B.B.Arreridj - Bordj Bou Arreridj

BORDJ-BOU-ARRÉRIDJ Formation professionnelle : une réforme est-elle nécessaire ?



Publié le 18.07.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

LAYACHI SALAH EDDINE

La formation professionnelle a toujours fait l’objet d’une attention particulière du wali de Bordj-Bou-Arréridj. Un regard longitudinale (2000/2024) comme années de références montre à quel point la formation professionnelle est un marqueur de l’évolution de l’emploi. Aujourd’hui, la formation professionnelle offre un accès égal à l’éducation et à tous les travailleurs à la seule fin de leur permettre de s’adapter aux évolutions rapides des métiers.

Il est évident que le recul du chômage des jeunes passe impérativement par le secteur de la formation professionnelle. Cette dernière à l'obligation de dispenser un savoir de qualité, afin d'assurer l'employabilité des jeunes chômeurs diplômés, d'une part, et être un moteur de compétitivité pour les entreprises, d'autre part. Aussi, faut-il rappeler que les industries actuellement sont à 80% robotisées et numérisées.

Selon certains opérateurs économiques, les jeunes issus des centres de formation professionnelle manquent de compétences requises pour occuper les postes vacants ou à pourvoir .Et pour cause, ils n'ont tout simplement pas été bien pris en charge durant leur cycle de formation, et encore moins formés aux nouvelles technologies.

Les inconséquences de la formation professionnelle pénalisent lourdement les industriels, car ils n’arrivent pas à trouver des travailleurs qualifiés sur le marché national du travail, ce qui contraint les opérateurs économiques à chercher les qualifications parmi les demandeurs d'emploi étrangers, à savoir : tunisiens, marocains, égyptiens, turcs, belges, chinois, etc., pour faire tourner la machine.

La Direction de la formation professionnelle et les opérateurs économiques se sont rencontrés durant l’année en cours sous le patronage du wali de Bordj-Bou-Arréridj, Kamel Nouicer, pour aborder la question de la formation à la carte.

La question cruciale qui se pose est de savoir si les institutions de formation professionnelle tiendront leurs promesses dans les années à venir (2025 à 2030) pour fournir des travailleurs avec un savoir utile qui concourt réellement aux besoins de l'industrie. En effet pour doper l'activité industrielle, il est nécessaire pour les institutions de formation de mettre en place une politique de formation active et adaptée aux singularités du marché du travail. Il est évident que pour mener à bien cette politique, il faut qu'un débat s'installe entre le binôme entreprises/formation professionnelle de manière ponctuelle. La Direction de la formation professionnelle possède un patrimoine de 19 établissements de formation dont 2 instituts de formation spécialisés. La capacité d'accueil est de 10 805 postes pédagogiques qui se repartit comme suit : formation diplômante 4 235, formation qualifiante 6 570 .

L’effectif des reconduits est de : 5 230 dont 1 350 filles répartis en 16 spécialités. Les branches professionnelles en activité : agriculture, artisanat, menuiserie, bâtiment, construction métallique, cuir et peau, électronique, Hôtellerie tourisme, industrie agro-alimentaire, informatique, métier de l’eau et de l’environnement, métier prestations de service, mécanique auto, techniques d’administration, techniques audio-visuelles, textiles confection habillement.

La formation professionnelle a introduit depuis quelques années une discipline louable qui consiste à former des techniciens agricoles qui manquent cruellement. À cette fin, les agriculteurs actuellement en Algérie ont pris de l’âge, il y a lieu donc de rajeunir et intéresser les jeunes, pas à coups d'ordonnances et de décrets, mais par un profond changement de mentalité et de culture pour leur faire aimer les métiers de l’agriculture. Le coût approximatif des 4 750 stagiaires avoisine les 55 milliards de centimes par an.

