Biskra - Handicapés

Journée nationale des handicapés à Biskra: Le cri du cœur de Camel Hadj-Youcef



Journée nationale des handicapés à Biskra:  Le cri du cœur de Camel Hadj-Youcef




Ce qui offusque le plus Camel Hadj-Youcef, ce n’est pas tant son handicap physique, conséquence d’une poliomyélite contractée à l’âge de 3 ans, mais plutôt le regard des autres sur les handicapés et le traitement inique qu’on leur réserve sous nos cieux dans la majorité des cas, dit-il la voix embuée d’acrimonie et de colère enfouie.

Deux faits survenus dans la vie de cet homme l’ont fortement peiné; le décès de son père et une sanction professionnelle que lui a infligé sa hiérarchie, pour avoir émis un rapport interne visant l’amélioration des programmes diffusés sur les ondes de la radio.

Il n’agrée ni les gestes outrageusement compassionnelles, ni le ton méprisant affiché par certains à l’endroit des personnes à mobilité réduite, ou vivant avec des incapacités. Il demande juste, pour lui et tous les individus atteints d’un handicap, des droits tels que définis dans les textes de lois.

Cet ingénieur du son, réalisateur à la radio des Ziban, âgé de 47 ans, totalisant 25 ans de travail au service de la radio nationale, est sans équivoque, «la vie des handicapés à Biskra est déplorable», témoigne-t-il. Pour preuve, il rappelle que les rues et ruelles sont impraticables pour les chaises roulantes, que les bâtiments publics, hormis la poste centrale, ne sont pas conçus pour faciliter l’accès aux handicapés et cela en dépit des recommandations de l’OMS et que la maigre pension mensuelle de 3.000 DA, distribuée à cette frange de la population est indigne d’un pays comme l’Algérie.

«J’ai quitté Alger pour Biskra parce que j’habitais un appartement au 7e étage d’un immeuble dépourvu d’ascenseur. J’ai une voiture aménagée et je vis comme tout le monde mais beaucoup d’handicapés n’ont pas réussi à avoir un travail, une situation professionnelle et une famille.

Un handicapé doit fournir trois plus d’efforts qu’un individu dit valide pour réussir sa vie. Je rends grâce à l’école algérienne qui m’a permis d’étudier, à mon épouse et mes enfants pour leur soutien et leur compréhension», raconte-t-il.

En cette journée nationale dédiée aux handicapés, Camel Hadj-Youcef exhorte les autorités nationales, les walis, les élus locaux et les députés à prendre conscience des difficultés endurées par les handicapés, représentant 15% de la population mondiale, et à œuvrer pour améliorer leurs conditions de vie.

«C’est une question de dignité humaine et d’honneur pour notre société», conclura-t-il.


Hafedh Moussaoui




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