Blida - Chrea

Station climatique de Chréa à l'abandon: Le paradis perdu



Station climatique de Chréa à l'abandon: Le paradis perdu
Bien que le calme soit revenu, la station climatique de Chréa sombre dans un sommeil de plomb. Brisée par la décennie noire, cette «Belle au bois dormant» attend avec impatience le moindre investissement.

Dominant toute la plaine de la Mitidja à plus de 1500 m d’altitude, Chréa est le foyer d’un patrimoine végétal et animal très riche (1408 espèces vivantes), dont des espèces en voie de disparition.

En plus de cette biodiversité, Chréa est l’endroit idéal pour les amateurs de sports de montagne. D’ailleurs, elle est la première station de ski en Algérie à avoir reçu les premiers skieurs dans les années 1920.

Cependant, malgré tous les atouts naturels qu’elle possède et faute d’infrastructures, le tourisme y est en berne. Chréa figure parmi les communes les plus pauvres de la wilaya de Blida.

Depuis près de 20 ans, les télésièges sont en panne. Alors qu’ils sont censés transporter les skieurs sur les hauteurs de la montagne, ils sont livrés au vandalisme et à l’incivisme de certains visiteurs.

La piste de ski n’a pas échappé à ce triste sort, elle est dans un état de dégradation avancé. La neige y fond rapidement. Dès les premières pluies, des eaux troubles, rougeâtres et mêlées à de la boue la tapissent. De ce fait, elle a complètement perdu son charme d’antan et ses fidèles.

Abandonné par les autorités, le Ski Club de Chréa est géré par de jeunes chômeurs qui fabriquent manuellement des luges en bois pour les louer à 300 DA de l’heure. Cette initiative est insignifiante vu le nombre important de visiteurs, surtout qu’aucune infrastructure de loisirs n’est disponible.

En revanche, après un arrêt de près de deux décennies, le téléphérique a été remis en marche. Malgré les maintes pannes qu’il accuse, il connaît une grande affluence. Normal, vu que ses 135 cabines offrent une vue magnifique de la montagne.

Elles allègent aussi le trafic automobile important sur l’axe Blida-Chréa et la carence importante en transport public.

Cependant, le téléphérique, très prisé, augmente jusqu’au double l’afflux de visiteurs vers la station. Ces derniers, dont le nombre est estimé à près de 3 millions par an, ne trouvent pas où aller sauf se perdre dans la nature et laisser libre cours à l’incivisme ; après leur passage, toutes sortes de détritus inondent ce site féerique.

Le personnel de nettoiement disponible à la commune n’est guère suffisant. Le mouvement associatif mène des actions dans ce sens afin d’éviter que ce site majestueux ne se transforme en décharge publique.

Pis encore, durant les années de terrorisme, des familles en quête de sécurité ont accaparé un bon nombre d’auberges. A l’instar du restaurant-auberge des Trois Moineaux. Sept familles y résident depuis une dizaine d’années, en attendant d’être relogées.

Celles qui restent sont aujourd’hui abandonnées, à l’instar de l’hôtel restaurant du Ski Club. Ses propriétaires l’ont complètement mis aux oubliettes durant la décennie rouge, ils peinent à y revenir et relancer ce projet.

Les quelques restaurants-hôtels qui fonctionnent encore subsistent difficilement avec les maigres recettes qu’ils font.

Il y a quelques années, il existait une auberge restaurant des Cèdres, sise à deux pas du Ski-Club. Construite en bois durant la période coloniale, cette structure était surnommée «Le petit bijou des cèdres». En plus des lits et de la riche gastronomie qu’elle offrait, il y avait une petite salle utilisée pour la pratique de quelques sports, tels que le tennis de table. Elle drainait des flots de visiteurs et constituait une source de revenus à la commune qui en était la propriétaire.

Cependant, il y a 8 ans, cette perle architecturale, qui s’étend sur plus d’un hectare, a pris feu.

Selon Beskra Amar, P/APC de Chréa, c’était un acte criminel. Au moment où l’enquête suit son cours, l’auberge restaurant des Cèdres n’arrive pas à renaître de ses cendres.

«Nous avions le droit d’exploitation de l’édifice, mais nous n’avions point la propriété du terrain, dévoile le P/APC. Elle revient aux domaines publics. Il nous faut un bon investissement privé pour le restaurer étant donné que l’APC n’a pas suffisamment de fonds.»

Selon notre interlocuteur, 4 grands investisseurs ont frappé à la porte de l’APC pour des projets d’envergure.

«Dès que je les renvoyai vers la wilaya, ils disparaissaient», avoue-t-il, au Calpi (Comité d’assistance pour la localisation et la promotion de l’investissement), seul organisme d’approbation des projets de ce genre, c’est le silence radio. A la wilaya aussi.

M. Beskra évoque aussi un problème de foncier.

Selon ses propos, les terrains sont soit domaniaux, soit ils appartiennent directement à la Conservation des forêts. Pour les Domaines, il n’y a aucun blocage à leur niveau. «Il y a une procédure à suivre», dit M. Mansouri, directeur des Domaines de la wilaya de Blida.

«Si un investisseur s’intéresse réellement à Chréa, il n’a qu’à présenter, dans un dossier complet, un projet avec une valeur ajoutée et des offres d’emploi conséquentes à la population locale. Personne n’osera y trouver un inconvénient.»

Même si les responsables à la wilaya de Blida se refusent à donner une quelconque information sur d’éventuels investisseurs privés à Chréa, plusieurs projets étatiques y sont programmés.

Parmi ces derniers, la réhabilitation du Ski Club, l’aménagement d’aires de jeux pour enfants et d’espaces destinés à la vente et à la promotion des produits du terroir.

S’ajoutent à cela la réfection de la station de départ du téléphérique de Beni Ali et la réhabilitation de la fontaine Laouina sur la RN37.

Ces projets nécessiteront une enveloppe dépassant les 21 millions de dinars.

Asma Bersali


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