Blida - COMMUNES

Mohamed Bahaz n'est plus



Mohamed Bahaz n'est plus


Il est l’auteur des percussions musicales pour le film la Bataille d’Alger. Il a l’art de réanimer le fond africain qui meuble les profondeurs de notre Moi collectif. Mohamed Bahaz, c’est la magie d’une musique qui vient des fonds des âges
Né en 1942 à Blida, en pleine seconde guerre mondiale, Mohamed Bahaz n’oublie point ses origines africaines de par une grand-mère sénégalaise et un grand-père venu du Mali, tout comme ammi Belkheir s’amenant du Mali avec khalti Mebrouka et installant la zaouia des Bambara. Ce sont eux qui marieront le père à Bahaz, lequel était né présumé en 1929. C’est un richard de la région de Ghardaïa où le père avait travaillé qui leur donnera le patronyme de Bahaz. La maman viendra travailler dans l’usine de tabac des Bencherchali à Blida, pas trop loin de Douirette où l’enfant Bahaz verra le jour il y a près de 80 printemps. Ces hommes de la tribu des Bambara migreront vers Alger où ils auront à travailler dans les services de nettoiement de la ville.
La musique gnawa, genre et instruments —kerkabou et guembri— fut répandue dans la région du Sahara algérien, notamment à Adrar, Béchar et Ghardaïa, venant du Mali, du Maroc, du lointain Soudan. Ces sons et ces percussions berceront l’enfance puis la jeunesse de Mohamed qui saura ensuite devenir un excellent percussionniste. Il jouera au fil du temps en compagnie d’un orchestre où les qraqeb (castagnettes en métal) et un gros tambour, le guembri dont il en joue comme maâlem (le maître) pour guider lors des fêtes propres à la communauté wesfane (noirs d’Afrique) la transe des adeptes, lors de rituels établis dans le temps en nocturne et appelés lila mêlant la fête (danse koyyou) et l'action thérapeutique (mlouk). Celle-ci est supposée permettre d'évacuer les divers maux dont souffre l'adepte concerné. Des archives montrent le maâlem Mohamed Bahaz entrant en transe en présence du public. «J’aime le rythme des gnawa, la percussion, et mon père l’aimait et en jouait ! C’est un système de frappe original et qui vous prend dans les minutes, quand ce ne sont pas les secondes qui suivent le début de l’écoute», avance fièrement Bahaz. Il soulignera qu’il avait acheté une fois expressément des chaînes auxquelles il s’était attaché pour jouer comme les esclaves enchaînés, ses ascendants de la lointaine Guinée. «Mettre son cerveau en ébullition et son corps en déséquilibre» comme il a été rapporté dans le documentaire de 45 mn de Dominique Devigne, réalisé en 2019.




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