«L'hôpital Lakhdar-Bouzidi de Bordj Bou Arréridj a connu cette semaine une journée particulière. Des élus et des habitants se sont donné rendez-vous pour engager une opération de nettoyage générale de la structure hospitalière. Lancée à l'initiative du président de l'APW, cette opération a touché toute la superficie de l'hôpital'«C'est ce que nous rapportait notre correspondant local dans l'édition hier, sur un «événement» qui ne devait apparemment pas passer inaperçu à BBA. Pourtant, ce qui aurait dû faire l'événement et généreusement alimenter la chronique locale, ce n'est pas une action de «volontariat» mais plutôt le fait qu'un hôpital de la dimension de ceux des chefs-lieux de wilaya soit manifestement si dégradé dans son hygiène au point de nécessiter une grande opération de «nettoyage général» ! C'est fou, la facilité avec laquelle s'inverse l'ordre des choses dans ce pays. Un hôpital sale, ça devrait poser problème à beaucoup de monde et susciter l'indignation à tour de bras.
Ça devrait scandaliser parce que c'est' scandaleux. On savait que nos hôpitaux étaient des mouroirs mais on entendait ça de l'intérieur. Jamais un responsable de la santé publique n'a osé nous dire qu'il y avait un hôpital sale au point de quêter des bénévoles en serpillères et en pelles à ordures. Pourtant, ils auraient pu, les chefs de notre santé, nous «rassurer» que nos hôpitaux sont seulement un peu crasseux.
C'est tout de même «moins pire» que la formule de «mouroirs» lancé un jour à la cantonade par un homme politique particulièrement inspiré, avant d'être spontanément et durablement adopté par une opinion qui n'en demandait pas tant.
C'est qu'au-delà de son caractère tranchant, la formule avait l'avantage de n'être vraiment pas loin de la réalité. C'est quand même bizarre qu'on se mobilise moins pour nous «apprendre» qu'un espace aussi important et sensible qu'un hôpital était dans un état d'hygiène physique lamentable, que pour nous informer, toutes sirènes dehors, que le chef de l'assemblée de wilaya vient de prendre une «initiative plus que louable», pour rester dans le jargon spécialisé, de nettoyer les lieux en recourant aux disponibilités locales apparemment pleines de bonne volonté quand il s'agit de se rendre utiles à la collectivité.
La semaine passée, ce n'était donc pas la grande lessive de l'hosto de Bordj Bou Arréridj qui était importante mais le fait que ce soit l'émanation d'un «élu» local qui doit avoir ses méthodes bien à lui de se rappeler au bon souvenir de ses électeurs.
Enfin, ceux qui auraient dû être ses électeurs. Parce qu'ils l'étaient dans la vraie vie, il s'y prendrait certainement autrement pour espérer garder leur confiance, pour sa propre carrière ou pour sa famille politique. En commençant par exemple par être dans sa vraie vocation d'élu, celle d'être une force de pression et de proposition pour le développement de sa région.
En un mot, faire son travail et obliger les autres à faire le leur. Ce qui n'est pas tout à fait dans son rôle en appelant les citoyens à nettoyer l'hôpital au lieu de pousser les gestionnaires de la santé publique locale à veiller à ce qu'une structure de santé soit exemplaire en matière de propreté. Mais il n'y a pas que l'hygiène physique dont souffrent nos hôpitaux, Et nos' élus !
C'est sans doute pour cela que se conjuguent tant d'efforts pour nous convaincre que le mal n'est pas si profond. Pendant que de braves jeunes hommes donnent de la serpillère et de la pelle, des malades du cancer meurent avec la feuille de rendez-vous pour une séance de radiothérapie jaunie par l'attente et les suées. C'est fou ce que l'ordre des choses est facile à inverser dans ce pays.
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Posté Le : 11/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com