Littérature numérique : modes de présentation et modalités de réception
Inter et Transmédialité : Circulation générique et valeurs transactionnelles en contexte numérique
Faculté des Lettres et des Langues de l'Université de Biskra
les 5 & 6 décembre 2022
De tout temps, l’Homme a eu besoin de relations et de sociabilité pour échanger avec ses semblables, qu’ils soient à proximité ou à des distances de plus en plus grandes qu’il a fallu vaincre. Ce besoin de communication s’est toujours appuyé sur des moyens technologiques, qu’il a lui même suscités, allant de la convergence numérique aux médias. Comme notre culture est entrée il y a près d’un demi-siècle dans l’ère numérique, elle s’est employée à modifier ses techniques de production, ses canaux de diffusion et ses modes de consommation, cette mutation a particulièrement réformé les frontières traditionnelles des arts et des médias. Ainsi, cette ère contemporaine voit le numérique comme une expérience et surtout un tournant qui induit de profondes transformations dans notre humanité même, nous donnant des outils et permettant, à partir de diverses pratiques, de comprendre l’actualité mouvante de notre monde.
Philippe Tassi avance que « Pour s’exprimer, communiquer, transmettre, convaincre, témoigner, divertir, apprendre, manipuler, l’Homme a fait preuve d’une imagination sans borne : peinture rupestre, écriture, volumen, codex, livre, coursier, peinture, télégraphe, photographie, cinéma, téléphone, radio, télévision, Internet… » [1]. Ces créations, le plus souvent collectives, se perpétueront avec la même créativité due à la cohérence de cet ensemble favorable à une pensée qui s’expérimente avec d’imperceptibles transformations des formes nouvelles, des pratiques en devenir, qui, bientôt, auront totalement changé nos existences.
Beaucoup d’ouvrages offrent un vaste panorama des nombreuses transmutations des productions artistiques depuis l’apparition des technologies numériques, une introduction à l’étude des cultures numériques de Raphaël Baroni et de Claus Gunti est une synthèse qui vise non seulement à retracer l’évolution significative de différents médias (littérature, théâtre, conte, bande dessinée, photographie, cinéma, télévision et jeux vidéo), mais aussi à envisager le phénomène de la convergence médiatique offrant une esquisse très large des principaux paradigmes (transfictionnalité, remédiatisation, interactivité, immersion, effets spéciaux, etc.) liés à l’essor des cultures numériques et de leur impact sur les formes narratives et fictionnelles, l’enseignement et la critique. D’autres ouvrages et articles, à leur tour, proposent un vaste et riche panorama du Tournant numérique de l'esthétique, développé par Nicolas Thely, abordant les relations des Médias, culture et numérique annoncées par Gérôme Guibert, Franck Rebillard et Fabrice Rochelandet.
Notre colloque essayera à travers cette dynamique reliant les médias à leurs communautés grâce aux évolutions technologiques et aux nouveaux supports médiatiques numériques de démontrer l’impact du numérique sur les médias dans un premier temps surtout que cette dynamique « intermédiatique ou intermédiale » est un « espace à la fois réel et symbolique constitué par les médias et leur rapport avec les communautés » [2]. Et dans second temps, de dévoiler que le phénomène de la convergence médiatique n’a pas conduit à la disparition des médias traditionnels, mais a plutôt témoigné de leur fertilité consentant leur intégration dans un mouvement créatif transdisciplinaire engendrant, par là, un processus d’interartialité, considéré par Walter Moser comme une « Archéologie de l’intermédialité ».
Ainsi, la notion « d’intermédialité » fut conçue dans les débats contemporains vers les années 60 par l’artiste et théoricien britannique Dick Higgins qui d’après lui, c’est une alternative pour les artistes de révéler leur créativité. L’intermédialité a été introduite au sein des études médiatiques allemandes comme outil théorique et méthodologique démontant la relation entre divers médias et depuis les années 80, les études interartistiques développées par Werner Wolf, Claus Clüver et Walter Moser se sont penchées sur les échanges entre la littérature, les images et la musique considérant les processus de métamorphoses dans l’œuvre littéraire (adaptation, transécriture, réécriture, remédiation, recyclage…) comme ouverture vers un espace de dialogue foisonnant, polymorphe, multidirectionnel, entre les médias. L’intermédialité est donc cette dynamique qui permet la création, l’évolution de médias et « la coprésence de plusieurs médias dans une œuvre d’art ».
Parmi les références intermédiales, Irina O. Rajewsky invoque « des phénomènes tels que l’écriture filmique, la musicalisation de la littérature, ou les références filmiques à la photographie, à la peinture ou au théâtre, la transposition d’arts, les tableaux vivants, la peinture photoréaliste, etc. ». La transmédialité, quant à elle, est un terme issu du concept anglais « transmedia storytelling », « narration transmédia ». La narration transmédia, créée par Henry Jenkins en 2003 est « le processus de déploiement d'œuvres de fiction caractérisé par l'utilisation combinée de plusieurs médias pour développer une expérience unifiée et cohérente » [3]. Avec l’évolution du concept, le transmédia converge vers la création d'univers narratifs multiples et variés comme dialogue hybride entre différents médias et genres (littérature, théâtre, essais, contes).
