Présentation de l'éditeur Jean Sénac, le poète, et Albert Camus, tous deux nés en Algérie, ont entretenu une relation épistolaire et amicale entre 1947 et 1958. Cette correspondance est restée largement ignorée jusqu'à aujourd'hui. Les lettres inédites, réunies ici par Hamid Nacer-Khodj et son essai Le Fils rebelle, nous racontent l'histoire de l'amitié grave et profonde qui lia les deux hommes. Quand Sénac, une jeune poète de vingt ans, écrit pour la première fois à Albert Camus celui-ci est déjà internationalement connu. L'Etranger date de 1942 et La Peste vient de paraître. L'écrivain répond pourtant aussitôt à Jean Sénac (24 juin 1947). Ces deux lettres inaugurent une correspondance affectueuse, exigeante et confiante. Elle durera jusqu'en 1958. Les lettres témoignent toutes d'une époque riche et bouillonnante : les deux hommes parlent de littérature, l'oeuvre de Jean Sénac s'ébauche et se structure, Camus devient Prix Nobel, enfin plusieurs écrivains de l'époque sont mentionnés. Cette correspondance concerne aussi leur histoire personnelle face à la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, que Sénac soutient de toute son âme, à la guerre qui s'ensuit et aux événements tragiques qui la traversent. En avril 1958, Jean Sénac qui reproche son silence avec vénémence à Camus lui adresse une lettre de rupture. 'Camus, notre frère Taleb vient d'être guillotiné. Je sais à quel point je dois vous irriter, mais quoi ! Ne me suis-je pas juré d'être avec vous d'une insupportable franchise ? De ceux qui voudraient faire de vous le Prix Nobel de la Pacification ne pouviez vous exiger la grâce de l'étudiant Taleb ?'
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Posté Le : 28/10/2004
Posté par : nassima-v
Source : www.dzlit.free.fr