lancement des projets de réalisation d’une centaine de logements, et la livraison des 316 déjà réalisés.

DEFICIT DE QUALIFICATION CHEZ LES ENTREPRISES

Cependant, si les choses semblent bien se présenter quant aux différents projets prévus, la réalisation semble bien accuser des retards. En témoigne les différents projets lancés depuis déjà quelques années mais qui ne trouvent pas encore preneurs. Le DG de l’OPGI à qui nous demandons des explications à ce sujet, dira que l’on accuse un déficit énorme en matière d’entreprises qualifiées. Suite de quoi, notre interlocuteur souhaitera voir les entreprises de Bouira soumissionner les différents projets initiés à ce niveau. Un avis que partage d’autres responsables de la wilaya qui évoquent souvent le facteur de qualification des entreprises comme étant à l’origine des retards enregistrés dans la réalisation des différents projets. Pourtant, disent nos interlocuteurs, « la période actuelle doit – normalement – bénéficier aux entreprises locales afin qu’elles puissent développer leur patrimoine mais aussi leurs capacités d’investissement ».
De prime abord, on dira bien que cette dynamique doit contribuer au développement de ces entreprises et par là créer des richesses durables à même d’accompagner le développement local durable. Un fait qui d’emblée ne se fait pas sentir, du moins auprès de ces entités entreprenariales. Alors, où en est on avec les résultats de cette dynamique de construction ? Les analystes préfèrent évoquer le coté social de cette évolution, tout en insistant sur le fait que ces projets de réalisation en matière d’habitat et d’aménagement urbain, n’a pas tardé à transformer Bouira en véritable ville attractive. Ainsi, la dynamique d’évolution imprimée à cette wilaya en matière de bâtiment n’a pas manqué de créer un engouement auprès des populations et autres investisseurs des autres wilayas avoisinantes. « Il y a un peu plus d’une année, Bouira était pratiquement infréquentable, de par son isolement et le manque de commodité dont elle souffre. Mais, maintenant, l’on aperçoit une net amélioration qui a pour corollaire une sorte ‘’d’invasion’’ (positive) des personnes de toutes catégories sociales qui viennent s’établir à Bouira » nous dira M. Saoudi, chef d’entreprise de bâtiment. Un fait amplement vérifiable sur le terrain, dés lors qu’il suffirait de faire un tour du coté des agences immobilières pour se rendre à l’évidence d’une demande sans cesse croissante sur le logement. Les loyers connaissent présentement une pression sans égale et les prix ne manquent pas de suivre la cadence. C’est dire, que le bâtiment a bien tenu sa promesse de développement dans cette wilaya en pleine mutation. Lyazid Khaber