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Bordj Bou-ArréridjLe marché couvert : un site historique à sauver



Bordj Bou-ArréridjLe marché couvert : un site historique à sauver
Publié le 03.02.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

LAYACHI SALAH EDDINE

La ville de Bordj-Bou-Arréridj, à l'instar de beaucoup d'autres villes d'Algérie, possède un riche patrimoine urbain de l'époque coloniale française constitué de sites, d'ouvrages ou d'objets meubles.
L'ancienne gare des chemins de fer, les jardins publics, les salles de cinéma actuellement disparues, un espace de pétanque dit la «Boule noire», la salle des fêtes «Cours de Cheyron» réaménagée avec un style de mauvais goût, et enfin le marché couvert localisé généralement dans le centre-ville de ce qui faisait la ville coloniale ou européenne.

Force est de constater la dégradation avancée et la vétusté extrême dont est frappé le patrimoine, voire même sa disparition de l'espace urbain comme cela a été le cas des trois salles de cinéma : le Lux, le Rex et Vox. Cette dernière salle de projection a été rasée pour ne laisser place qu'à un terrain vague.

On a d'ailleurs assisté, dans les années 2000, à la démolition de l'ancienne gare de chemins de fer, un véritable joyau architectural colonial. Ce patrimoine fait pourtant partie des biens inestimables et irremplaçables de la ville.

Aujourd'hui, un autre ouvrage est menacé de disparition et sa dégradation est réellement inquiétante. Il s'agit du marché couvert. Ce marché, bâti en 1919, était un espace structurant du tissu urbain, il était aussi utilisé dans les années 40-50 comme espace de projection de films muets. Il était à la fois un objet d'intéraction sociale et commerciale mais aussi connu pour la qualité de son aménagement et son style architectural particulier, un ouvrage esthétique qui s'intégrait harmonieusement dans le quartier du centre-ville de Bordj-Bou-Arreridj.

La préservation et la réhabilitation du marché couvert est une affaire de prise de conscience et d'intérêt que doivent porter les autorités locales et surtout les élus locaux, mais aussi les citoyens à ce legs architectural urbain.

Il est évident que la restauration de ce bâti si précieux pour la mémoire de la ville pourra s'avérer coûteuse et pourtant cela est nécessaire car, par cette opération, on conservera un héritage qui est inscrit dans l'histoire de la ville, tout en évitant l'uniformisation qui pourrait caractériser l'urbanisation qui est le style des ouvrages actuels et préserver ainsi la diversité et la richesse du tissu urbain de la ville.
Il est temps de s'approprier, dans un mouvement de conscience et par une volonté politique, ce legs colonial et de lui éviter, une disparition qui portera atteinte à la mémoire de la ville et qui a participé à la constitution de son identité. Tous ces espaces et édifices historiques nous parlent. N'est-il pas vrai que l'on dit que les sites culturels ne sont pas un décor dans la cité, ils sont les sujets ?

Au final. les décideurs de la cité, notamment le wali et les élus locaux, doivent soigner leur ville par un travail de recensement et de cartoghaphie. Ce qui nécessite de la précision, la délicatesse, l'attention à tout ce qui existe, ses qualités comme ses dysfonctionnements. L'existant se révèle alors important et complexe et le soigner plutôt que de l'anéantir devient une évidence. Il faut en finir avec le reflexe automatique de la démolition comme opération urbaine.
Layachi Salah Eddine



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