Le bouleversement climatique ne doit pas intéresser que les autres.
Radoucissement rapide des températures hivernales vers le début du printemps, des couches de neige moins persistantes et une prédominance des vents du Sud, phénomène connus sous l’expression scientifique, d’«effets xériques».
Telles sont les premières constatations sur lesquelles, selon Ramdhan Dahel, directeur du Parc national de Chréa (PNC), doivent se focaliser avec insistance des scientifiques pluridisciplinaires, climatologues, agronomes, hydrologues… en prévision d’éventuels changements climatiques sur l’unité morpho-structurale de l’Atlas blidéen dont fait partie le PNC.
«A partir des années 2000, nous avons remarqué une relative intensification des effets xériques qui se maintiennent avec une certaine fréquence en termes de répétition, mais aussi de fortes rafales de vent. Etablir des corrélations avec les changements climatiques, c’est très complexe. Cela nécessiterait l’intervention d’une cohorte de scientifiques pluridisciplinaires pour la caractérisation de ce que nous sommes en train de remarquer quotidiennement sur le terrain et cela depuis quelques années», explique Dahel Ramdhane.
Mohamed Ziar, chef de secteur du PNC, abonde dans le même sens: «Hormis l’hiver 2012, qui a été très exceptionnel, nous avons remarqué depuis quelques années que la couche de neige à plus de 1.500 m d’altitude est très fragilisée et est devenue moins persistante. D’ailleurs, il s’agit d’une tendance dont l’historique remonte jusqu’aux années 1960, 1970. Les vieux qui sont toujours en vie vous diront que dans les années 1970 des poches de neige persistaient jusqu’au mois d’août au lieudit Mtamar. Cette neige, mise dans de grandes cuvettes, était vendue au mois de juillet et août aux poissonniers plus bas dans la ville de Blida. Certains talwegs très ombragés gardaient des poches de neige où on venait faire du ski en pleine période estivale. Ceci a complètement disparu depuis plus de 30 ans déjà.»
Ces bouleversements climatiques constatés à l’échelle du Parc national de Chréa, un lieu géographique très connu pour l’exubérance de sa biodiversité, risquent d’avoir un impact négatif sur ce biotope, vrai poumon pour les deux tiers de la population algérienne, étant situé à proximité de la plaine de la Mitidja et de la capitale.
«En tant qu’observateurs de terrain et pas nécessairement des spécialistes du créneau, nous avons aussi remarqué un décalage dans le cycle biologique de la chenille processionnaire. Ce cycle est connu à une journée près. Nous avons constaté des processions de chenilles en pleine période hivernale, février, mars, dues essentiellement à la hausse des températures», conclut le directeur du PNC, lançant par la même occasion un appel pressant aux scientifiques pour qu’ils investissent comme il se doit cet épinal de beauté.
Mohamed Abdelli
Posté Le : 24/06/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R. ; texte: Mohamed Abdelli
Source : El Watan.com du dimanche 23 juin 2013