Doyenne des chanteuses kabyles, née le 9 janvier 1926 à Djaâfra (Bordj Bou Arréridj).
De son vrai nom Ouardia Bouchemlal, orpheline de père, sa mère se remaria alors qu´elle n´avait que trois ans, fut recueillie par un oncle de Ilmayen (à côté de Beni Ourtilène), qui ne la considéra ,jamais autrement qu´une pauvre bergère bien qu´elle était déjà, à dix ans, la princesse des "Urar", ces fêtes villageoises au cours desquelles les rites religieux, les mariages ou les circoncisons sont célébrés.
En 1943, elle quitte pour la première fois son village natal et arrive dans le studio de la rue Berthezène où Lla Yamina l´introduisit. Après avoir surmonté un trac terrible, elle improvisa la plus célèbre de ses chansons "Beqa âla khir a yaqvu " (Adieu Akbou).
Après quatre années passées avec Lla Yamina, Chrifa va habiter an Clos Salembier, rue des Coquelicots, un bidonville où elle partagera, durant une dizaine d´années, le domicile de l´autre grande dame de la chanson kabyle, la paria des campagnes d´Azzefoun; Hnifa (née à Ighil M´henni) qui a choisi l´exil et qui meurt épuisée durant l´été 1981 dans une chambre d´hôtel de la Goutte d´0r en France.
Longtemps appréciée du public pour ses chansons folkloriques et sentimentales, ayant un étonnant talent d´improvisation, que l´inoubliable "Azerzour" illustre bien, Chrifa, victime d´un certain machisme a eu l´un des itinéraires les plus injustes. Dès la fin des années soixante, en pleine célébrité, et malgré un répertoire d´environ 700 chansons, où ont puisé et continuent de le faire les chanteurs du moderne kabyle, Chrifa qui ne bénéficie pas de droits d´auteur est au bord de la dépression.
Hnifa et Chrifa sont considérées encore aujourd´hui comme le socle du patrimoine musical féminin kabyle, qui a permis en grande partie à la chanson moderne des années 70, de se construire un répertoire. Ces deux femmes ont créé des dizaines et des dizaines d´airs musicaux sans pour autant en maîtriser l´écriture.
Hnifa avec des musiciens aux instruments à cordes, Chrifa accompagnée de femmes jouant uniquement des percussions traditionnelles, ont chacune dans un style propre, créé des chansons où les paroles inspirées d´un quotidien douloureux sont accompagnées de mélodie puisées dans le folklore des montagnes du Djurdjura.
Chrifa, cette diva, du haut de ses 76 ans, incarne la tradition musicale féminine kabyle, ainsi que la résistance des femmes - grâce à la musique - face aux archaïsmes de la société.
L´authenticité de cette musique - bendir et percussions, une voix juste - laisse entendre tour à tour des soupirs d´amour, des louanges religieuses et des récits.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 28/11/2007
Posté par : hichem
Source : kabylie.ath.mohli.free.fr