Blida - Ecole de la rue Tirman (Ecole primaire et maternelle), Blida

Ecole de la rue Tirman (Ecole primaire et maternelle), Blida Blida

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L’établissement de style mauresque, là où on était scolarisé à Blida et qui est situé au centre ville à quelques centaines de mètres du « marché arabe » ou « blacette el arab », avait pour nom Louis Tirman, un ancien gouverneur général de l’Algérie française. C’était une école maternelle et primaire qui n’acceptait dans ses classes que les enfants indigènes ; et non pas un seul français d’origine. La progéniture des colons et de leurs suppôts, était plutôt scolarisée dans des écoles qui dispensaient un soi-disant enseignement de meilleure qualité, à savoir Cazenave et Bonnier. Celles-ci étaient situées aux deux extrémités du centre ville, l’une par rapport à l’autre. Cazenave était très proche des jardins Ricci ou « Bab Erahba » et plus haut que l’école Tirman. Quant à Bonnier, l’établissement se trouvait à quelques centaines de mètres du Bois sacré, pas très loin de l’ex hall aux tabacs et du marché de gros aux fruits et légumes. Un choix raciste et inapproprié, décidé par les occupants illégaux du pays, au motif aléatoire que nous étions des gamins asociaux et plus particulièrement instables et agressifs, tout comme nos parents respectifs. Ces derniers se dissociaient de fait de cette accusation délétère et surtout improductive. Ce qui a valu à cette structure pédagogique, le surnom exagéré et mal à propos d’école des « swafadjs » », traduire des marginaux ou voyous. Pourtant plusieurs personnalités connues et méconnues, également des hommes de lettres, avaient transité dans cet établissement, lors de leurs toutes premières années scolaires. Certains de mes compagnons de classe en cours moyen de la première et deuxième année (CM 1 et 2), sont redevenus plus tard wali (préfet), un autre directeur régional des Douanes Algériennes, des professeurs d’universités etc.. Mr Tanguy le directeur de cette structure pédagogique, ne laissait rien au hasard, toujours à l’affut de la moindre imperfection qu’il aura à constater. Il nous rendait visite dans la classe en plein cours, à l’improviste, sans même s’annoncer. Toutefois, on s’apercevait vite de sa présence, grâce aux semelles en crêpe de ses souliers qui faisaient un bruit particulier au contact du sol. Des professeurs aguerris et d’une grande correction nous avaient inculqué leur savoir, dont on peut citer sans risque de se tromper, l’excellent et inoubliable monsieur Azzoug, ensuite monsieur Fellague. Ne pas oublier également madame Luciani, qui était en charge de la classe maternelle. Monsieur Azzoug nous lançait à chaque occasion cette phrase, inoubliable pour certains d’entre nous, question de nous booster et nous inciter à mieux nous appliquer : « Étudiez, étudiez, sinon vous serez contraints d’aller vendre du l’ben ! » L’ben voulait dire le petit lait. Un homme merveilleux et un professeur émérite, que Dieu lui fasse grâce de toute sa miséricorde. Une école indigène ou école « arabe/française », qui nous avait permis d’acquérir les premiers rudiments de la langue de Molière, nonobstant les aléas de la vie et plus particulièrement la guerre. Mes souvenirs sont restés intacts, malgré le poids des ans.
Maidi Abdelkader - Auteur - Alger, Algérie

20/06/2023 - 555518

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