Axes du colloque : (liste non exhaustive)
Des médias au transmédia ;
Transition numérique des médias : les médias dans le contexte numérique ;
L’interartialité et l’intergénéricité ;
La transécriture : L’adaptation cinématographique ;
Le cinéma, sujet et objet de l’intermédialité
Le théâtre cinématographique ;
La fabrique transmédiatique du conte en film
La transmédialité du conte ;
Transposition audiovisuelle du conte ;
Réinterprétation du conte traditionnel : Le conte controversé;
Le mythe et l’intermédialité (les comics et le cinéma) ;
Réécriture transmédiatique des mythes ;
La photographie entre archives mémorielle et transposition en contexte numérique ;
Raconter l’histoire à l’ère du numérique ;
Intermédialité et Interculturalité ;
Intermédialité et interdiscours ;
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Les propositions de communication, résumés en français et en anglais de 300 mots maximum, accompagnés, sur une page à part, d’une biobibliographie, doivent parvenir, avant le 15 août 2022 à l’adresse suivante :
littnum.biskra2022@gmail.com
Calendrier :
Envoi des propositions : 15 août 2022
Notification de l’acceptation : 5 septembre 2022
Date du colloque : du 05 au 06 décembre 2022
Envoi des articles complets : 15 avril 2023
Acceptation définitive des articles : 31 mai 2023
Publication des actes du colloque : décembre 2023
Le colloque se tiendra en mode hybride (présentiel et distanciel)
[1] Philippe TASSI, Les médias et leurs fonctions : du paléolithique au numérique, Paris, Editeur : Caen : Éditions Management et Société, Collo. « Questions de Société », 2021.
[2] Germain LACASSE, « Intermédialité, deixis et politique », Cinémas, vol. 10, nos 2-3 (2000), p. 86.
[3] Henry JENKINS (MIT), Transmedia Storytelling, Technology Review, 15 Janvier 2003.
Références bibliographiques
1- Philippe BOOTZ, cité par Nathalie LACELLE et Prune LIEUTIER, « Littérature numérique : typologie, caractéristiques et écriture collaborative », Québec français, n° 173, 2014, p. 56.
2- Serge BOUCHARDON et al., « Explorer les possibles de l'écriture multimédia », Les Enjeux de l'information et de la communication, 2011/2, n° 12/2, p. 12.
3- Rick ALTMAN, « De l’intermédialité au multimédia : cinéma, médias, avènement du son », Cinémas : Revue d’études cinématographiques, vol. 10, n°1, 1999, p. 37-53.
4- François Amy DE LA BRETEQUE, Emmanuelle ANDRE, François JOST, Raphaëlle MOINE, Guillaume SOULEZ, Jean-Philippe TRIAS (dir.), Cinéma et audiovisuel se réfléchissent, Réflexivité, migrations, intermédialité, Paris, L’Harmattan, 2012.
5- Silvestra MARINIELLO, « L’intermédialité : un concept polymorphe », in Intermedia : littérature, cinéma et intermédialité, dir. Célia Vieira et Rio Novo, Paris, L’Harmattan, 2010, p. 11-29.
6- François ALBERA, « « Archéologie de l’intermédialité : SME/CD-ROM, l’apesanteur » », Cinémas : Revue d’études cinématographiques, 2000, vol. 10, no 2-3, p. 27. Article disponible en ligne sur le site de la revue signalé supra.
7- Marguerite CHABROL & Tiphaine KARSENTI (dir.), Théâtre et cinéma : le croisement des imaginaires, Presses Universitaires de Rennes, « Le Spectaculaire », 2013.
8- Jürgen E. MÜLLER., « L’intermédialité, une nouvelle approche interdisciplinaire : perspectives théoriques et pratiques à l’exemple de la vision de la télévision ». Cinéma et intermédialité, 10 (2-3), pp.105–134, 2000, https://doi.org/10.7202/024818ar.
9- Raphaël BARONI, Claus GUNTI., INTRODUCTION À L’ÉTUDE DES CULTURES NUMÉRIQUE. La transition numérique des Médias, Paris, Armand Colin, 2020.
10- Gérôme GUIBERT, Franck REBILLARD, Fabrice ROCHELANDET., Médias, culture et numérique, Paris, Armand Colin, 2016.
11- Nicolas THELY., LE TOURNANT NUMÉRIQUE DE L'ESTHÉTIQUE, Publie.net, 2019.
RESPONSABLE : Sihem Guettafi et Amel Mansour
URL DE RÉFÉRENCEhttps://univ-biskra.dz/sites/fll/index.php/en
ADRESSEBiskra
DOCUMENT JOINT https://www.fabula.org/actualites/documents/109131_ffdf984f1bbaae3b4c1845617c3aa609.pdf
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Posté Le : 20/07/2022
Posté par : litteraturealgerie