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Zemmoura Le moudjahid Athmane Belazoug honoré



Publié le 04.07.2024 dans le Quotidien l’Expression

En ces jours de souvenir et de fête de l'indépendance, les villageois des «Ith Laâlam», qui ont eu, en ce jeudi, une pieuse pensée pour sa mémoire, respirent la sérénité.
Leur commune, qui surplombe Oued Lechbour, dégage une impression de joie et de quiétude, mais aussi une grande agitation, rien qu'en évoquant Athmane Belazoug et les autres héros de la famille Belazoug et les glorieux moments de Novembre 1954.
A «Ith Laâlam», honorer Si Athmane Belazoug et sa bravoure dans la Guerre de libération est une tradition de longue date et un moment si ancré dans la mémoire collective.
Je souhaitais en cette journée, faite de symboles, dire que Beni Laâlam a une longue histoire avec la Guerre de libération. Il suffit de prêter l'oreille aux récits de ce que ce village a enduré, durant les huit années de guerre, pour se rendre compte de son engagement sans faille dans le combat C'est ce jeudi 4 juillet que les autorités civiles et militaires de Tassemeurt, Zemmoura, organisent, à l'Institut national spécialisé de formation professionnelle de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, une cérémonie officielle dans le cadre de la célébration du 62e anniversaire du recouvrement de l'indépendance et à laquelle prennent part les anciens combattants de la région, les élus, les membres de la famille Belazoug, les habitants de Béni Laâlam pour rendre hommage au moudjahid Athmane Belazoug, dit «Rouget de la Soumam» et l'un des survivants de la Guerre de libération à «Ith Laâlam».
En tant que témoin de la bravoure de cet homme, né en 1936, dans une famille vivant essentiellement de la terre, je tenais à ce que ces mots soient pour lui, pour lui accorder l'hommage et la reconnaissance qu'il a amplement mérités, d'abord par l'État qui a baptisé l'Institut national spécialisé de formation professionnelle de la wilaya de Bordj Bou Arréridj en son nom, et ensuite de tous les «Ith Laâlam», qui lui ont témoigné de son vivant du respect, de l'affection et de la reconnaissance.
Homme d'action, il suivait de loin l'évolution de la situation jusqu'au déclenchement de l'insurrection armée. A peine âgé de 19 ans, il rejoignit les rangs de l'ALN à l'aube de la Révolution, en 1955, dans la Zone 3, plus tard érigée en Wilaya III, convaincu que seules les armes libéreraient l'Algérie du joug colonial. Enrôlé dans les rangs de l'Armée de libération nationale, il fera son baptême de feu dans la bataille d'Ith Laâlam, en février 1956. Le bombardement de son village par l'aviation de l'armée française contraignit sa famille à l'évacuer pour trouver refuge soit dans le maquis, pour les hommes, soit dans des bourgs environnants pour les femmes, enfants et vieillards.
C'est à cette époque qu'il fut mis sous la coupe de Si H'mimi, le compagnon du colonel Amirouche. Si Athmane assistera au déroulement du Congrès de la Soummam, tenu à Ouzellaguène, le 20 août 1956, sous la conduite de son chef, désigné en la circonstance pour sécuriser les lieux et les prémunir contre toute incursion ennemie. Une mission parfaitement accomplie par les éléments de Si H'mimi, appelés plus tard à en découdre avec l'ennemi dans plusieurs endroits de la Wilaya III. Avec ses compagnons d'armes, tous aguerris, Si Athmane prit part à la célèbre bataille de Thila où il fit preuve d'un courage exemplaire.
En novembre 1957, il fut grièvement blessé dans un accrochage à Ighrem où l'armée française subit de grandes pertes, tant humaines que matérielles.
Evacué en Tunisie, le moudjahid fut pris en charge pour des soins. Un recul forcé pour mieux rebondir et continuer à bien mener sa mission.
Une fois guéri, son parcours de combattant aidant, il fut expédié en Égypte où l'attendait une mission encore plus ardue que les armes elles-mêmes.
Son point de chute, les services du MALG affiliés au GPRA dans les derniers mois de l'année 1958, il s'acquitta admirablement de sa tâche en participant activement à la planification de plusieurs activités dans des pays arabes comme la Syrie, la Libye et le Maroc.
Si Athmane, le «Rouget de la Soumam», comme aimaient à l'appeler ses compagnons d'armes, fut de retour au pays au recouvrement de l'indépendance. Un retour triomphal parmi les siens, mais qui ne durera pas longtemps. Le dévoué qu'il était replongea dans le bain pour se consacrer définitivement à l'édification du pays.
Les témoignages de ses proches et de ceux qui l'ont côtoyé sont unanimes à lui reconnaître son amour pour l'Algérie, sa disponibilité à voler au secours des autres et, surtout, son sens élevé du devoir.
En 1963, il s'envola une seconde fois pour l'Égypte pour parfaire ses connaissances militaires. Une autre mission dont il s'acquitta admirablement puisqu'il fut nommé instructeur à l'Académie de Cherchell. Ses pérégrinations le mèneront dans plusieurs régions du pays où il occupera différentes responsabilités au sein de l'ANP. D'Arzew, à Tébessa, en passant par Ouargla, Blida, Bousâada et N'gaous, Si Athmane sillonna l'Algérie pour inculquer aux jeunes les techniques de la guerre, d'abord, et, ensuite, l'amour du pays. Il s'est éteint le 6 mai 2002, après une longue carrière militaire qui a débuté en 1955. Le Rouget a donné toute sa vie à son pays.
Libérateur du joug colonial.
Aujourd'hui, à proximité du petit cimetière des Martyrs, implanté à la placette du village, je ne pense toutefois pas qu'à seulement Si Athmane, je pense aux sacrifices consentis par les habitants de la région de Guenzet, à l'époque où la guerre faisait rage.
Je pense aussi à Béni Laâlam, village qui s'identifie à la famille Belazoug, qui a répondu présent à l'appel de Novembre et dont pas moins de 34 membres sont tombés au champ d'honneur.
Je pense à toutes celles et à tous ceux qui ont emprunté le chemin de Novembre, qui se sont mobilisés depuis les évènements du 8 Mai 1945 et qui savaient que le déclenchement de la guerre était proche pour libérer la patrie et contrecarrer les desseins du colonialisme.
Plus encore, un message qu'il faut continuer de faire vivre, qu'il faut continuer de transmettre, notamment aux plus jeunes, que l'on devra toujours associer davantage à nos ressourcements puisés des commémorations des Juillet et Novembre.
Si je tenais aujourd'hui à rendre hommage à Si Athmane Belazoug, mais aussi plus globalement à Hammoud, Mostefa, Bendjedou, Layache, Younès, Smaïl, Rabie, Aïssa, Seddik, Arezki, Khouthir, Aârab, Lakhdar, Messaoud, Abbès,Tayeb et Mohamed, c'est parce qu'ils se sont battus pour nos valeurs, pour que l'Algérie soit cette terre de paix, de liberté et de stabilité.
Aujourd'hui, Béni Laâlam, qui mérite amplement la vie de ses héros, dont Si Athmane, cet homme de bien, est un village apaisé résolument tourné vers l'avenir, un village qui n'a pas peur d'être optimiste et d'affirmer dans le regard de ses habitants que l'avenir sera toujours plus radieux.




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