Ath Mansour Elle est organisée lors du dallage des habitations Tiwizi, une tradition ancestrale en "béton" !

L’entraide chez les kabyles possède un nom, qui nous vient des temps immémoriaux. Tiwizi, puisque c’est de ça qu’il s’agit, est l’entraide entre les personnes ou les groupes d’une même communauté. Tiwizi vient du verbe «awes» qui signifie : aider. Cette action sociale collectiviste renforce les liens entres les membres d’une collectivité ou d’une société où l’individu se porte volontaire pour aider son prochain sans pour autant attendre de contreparties. Ce bénévolat, lequel donne tout son éclat et son ingénuité à la société est hautement salvateur et salutaire. Cependant, avec les temps qui courent, notre société est traversée, malheureusement, par quelques vices et idées qui ont fait valoir l’individualisme sur l’intérêt général, et qui font penser que l’entraide, ou Tiwizi, est un « marché » de dupes, où l’individu qui donne un coup de main est floué par le bénéficiaire! En tout cas, c’est ce genre d’appréciation et de conception négatives, par extrapolation, qui reviennent à chaque fois dans l’esprit de beaucoup de personnes à l’esprit étroit. Cependant, en dépit de l’individualisme et du mercantilisme qui se sont déteints ces derniers temps sur notre société il n’en demeure pas moins qu’il existe encore des exceptions, où l’on assiste tant épaté qu’agréablement surpris à la « renaissance » de Tiwizi dans quelques contrées. À l’image de la commune d’Ath Mansour, où l’entraide est encore de mise malgré tout. En effet, cette action sociale et solidaire n’a pas totalement disparu des mœurs des habitants. Comme cette municipalité est à caractère rural et rustique, les traditions ancestrales ont tendance à résister encore aux temps modernes, lesquels « phagocytent » toute coutume, rite et même langue provenant des minorités ethniques. Ainsi, cette localité comme elle connaît une extension urbaine effrénée due, surtout, à l’aide à l’habitat rural octroyée à des quotas impressionnant pour cette commune, les habitants des différents villages de la commune procèdent à l’érection de leur habitation. Et lorsqu’ils arrivent à la phase cruciale du dallage, les autos constructeurs, pour ce faire, sont aidés, en plus par les membres de leur famille, par les amis, les voisins et autres volontaires dans l’optique de venir à bout des dalles, lesquelles consomment beaucoup de béton et d’efforts physiques. À cet effet, tout ce beau monde, dans un élan de solidarité et ce, tout en perpétuant « Tiwizi » dans leur action, achève, en un laps de temps record, le bétonnage des dalles grâce à l’entraide. Sur un autre registre, la tradition millénaire de « Tiwizi » ne consiste pas, en vérité à donner un coup de main pour les besoins de l’auto-construction, bien au-delà cette coutume collectiviste est plus large que cela. Jadis, elle était pratiquée pendant la cueillette des olives. Ce qui n’est plus le cas de nos jours et c’est bien dommage.