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Rachid Merazi

Rachid MERAZI

Son honnêteté et sa conscience ne lui laissaient guère le temps de troquer ses scrupules contre des vétiles ou s' abreuver chez les médiocres et les insignifiants. Il abhorrait, jusqu' au mépris, ceux qui présentaient des échines souples et se comp- laisaient dans la servilité et l' obséquiosité. Remémorons nous encore Rachid.

Revisitons ses souvenirs et sa place dans nos coeurs, en ce troisième jour de sa disparition.

Remémorons-nous l' Homme, avec un grand H, l' homme au trop plein d'énergie et de pétulence qui, en un ultime soupir, a quitté ce qu' il adorait le plus: sa famille, ses amis et-il ne cessait de nous seriner- son pays pour qui il a déployé d'énormes efforts.

Venant de ces Hauts Plateaux où poussait le bon grain... de ces vastes plaines de Bordj Bou Arréridj qui retentissaient du bouillonnement de ces paysans qui mêlaient leurs chants aux crissements de leurs faucilles,Rachid, frais émoulu de son école primaire, rejoint le lycée franco-musulman ou la medersa comme on se plaisait à l' appeler, pour faire cette différence avec les lycées de la colonisation. Le jeune Rachid est à Alger, rencontrant d' autres "potaches" qui seront ses frères de combat, dans ce microcosme où l' on apprenait "le bel arabe" et les bonnes vertus, et où on faisait connaissance avec les chantres de la poésie antéislamique et d' autres de differentes périodes de notre culture arabo-islamique. Rachid tombera amoureux d'El Moutanabbi, comme nous tous d' ailleurs, des années après lui, parceque Abou Ettayeb n' était pas celui qui laissait les jeunes insensibles devant l' élégance de ses assonances et la splendeur de ses redonnances. Il fera connaiss- ance également avec plusieurs autres savants et érudits et apprendra la magnific- ence de cet héritage culturel, le nôtre, que nos ennemis ont tout fait pour nous l' occulter et nous laisser dans l' ignorence, loin de notre riche patrimoine. Des ann- ées après, Rachid, comme tous les médersiens, cette cuvée de bons cadres qui ne peuvent "se tromper sur les déclinaisons", ni même sur la rhétorique ou la métrique de ces interminables poésies, a eu à connaître l' administration algérienne, une fois notre souveraineté nationale recouvrée au prix de tant de sacrifices. Sous-pré- fet, aus premières années de l' indépendance, il n' était pas au "champ" comme celui d' Alphonse Daudet, il était chef de daïra sur les chantiers, parceque l' Algérie indépendante voulait, coûte que coûte,rattrapper le retard de tant d' annés de colonisation. Ensuite de part de son assiduité,son engagement et ses performances

Rachid a eu l'insigne honneur de présider aux destinées de plusieurs wilayate. Il a fait du bon travail là où il est passé, et qu'il serait peut être prétentieux de faire son bilan à la place de ceux qui l' ont bien connu et qui l' ont apprécié. Mais ce que nous pouvons affirmer en cette circonstancequi nous fait parlé de lui, c'est que tous ceux qui l' ont approchés font les louanges d'un "bosseur" comme Rachid. Sur ce point il fait l' unanimité.

Enfin comme tous les cadres de ce pays, une fois sa mission terminée au service de l' administration, voire de la nation, il a eu à connaître des moments heureux et quelques fois difficiles pendant sa retraite. Ainsi va la vie. Et Rachid faisait sienne cette sentence, ô combien juste et naturelle : " Une génération pousse l' autre! " Cela lui donnait de la contenance, surtout lorsqu' il voit ses enfants réussir dans leurs études et dans leur vie.




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