- Pouvez-vous nous donner un aperçu historique de Boufarik?
Boufarik a connu plusieurs transitions, de la colonisation à l’indépendance pour ses terres fertiles et son emplacement géographique proche d’Alger, de la mer, des montagnes de Chréa et en même temps un carrefour par excellence de mobilité du commerce, où un marché des fruits et légumes, de bestiaux et tous commerces confondus s’installe et commence à se développer davantage, créant un centre urbain. Les jésuites ont pénétré la région en 1835 en éclaireurs et se sont installés au camp d’Erlan, suivis des colons européens qui se sont emparés des meilleures terres sous les feux de l’armée française.
Un centre-ville accueillant, d’une dizaine de milliers d’habitants européens, est né, de grands boulevards dotés de trottoirs et d’éclairage et décorés de platanes dans un alignement parfait. La venue des colons a été alors encouragée à Boufarik au détriment des autochtones.
Dès l’indépendance, l’ex-ville des Oranges a connu un grand flux migratoire, pour son commerce florissant, de toutes les régions du pays, causant un peuplement rapide et une urbanisation sans précédent.
- Vous êtes à la tête de la commune de Boufarik depuis une année. Quelles sont les priorités de votre mandat?
Boufarik est classée deuxième ville, à l’échelle de notre wilaya, pour ce qui est du nombre d’habitants. Elle compte 86.000 âmes. Une fois à la tête de cette commune, notre Assemblée a commencé par cerner tous les problèmes de la cité, pour enfin faire un diagnostic et identifier l’ensemble des dossiers en attente et en souffrance, notamment l’état des routes, les écoles, l’alimentation en eau potable, l’hygiène, l’éclairage public et la réglementation du commerce.
Au départ, nous voulions rendre à Boufarik sa réputation d’antan et redorer son image et sa valeur d’une grande cité aux artères boisées d’arbres centenaires. On a commencé par la réhabilitation des grands axes du centre-ville, notamment l’ex-RN1, Bouza, Souidani Boudjemaâ, Si Benyoucef…
On a remplacé 80 platanes, et ce, avec le concours de la pépinière de la commune. Nous avons procédé au revêtement du centre rural de Bouagab pour une enveloppe de 20 millions de dinars. Deux écoles primaires et des cantines sont programmées pour réfection.Il s’agit des établissements Belouz et Belaïd.
En ce qui concerne l’hygiène, la nouvelle Assemblée a hérité d’un parc défaillant, dont presque tout le matériel roulant était inopérant. Notre intervention, avec de faibles moyens, a permis de récupérer 4 camions, l’achat d’une benne tasseuse et on a prévu un rétro-chargeur. On compte donner ce secteur (nettoiement urbain) au privé qui bénéficie du dispositif de l’Ansej, pour mieux répondre à la prise en charge du volume important de ramassage de déchets.
Concernant le marché informel, sept milliards de centimes sont destinés à l’aménagement du stade Regaz, dont les sous-gradins, donnant sur la route, seront transformés en locaux commerciaux et feront l’objet d’attribution aux 32 commerçants informels.
Nous avons consacré aussi 9,5 milliards de centimes pour restaurer le siège de l’APC, qui est considéré comme une œuvre architecturale et monument historique. Notre défi est de restaurer cette bâtisse tout en gardant son cachet orignal.
- Qu’en est-il des grands projets?
La recette fiscale de Boufarik repose sur les entrées du marché de gros des fruits et légumes, qui représentent 30% de cette recette. Cela me pousse à veiller personnellement à son évolution et son essor.
La preuve: nous avons dégagé 3 milliards de centimes pour le revêtement de ses allées. Nous avons lancé un appel aux autorités supérieures pour ouvrir une bretelle, entrée et sortie de l’autoroute, afin d’alléger le trafic routier, fluidifier la circulation urbaine et faciliter l’accès du marché aux transporteurs commerçants.
Pour le 2e grand projet, nous envisageons d’occuper le terrain de 16 ha, qui se trouve sur la partie ouest de Boufarik, proche de l’autoroute, pour réaliser, notamment, un stade de 20.000 places, une salle omnisports, une salle de gymnastique et un centre hospitalier de 40 lits.
- Vous dites que Boufarik est la deuxième ville de la wilaya de Blida, mais pauvre en recettes fiscales. Expliquez-nous ce dysfonctionnement...
Oui, la commune de Boufarik est importante, mais avec une fiscalité faible, avoisinant 50 milliards de centimes, alors que d’autres communes de moindre importance ont des recettes qui dépassent les 200 milliards!
Cela est dû à la domiciliation des grandes entreprises publiques et privées à Alger (siège social). Elles activent à Boufarik, mais le fisc suit le siège social.Cela est un peu déloyal et pas sincère de ne pas payer les impôts là où on travaille et où on produit.
Mais malgré cette recette faible, nous arrivons à joindre les deux bouts. Rien que pour l’exemple, les sportifs ont eu leur subvention pour un montant de 6,7 milliards de centimes, répartis comme suit: le WAB a bénéficié de 3,617 milliards pour ses cinq équipes (basket, foot, gym, boxe et cyclisme) et le reste pour d’autres disciplines. Sans oublier la part de la culture, où un projet de réhabilitation de la fameuse salle Colysée est inscrit.
- Où sont passés les oranges de Boufarik?
Ah ! Allez faire un tour dans les vergers et vous constaterez que la région a été envahie par un nouveau colonialisme détruisant tout ce qui est vert et nature. Le phénomène s’appelle «bétonisation». Autrefois, Boufarik exportait le fruit à la pulpe à la couleur rouge vers l’Europe et d’autres pays.
D’ailleurs, c’est dans cette ville même que la célèbre boisson mondiale Orangina a connu ses débuts. Boufarik, c’est aussi sa fameuse zlabia et son jus fait maison appelé cherbet.
Chaque Ramadhan, la ville de Boufarik reçoit des milliers de personnes venant de partout pour s’approvisionner en zlabia et en cherbet.
Nous voulons en profiter pour «institutionnaliser» une journée dédiée à la zlabia, qui sera fêtée le quinzième jour du mois de Ramadhan.
B. B.
Posté Le : 06/11/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: © D. R. ; texte: B. B.
Source : El Watan.com du mardi 5 novembre 2013