Biskra - HISTOIRE

Historique d'El-Kantara



Historique d'El-Kantara
EL-KANTARA doit son nom au pont romain situé dans les Gorges. Pour aller du Nord vers le Sud, c’était l’unique passage qui enjambe l’Oued El-Haï, jadis regorgeant d’eau qui murmurait au fil de son lit, creusant les méandres, petites falaises où le barbeau foisonnait. De nombreuses caravanes empruntèrent ce pont. Les nomades fuyant les premières chaleurs et l’aridité des terres se rendaient au Nord à la recherche d’une verdure reposante, emmenant personnes et animaux, et n’en redescendaient qu’aux prémices de l’automne. Ils disaient qu’ils passaient par « el-gantra », c’est à dire en arabe le pont. Et ainsi ce nom est resté jusqu’à ce jour.
EL-KANTARA, le CALCEUS HERCULIS des Romains, ainsi
nommé sans doute parce qu’on prétendait que le défilé était ouvert par un « coup de pied d’Hercule », devait être dans l’antiquité un poste militaire important. Les recherches de GASTON DE VULPILLIERES ont aidé à établir que deux corps d’archers, originaires de PALMYRE et de HEMESE en SYRIE, y tenaient garnison. Mais, il est sûr que des citoyens romains originaires
d’Afrique servaient dans l’unité de « Palmyréniens » qui, à EL-KANTARA et plus au sud encore sur la route de Laghouat, consacraient des dédicaces à un dieu de Palmyre, Melagbêl.
C’était au XI° siècle, que vinrent les Beni-Hillel, puis les Turcs et El-Mokrani leur succédèrent et passèrent à leur tour par ce pont comme un souffle de vent. Napoléon III et les Français croyaient qu’ils allaient rester éternellement en Algérie, ils se trompèrent ; cependant ils y laissèrent des traces et gravèrent leurs noms sur le pont romain lors de sa restauration.
Le nationalisme a commencé à renaître depuis l’avènement de l’Etoile Nord-Africaine puis le PPA (Parti du Peuple Algérien) , partis créés par MESSALI EL HADJ.
El-Kantara, alors petit village, suivit le mouvement à l’instar de l’ensemble du pays. Grâce à d’éminents patriotes (RAMDANE Mohamed Salah, Ahmed BENDIAB, MOKDAD Messaoud,
BENGHEZAL Maâmar et Mohamed, BELLAL Mohamed Chérif, BENHAFID Moussa, BELAID Messaoud et tant d’autres) et sous la conduite des frères SOLTANI (Abdellatif et Lamine), la
population d’El-Kantara a pris le nationalisme à juste titre.
Un groupe scout créé vers 1944 a inculqué à la jeunesse l’amour de la patrie et du patriotisme, sous la conduite de CHERHABIL Boubekeur Seddik et BENDIAB Mohamed.
Les candidats présentés par l’Administration coloniale au cours d’élections ou scénarios d’élections n’ont jamais pu battre ceux des partis d’opposition présentés par l’UDMA (Union Démocratique du Manifeste Algérien) , LE MTLD( Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques) ou le PCA(Parti Communiste Algérien).
Le peuple prenait peu à peu conscience de la réalité, il sut son devoir, ses droits et ses avantages. En 1946, avec la disparition des Caïdats(Le Caïd était celui qui dirigeait les affaires de la population) et la création du Centre Municipal, une certaine autonomie d’action était déjà acquise.


Pendant la Révolution de 1954

Ainsi, quand le Premier Novembre enflamma les espérances des Algériens et leur donna espoir en leur liberté usurpée, les Kantris étaient bien préparés pour la lutte et la libération de leur pays.
Pendant les années 1955 et 1956, El-Kantara s’intégrait lentement mais sûrement dans cette avancée vers la voie qui allait briser les chaînes de l’impérialisme. Toute la population, grands et petits, participa avec ses moyens à cette révolution libératrice ; les jeunes commençaient à rejoindre la glorieuse Armée de Libération Nationale(ALN), les femmes tissaient les burnous et les kachabias, taillaient et cousaient les uniformes et les drapeaux et préparaient les repas. El-Kantara fut un point stratégique de ravitaillement : chaque jour et chaque nuit, d’immenses quantités de produits alimentaires et vestimentaires transitaient à dos de mulets et d’ânes vers leurs destinations précises grâce aux valeureux moussebilines (maquisards).
Des actions de guérilla et de sabotage ont été réalisées à El-Kantara : coupures de poteaux téléphoniques, minage de la voie ferrée pour faire sauter les trains et, à cet effet, El-Kantara est devenue « Le tombeau des trains » grâce à une équipe de mineurs spécialisés dans le minage des trains de marchandises particulièrement, causant ainsi de lourdes pertes à l’ennemi(carburant brûlé, marchandises diverses avariées, munitions et véhicules détruits, soldats tués, etc…) . Il y a eu 58 minages de trains à El-Kantara et ses environs (Skhoun,El-Ouldja, El-Graphe, Chabet Thaâleb, Oued Aghroum …)
EL-KANTARA, tombeau des trains.
1956 : C’est la découverte du pétrole au Sahara. L’arrivée des Sociétés multinationales. C’est le fameux : « Le Sahara, c’est la France »La France se prépare à exporter ce précieux liquide vers la Métropole. EL-KANTARA, à l’instar des autres régions de l’Algérie, est décidée à mettre un frein à ce vol des ressources naturelles. C’est ainsi que s’organisèrent des équipes de mineurs qui firent sauter des trains transportant du pétrole, mais aussi des vivres, des munitions, du matériel et des troupes. Ces opérations de minages réussies au nombre de 58, ont causé à la France de considérables pertes économiques dont le bilan se chiffre à plusieurs milliards de francs.
C’est ainsi que la riposte de l’Armée française ne se fit pas attendre et vint durement : dès 1956 El-Kantara était désignée comme zone opérationnelle et de nombreux raids furent lancés contre les montagnes environnantes.
Un aérodrome a même été aménagé dans l’emplacement de l’actuel stade. En 1958, pour 4.500 habitants, il y avait à El-Kantara 2.500 militaires français ou à leur solde (harkis).Tout le village fut quadrillé, des patrouilles et des rondes continuelles sillonnaient la palmeraie et tous les quartiers ; des patriotes étaient exécutés pour intimider les ravitailleurs. Le village fut totalement entouré de fil barbelé, de mines anti personnelles et le couvre-feu qui fut instauré depuis le 4 mars 1956 n’a jamais été levé (de 17 heures à 6 heures du matin). De grandes rafles furent organisées au cours desquelles toute la population fut rassemblée de force sur la place du village. Certaines personnes arrêtées au cours de ces rafles ne sont jamais revenues (Comme les 07 Chahids : KHOULIFI Noureddine - HECHAICHI Belkacem - ABDAOUI Lakhdar - MENINA Ahmed ben Said - BELANANI Salah - AMRANE Salah - ABDELAZIZ Amor.
Mais tout continuait à marcher malgré cela, les cotisations payées régulièrement et l’approvisionnement assuré, bien que des fouilles périodiques et systématiques aient été pratiquées dans les maisons et les jardins. Rien n’est venu à bout de ce peuple courageux et fier, ni DODO et ses perfides mokhaznis (harkis ou goumiers) ni le sanguinaire capitaine GAILLARD et son deuxième bureau, ni les centaines de soldats qui sillonnaient la région.



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