Plus de 20 000 demandeurs d’emploi inscrits à l’Anem
Selon l'Anem, le nombre de demandeurs d'emploi jusqu'à fin mai 2024 est de 20 039, le nombre des bénéficiaires du dispositif d'aide à l'emploi (les primo-demandeurs) est de 7 697, pour les bénéficiaires du CTA il est de 1 767. La charge financière approximative supportée par l'Anem est de plus de 80 milliards de centimes par an. S'ajoute à cela le placement à l'emploi libre dit classique qui ne bénéficie d'aucun soutien financier de l'Etat et qui est de 5 681. Cependant, il y a aussi une frange importante de la société touchée gravement par le chômage, composée de jeunes filles et de garçons, qui n'ont ni diplômes ni qualification. D'abord, parce que les emplois non qualifiés ont presque disparu. Ensuite, parce qu'une grande partie des travailleurs diplômés s'est mise à accepter des emplois peu qualifiés, ce qui a progressivement relégué les non-diplômés au bout de la file d'attente des demandeurs d'emploi. D'où l'ampleur du chômage pour cette catégorie de jeunes en âge de travailler. L'Anem, qui est par excellence un thermomètre social, déclare un taux de chômage de l'ordre de 7,32% pour une population de 751 578 habitants, population active de 216 558, population occupée de 200 642, pour un nombre d'employeurs de 6 676, à savoir : secteur industriel : 1 228 ; BTPH : 2 054 ; agricole : 65 ; prestations de services : 3 329.
Quant à la nouvelle zone industrielle Mechta-Fatima, elle abritera très bientôt 100 industries, et offrira au moins près de 7 000 emplois. Cependant, il est clair que le recrutement devra obéir, et sans appel, à des critères de qualification qui répondent à l'outil moderne de travail ; ceux qui auront la chance de décrocher un emploi seront les TS en électronique, informaticiens, ingénieurs en mécanique, soit les filières techniques. Et très peu de licenciés en droit, lettres arabes, sociologie, sciences po ; ces derniers risqueront de se voir relégués dans la spirale du chômage. C'est pourquoi il importe de comprendre les raisons d'un tel déclassement et mesurer l'impact social et politique d'un tel phénomène. Tout porte à croire que nos écoles forment des jeunes sans tenir compte du type d'industrie ou de prestations de services en perpétuelle mutation.

Pour ces jeunes, le choc est rude, la plupart d'entre eux avaient nourri tant d'espoirs de réussite sociale après leur réussite scolaire. La distorsion entre promesses de la scolarisation et la réalité du monde du travail est amère. Le tout se solde par une grande frustration, à telle enseigne qu'un professeur de l'université des Anassers évoque l'émergence d'une «jeunesse déchue», constituée de tous ceux qui, pendant leurs études, ont intériorisé un certain nombre d'aspirations légitimes et qui, arrivés sur le marché de l'emploi, se retrouvent dans l'incapacité de réaliser ces aspirations.

Dans le cadre du pré-emploi, certains occupent des postes moins valorisants qu'escompté, moins bien rétribués que leurs collègues titulaires. Ces jeunes diplômés sont nombreux à rencontrer des difficultés pour s'autonomiser financièrement et fonder une famille. Bien qu'adultes, ils dépendent pécuniairement de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps de leurs parents. Le chômage trouve son origine dans l'évolution de la structure de l'emploi et celle des flux de diplômés qui sont discordantes. Le niveau de qualification exigé sur le marché du travail est très en deçà de ce qu'offre notre système éducatif. En tout état de cause l’objectif de la formation professionnelle est souvent résumé à l’acquisition de compétences pour pourvoir les postes disponibles ou pour améliorer la productivité au poste de travail. Pour ce faire il faut qu’il ait une adéquation parfaite entre les qualifications et la demande des entreprises, pour améliorer durablement le niveau moyen de compétences.

Durant les multiples rencontres pour les périodes allant de 2022 à 2024, avec les cadres de la formation professionnelles et les industriels, le wali recommande aux partenaires (formation/entreprises) d’être aux faits des mutations économiques et technologiques qui se font dans une économie mondialisée. A ce titre il appartient à l’institution de formation de trouver les voies et les moyens pour parer à l’obsolescence des connaissances acquises qui annihilent le processus de la productivité. Avant de clore le débat, le wali a tenu à rappeler aux participants qu’une industrie prospère va de pair avec une bonne formation, en d’autres termes, la formation professionnelle et les industriels sont des alliés indéfectibles.

Layachi Salah Eddine



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