Hamid Grine nous emmène sur les allées d’une mémoire qui regorge de sensibilités et du désir avoué de redonner à ses personnages une aura humaine.

Sur les allées de ma mémoire, de Hamid Grine : Des reflets de rencontres intéressantes Hamid Grine nous emmène sur les allées d’une mémoire qui regorge de sensibilités et du désir avoué de redonner à ses personnages une aura humaine. Le journaliste, romancier et essayiste Hamid Grine qui, est désormais confortablement installé dans le turbulent mais ô combien truculent et sensible domaine de la littérature, vient de publier aux éditions Casbah, un recueil de près de 300 pages qui rassemble une série de portraits caustiques mais dans le fond débordant de tendresse ou de dérision et d’humour sur des célébrités de la scène politique ou littéraire algérienne qu’il a croisées un jour sur sa route et lui ont donné parfois à leur insu matière à produire des textes, à confectionner des portraits sur mesure, faisant surgir les faits saillants de leur personnalité. Ce sont parfois de simples citoyens qui se sont distingués en toute humilité par un caractère singulier qui fait justement toute la différence, une trajectoire de vie qui sort des sentiers battus avec un bon sens populaire dont l’auteur, en fin observateur de sa société, aura saisi un court instant la profondeur et la particularité : «ces portraits pris sur le vif pour le quotidien Liberté, il faudrait les tenir pour ce qu’ils sont : des instantanés qui donnent juste un reflet de quelques rencontres et de quelques modèles, ou qui me paraissent comme tels» en guise de préambule à l’ouvrage qui présente outre le contenu fort consistant et attrayant par l’écriture, une couverture représentant des ombres ou des silhouettes furtives en plein mouvement. C’est à vrai dire ce même mouvement de la pensée cachée comme un talisman chez l’Autre dans sa dimension intellectuelle que le portraitiste a voulu faire ressortir à travers le prisme de ses sentiments intérieurs puis- qu’il ajoute plus loin : «Dans l’ensemble je n’ai voulu voir que le côté lumière de mes personnages; l’ombre, je la laisse aux historiens et à leurs proches, car c’est dans la proximité du quotidien que l’homme se révèle vraiment sans masque et sans pose (…) Pour moi, il y a juste des humains dont j’ai voulu mettre en valeur les qualités que je leur prête. Souvent eux-mêmes ne se sont pas reconnus. Ils pensaient que c’était trop ou pas assez», écrit-il. Avec une plume qui taquine, blesse ou chatouille simplement les personnes ou ce qu’elles ont pu apporter, loin de moraliser sur les sujets qu’elle se propose d’éclairer ou d’accentuer certains traits avec un zeste d’affection ou de distance, Hamid Grine nous emmène sur les allées d’une mémoire qui regorge de sensibilités et du désir avoué de redonner à ses personnages, pour certains de parfaits inconnus, cette aura humaine, ce soupçon d’authenticité qui l’ont profondément marqué. Par ailleurs, l’ouvrage s’avère être une excellente et originale initiative que celle de compiler une sélection de portraits pour en faire un livre que l’on peut à loisir lire et relire à tête reposée. L. Graba El Moudjahid