Histoire de la Ville de Blida et son saint patron Sidi Ahmed El Kébir :
L’expression BLIDA, que les arabes prononcent « EL-BLIDA » signifie la petite ville .
Des 1830 des savants ont essayé de déterminer l’origine de cette ville dont le nom, parfaitement Arabe ,est pourtant suffisamment significatif.
Mais les amateurs de choses romains prétendirent que BLIDA avait été construite sur les ruines de BLIDA-COLONIA.
Cette quasi-similitude des noms ne pouvait, en effet que les tenter.
Or, BLIDA-COLONIA fut retrouvé, prétend-on, dans la vallée du sebaou, ce qui dérangea tout a fait leur combinaison.
D’ailleurs , les fouilles faites sur l’emplacement de la BLIDA actuelle , ainsi que les bouleversements dus à de terribles tremblements de terre , ne permirent pas la découverte de débris romains dans ce sol tant de fois remué.
Du reste, à défaut de pièces de monnaie et médailles ,une raison capitale ne nous permet pas de supposer que BLIDA fut romaine. Ce peuple militaire qu’étaient les romains n’auraient certainement pas choisi le cul-de sac, au fond duquel BLIDA est assise, pour y établir une colonie défensive.
Mais rien de précis ne permit d’établir la chose.
D’autres savant ont affirmé que BLIDA avait succédé à sufasar ?
Des géographes arabes ont située BLIDA sur l’emplacement d’une ville qui, selon les uns , se serait nommée « MITIDJA » et d’après les autres , « MAZROUNA ».
Mitidja et Mazrouna formaient-elles un même centre de population ?
Toujours est-il, disent ces savants arabes, que la populations fut anéantie par des tribus zénatiennes et que , pendant longtemps, on trouva, dans la région, plus âme qui vive.
Quelques auteurs modernes vont enfin, plus loin en donnant à BLIDA une origine mythologique. Ces historiens ont, en effet, situé BLIDA sur l’emplacement des jardins aux pomme d’or des trois filles d’atlas et d’Hesperis.
Mais BLIDA ne pouvait, en définitive, être qu’une ville arabe dont le passé n’est pas lointain.
Créée à proximité des belles eaux de la source de SIDI AHMED EL-KEBIR, de découverte évidemment récente, puisque la légende les attribue à ce saint Marabout qu’est SIDI AHMED EL-KEBIR, BLIDA n’était à l’époque (1519) qu’une DECHRA (village) de onze gourbis situés en un point nommé HEDJAR SIDI-ALI(emplacement de l’actuel marché européen).
Un jour, en effet - c’était vers 1519 - un voyageur venant probablement de l’est, cheminait péniblement suivant la rive droite d’un oued, dans un ravin recouvert de grenadiers.
Il marchait nu-pieds, et bien qu’il fut jeune - il paraissait avoir quarante-cinq ans environs - il appuyait sur une espèce d’épieu qu’il plaçait, à chaque pas, prudemment devant lui .
Il était visible, que ce devait être un saint homme, plus occupé des choses du ciel que de celle de la terre. Un chapelet, passé à son cou, indiquait qu’il était « M’RABOTH » (Marabout) c’est-à-dire attaché, lié, au service de Dieu.
Soudain, comme si ce fut la volonté du tout-puissant, il s’arrêta en un point de jonction de deux ravins, il avisa, sur sa gauche, un épais bouquet d’oliviers et de micocouliers, vers lequel il se dirigea.
Le site parut lui plaire ; car un sourire de satisfaction vint dérider son visage d’ascète, il remercia Dieu par une prière de deux RIKAAT (génuflexions) et il installa là son gourbis.
Cet homme était l’illustre SIDI AHMED EL-KEBIR , le pieux, le savant, le dévot, le tempérant, l’Humble, la perle de son époque, la merveille de son siècle : Un Ami de Dieu.
Par deux fois, il avait visité la Mecque , par deux fois il avait prié prés du noble Mausolée du prophète(QSSL).
Cet homme avait vu l’Andalousie ; il avait posé son front sur les dalles sacrées de la merveilleuse mosquée de Cordoue ; il avait pleuré sur Grenada , qui s’écroulait et qui entraînait, dans sa chute, les restes de la puissance africaine en Espagne.
Et Dieu venait de lui confier une dernière mission :celle de transformer ce pays rocailleux et desséché en de merveilleux jardin d’EDEN.
Pour cela, il lui fallait l’eau nécessaire à la vie.
Pendant plusieurs jours, il fouilla les ravins, les dépressions, les bois, les crevasses. Mais tout était ses sous un soleil de plomb. Il ne se découragea pas ; car Dieu était avec lui.
Et, comme par l’effet d’une révélation subite, SIDI AHMED EL-KEBIR tourna brusquement à sa droite et se dirigea, sans hésiter , vers un point . Une source était là :il venait d’atteindre son but. « DIEU SOIT LOUE » s’écria-t-il.
Les belles eaux de cette sources cascadaient , argentées, folâtres, tant, nulle part, leur présence bienfaisance.
