En haut lieu, l’État ne cesse de prôner un discours rassurant quant à la nécessité de préserver les terres agricoles, mais sur le terrain, la réalité est tout autre. La bétonisation à outrance et le massacre des terres des plus fertiles ne cessent malheureusement de constituer un crime omniprésent et qui semble durer dans le temps, encouragé par l’indifférence des autorités locales.
Rien qu’à Oued El Alleug, une commune à vocation agrumicole par excellence située dans la wilaya de Blida, le massacre continu et la superficie agricole se réduit comme une peau de chagrin. Et c’est le cas notamment de la ferme pilote baptisée au nom du chahid Salhi Abdelkader, ex-Cinq Palmiers. Ayant le statut d’établissement public économique et de société par actions (EPE/SPA) et relevant de la société publique arboricole Sarbo et du groupe Gvapro, elle était considérée comme étant l’une des meilleures fermes en Algérie et produisant les plus délicieuses agrumes, particulièrement la clémentine Montréal. Mais la présence d’une centaine de familles qui y ont élu domicile à travers des constructions illicites et leur extension a tout gâcher.
«Sur les 180 hectares représentant la superficie totale de notre ferme pilote, près de 04 hectares sont squattés par des indus-occupants. C’est devenu un bidonville dans une ferme appartenant pourtant à l’État», regrette Mme Nadia Hassen Bey, directrice de la ferme pilote en question.
Cette dernière explique que les constructions anarchiques sont éparpillées à travers cinq sites et que cela pénalise lourdement le travail des employés de la ferme. Et se demande: «On gère quoi finalement? Un travail scientifique basé sur l’expérimentation, la recherche et le développement de la filière agrumicole ou bien le bidonville!!!».
- Le béton et le goudron
Notre interlocutrice est (re)sortie de son silence lorsqu’elle a assisté au goudronnage de la ferme, il ya quelques jours!
«Du goudron dans une ferme agricole, ça c’est du jamais-vu! On dirait que nous sommes dans un périmètre urbain!!! Et là, les autorités locales sont complices puisque c’est elles qui ont lancé le marché du revêtement là où il ne fallait pas. Nos travailleurs ont résisté, mais ils ne pouvaient pas aller plus loin dans leur interdiction (physique) du moment que l’opération de goudronnage se faisait avec autorisation de l’APC...»
La directrice rappelle que le squat des centaines de familles a fait l’objet d’une plainte en 2019 et que les procédures judiciaires prennent beaucoup de temps.
«Non seulement ça traîne mais l’expertise relative à l’estimation des dégâts nous coûte chère.»
Insistant sur le fait que la ferme est située sur l’une des terres les plus fertiles d’Afrique alors qu’elle se trouve dans un état lamentable, elle regrette aussi l’omniprésence des eaux usées à l’air libre, ce qui pollue l’environnement et risque de provoquer des épidémies.
Dimanche dernier, la PDG de la filiale Sarbo, gérant le portefeuille de plusieurs fermes pilotes du pays s’est déplacée à Oued El Alleug pour le dépôt d’une deuxième plainte dans le but de stopper le bitumage.
En voulant avoir le son de cloche du P/APC de Oued El Alleug, ce dernier était injoignable.
Photo: L’entrée de la commune de Oued El Alleug à Blida
Mohamed Benzerga
Posté Le : 24/08/2022
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Mohamed Benzerga
Source : https://elwatan-dz.com publié le mardi 23 août 2022