Aussi fallait-il les orienter toutes vers un même point.
Obtenir ce détournement était chose facile pour ce saint homme, AMI de DIEU.
A peine SIDI AHMED EL-KEBIR avait-il commencé son oraison, que les eaux s’arrêtèrent, inquiètes, sur les pentes ou elles stationnèrent pendant quelques instants.
Le saint Marabout avait fini de prier. Et les eaux étaient encore indécises.
Aussi, devant leurs embarras, il y mit un terme en leur ordonnant, au nom de dieu, de le suivre.
Aussitôt, comme un chien fidèle, qui a reconnu son maître, elles s’élancèrent, joyeuses, dans ses traces, transformant tout sur leur passage, pour atteindre ensuite cette vallée de grenadiers ou SIDI AHMED EL-KEBIR avait installé son gourbis et pour aller, enfin, se répandre dans la plaine.
Le saint homme avait ainsi apporté , dans ce pays le bienfait de Dieu.
HEDJAR SIDI ALI était donc le nom de ce hameau de onze gourbis, dont les jardins , autour de lui, n’étaient alors que de maigres vergers ou l’on ne rencontrait que des figuiers, des amandiers et de grenadiers.
En faisant jaillir cette source, le Marabout SID AHMED EL-KEBIR ne pensait pas que le bien qu’il croyait donner à la population de HEDJAR SID ALI allait être une cause de discorde entre les gens du petit hameau et les propriétaires des jardins des OULAD SOLTAN (l’actuel quartier Musulman) .
Ce furent, en effet, des rixes quotidiennes. Les habitants de HEDJAR SIDI ALI et ceux des OULAD SOLTAN se disputaient l’eau de source.
Un jour, à la suite d’une querelle qui s’était terminée par la mort de l’un des combattants, le saint Marabout entra dans une grande colère et frappa de son épieu la source et la rivière, en leur ordonnant de s’arrêter.
Soudain, l’eau de la source cessa de jaillir et celle de la rivière disparut dans le gravier.
Ceci se passait évidemment en été.
Aussi, au bout de trois ou quatre jours, la vie paraissait, de ces jardins hier encore si fraîchement verts, s’être retirée. Tout se flétrissait sous l’haleine de feu d’un soleil impitoyable. Tout arbre et plante, prenait déjà teinte jaunâtre qui annonce la mort des végétaux.
C’était donc la désolation pour les habitants d’HEDJAR SIDI ALI et pour les habitants d’OULAD SOLTAN. Tous se sentaient bien coupables, mais ni les uns ni les autres n’osaient aller demander leur pardon au saint. Ils le savaient d’ailleurs fort irrité contre eux.
SIDI AHMED EL-KEBIR était pourtant bon, mais sa colère était terrible. La situation de ses braves gens repentants allait donc en s’aggravant. Elle était sans issue. C’était pour eux la mort certaine.
Aussi songèrent-ils à demander l’intervention d’un autre saint, auprès de SIDI AHMED EL-KEBIR, cet autre saint, au nom de SIDI MOUJBEUR , était chef de la confrérie des BENI KHELIL dont la Zaouia était située à quelques kilomètres au nord d’HEDJAR SIDI ALI et des jardins d’OULAD SOLTAN.
SIDI MOUDJBEUR avait profité, lui aussi, des bienfaits de la source que SIDI AHMED EL-KEBIR avait jaillir.
Et bien qu’il ne fut pour rien dans la querelle de ses voisins, le saint ne souffrait pas moins des conséquences de la mesure sévère qu’avait prise à leur égard SIDI AHMED EL-KEBIR.
Aussi les habitants de HEDJAR SIDI ALI et ceux d’OULAD SOLTAN pensèrent que SIDI MOUDJBEUR serait facile à convaincre et que son intervention, apurés de saint, serait efficace.
SIDI AHMED EL-KEBIR ne pouvait, en effet, pas repousser l’intervention de son saint collègue.
SID AHMED EL-KEBIR , dont la colère était déjà calmée, reçut fort bien SIDI MOUDJBEUR qu’il connaissait d’ailleurs de réputation. Aussi le marabout de SIDI KHELIL n'eut-il pas besoin de faire des frais d'éloquence pour obtenir ce qu'il désirait. La cause était donc gagnée.
D'ailleurs, SIDI AHMED EL-KEBIR était, dans son for intérieur, très heureux de pouvoir montrer à SIDI MOUJBEUR combien était grand son pouvoir.
Il l'emmena donc sur le rocher dans lequel était enfermée la source. On entendait l’eau y bouillonner tumultueusement. Après une courte prière, les eaux en jaillirent, fougueuses et bondissantes, pour aller rendre la vie et la fraîcheur aux arbres et aux plantes.
SIDI MOUDJBEUR ne perdit rien à cette démarche auprès de son collègue ; car ce dernier lui fit don, à perpétuité, du tiers des eaux de la source.
Quant aux gens de HEDJAR SIDI ALI et ceux des OULAD SOLTAN ils allèrent, en masse, remercier SIDI AHMED EL-KEBIR.
Ils lui promirent de ne plus se quereller, d’écarter le « Chitane » (Satan) et de mettre, dans le partage de l’eau, toute l’équité dont ils étaient susceptibles.
OULAD SOLTAN et gens de HADJAR SIDI ALI allaient donc désormais vivre heureux .
Mais dix ans après, c’est-à-dire vers 1535, des MAURES andalous chassés d’Espagne, qui étaient venus s’installer sur le littoral, décidèrent d’aller planter leurs guitounes auprès de la demeure de SID AHMED EL-KEBIR , dont la réputation de sainteté.
Les nouveaux venus s’installèrent donc entre HEDJAR SIDI ALI et les jardins des OULAD SOLTAN. L’accueil ne fut pas très cordial. Des incidents éclatèrent aussitôt. Et les MAURES andalous, chassés de partout, tournèrent leur regard vers SIDI AHMED EL-KEBIR , dont ils sollicitèrent aide et protection.
Le grand saint la leur donna. Et les gens d’HEDJAR SIDI ALI et ceux des OULAD SOLTAN , qui se souvenaient encore de la colère du grand Marabout, à l’occasion de leurs dissensions sur le partage de l’eau, acceptèrent, malgré leurs répugnance pour les andalous, auprès d’eux, ces intrus.
Sous la protection de SID AHMED EL-KEBIR et grâce à la bienveillante attention du pacha KHEIR EDDINE, qui facilita leur installation, les MAURES andalous avaient retrouvé une patrie.
Bien qu’ils eussent conservé les clés de leurs maisons d’Espagne, ils se mirent sérieusement à l’ouvre ; ils construisirent des habitations qui marquèrent la naissance d’une ville future.
Le pacha KHEIR EDDINE était devenu l’ami du saint Marabout SIDI AHMED EL-KEBIR. Aussi, accorda-t-il à celui –ci tout ce qu’il désira. C’est ainsi qu’il décida que serait construit, à ses frais, une Mosquée, un four banal et une étuve, sur l’emplacement que choisirait SIDI AHMED EL-KEBIR.
Ce dernier s’empressa donc de faire construire la Mosquée, le four banal et l’étuve sur l’emplacement actuel de la place d’armes.
C’est autour de ces trois établissement que construisirent les habitations des andalous. Les gens de HEDJAR SIDI ALI et ceux des OULAD SOLTAN eurent tendance a se rapprocher des Maurisques, en construisant également des maisons en maçonnerie qui remplacèrent leurs gourbis.
La Mosquée, le four banal et l’étuve permirent de nouer les relations ; et, bientôt, les deux populations n’en formèrent qu’une seule sous la dénomination de « EL-BLIDA ».
La petite ville se constitua donc avec l’aide, et sous la protection du saint Marabout.
La fondation de BLIDA date donc de 1535.
Le célèbre Marabout voyageur :SIDI AHMED BENYOUCEF de MILIANA, enthousiasmé par la fraîcheur et la beauté du site, se serait écrié en découvrant BLIDA : « ON T’A NOMMEE EL-BLIDA !(la petite ville), MOI JE T'APPELLE EL-OURIDA ! (la petite rose). »
Hélas, des fléaux de toutes sortes s’abattirent sur la malheureuse petite ville avec une intensité et une continuité des plus opiniâtres.
Depuis l’invasion périodique par les sauterelles, jusqu’aux plus terribles tremblements de terre, en passant par les épidémies de pestes les plus graves.
L’ épidémie de peste dont BLIDA a le plus souffert, fut celle de l’année 1817, au cours de laquelle il mourut 70 personnes par jour. Le fléau dura un an. La population était à l’époque de 7000 habitants.
En 1825, BLIDA était à peine remise de ses pertes qu’un autre fléau s’abattit sur elle.
C’était le 5 mars. Soudain, dans l’après-midi, une épouvantable détonation souterraine se fit entendre- la terre se mit à trembler- les minarets des Mosquées pivotèrent sur eux-mêmes. Chaque maison fut soulevée hors de ses fondations. En quelques secondes, dans un tumulte effroyable, toute la ville ne fut que décombres. Chaque maison, chaque chambre devint un tombeau. La moitié de la population était là, ensevelie. Aucun être vivant ne put sortir de dessous les ruines. 3000 personnes avait péri ce jour-là, sur 6000 habitants que comptait alors BLIDA.
Les survivants abandonnèrent les ruines et installèrent des gourbis un peu plus au nord, à proximité de l’emplacement actuel du village de MONTPONSIER.
L’agha YAYA , que le Pacha d’ALGER avait envoyé pour secourir cette malheureuse population, encouragea les rescapés à reconstruire leur ville sur un autre emplacement. C e fut BLAD EL-DJEDIDA (la nouvelle ville) située à deux kilomètres au nord de BLIDA.
Mais les maçons mirent plus d’un an pour terminer l’enceinte de BLAD EL DJEDIDA.
Photo By Mustapha Blidacity
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Posté Le : 19/01/2017
Posté par : nemours13
Source : le patrimoine de l'algerie