Zinedine Zidane, qui n’y a plus remis les pieds depuis la fin 1985, est revenu enfin au pays de ses parents et de ses ancêtres, pour être fêté en mythe vivant par des foules en délire et difficilement contenues par un service d’ordre dépassé par les événements.
Du coup, ce sont des milliers de personnes, des enfants, des jeunes, des moins jeunes, qui sont repartis sans même avoir entrevu l’idole. Une grande frustration ressentie également par les gens des médias nationaux et internationaux venus en nombre pour couvrir l’événement. Zinedine Zidane était annoncé la matinée arrivant à l’aéroport de Béjaïa par un hélicoptère spécialement affecté. Des gens de son entourage nous affirmeront, aux premières heures de la journée, que l’appareil devait atterrir quelque part dans l’un des rares valons coincés entre les djebels Boudjehane et Zoubaï, éclairés, hier, par un soleil radieux après deux jours de pluies. C’est Brahim Zidane qui nous raconte que, en 1985 lorsque Zizou s’était rendu dans le hameau, il a eu le privilège d’être son adversaire lors d’une partie jouée avec un ballon en caoutchouc. L’illustre cousin n’arrivera finalement que bien des heures plus tard, après un crochet chez une tante au village Mouzaïa, situé non loin du chef-lieu communal. Arrivée vers 11h45 sur la placette du village, en fait une ruelle à peine plus dégagée que les autres, la star, vêtue d’un survêtement blanc à bandes rouges, n’a même pas eu le temps de saluer les présents rassemblés sur les lieux. Les photographes, embusqués de l’autre côté des haies dressées en principe pour éviter la bousculade de l’aéroport d’Alger, lui ont juste donné le temps de saluer un vieil oncle avant de l’entourer, provoquant la réaction des gardes du corps intraitables. Une haie cède, puis une autre. Journalistes et citoyens se ruent vers Zidane qui, vite, sera poussé, voire à un moment porté à bras-le-corps, vers la venelle menant vers le domicile familial, dont l’accès a été fermé. Le père de la star manifestera son irritation, tandis que la mère est sévèrement bousculée. A partir de ce moment, tout sembla échapper aux organisateurs, ils durent revoir le plan initial de la visite, qui certes a été annoncée comme privée. L’accès à la demeure familiale, où un déjeuner était offert, est interdit et les photographes sont déçus de n’avoir pu prendre quelques clichés de ces moments de retrouvailles entre la star et les enfants du village, clou de la visite en Algérie. L’espace naturellement limité n’offre point de marge de manœuvre. Le village, composé de quelques maisonnettes et une ruelle récemment bétonnée et certaines venelles secondaires, ne pouvait manifestement pas se prêter à la ferveur témoignée par des milliers d’admirateurs. Des centaines de jeunes, jusque-là massés sur les bords de la route sinueuse menant vers le village, ont tenté de forcer le passage vers la placette. Venus voir la star, souvent de très loin, il était pour eux hors de question de laisser passer l’occasion. Les gendarmes sont appelés en renfort. Il leur faudra beaucoup de tact, et parfois au prix de quelques écorchures pour immobiliser la foule à distance « raisonnable ». Mais la foule était résolue, des admirateurs, de plus en plus excités, montraient des signes d’énervement. L’on se résoudra enfin à croire à la promesse de voir Zidane sortir de la demeure familiale où un déjeuner était offert par les proches au fils prodige faire la marche vers une terrasse et adresser quelques mots à la foule. Une autre annonce appâte particulièrement les journalistes : Zidane devrait se mêler à une petite partie de foot avec des enfants du village quelque part dans un coin suffisamment plat de cette localité aux ruelles sinueuses. Une autre « rumeur » circule vite, qui donne la star repartie avec ses parents de l’autre côté. Un véritable cafouillage en somme. Un homme d’un certain âge arrive, il exhibe une photo dédicacée en guise de trophée. L’exploit est salué bruyamment et dans la gaîté par des foules désormais certaines de voir passer la star. Vers 14h, les véhicules qu’on a fait avancer dans la profondeur de la venelle interdite pointent le museau. Le doute s’installe puis se transforme en certitude. Zizou quittera Aguemoun sans ce moment de communion avec les foules compactes qui l’attendaient. Laborieusement, le cortège se fraie un chemin vers la sortie du village, tandis que l’on accourt de partout pour au moins apercevoir sa silhouette à travers les vitres de la voiture qui le transportait. Le village se vide dans l’encombrement. Des jeunes se racontent des séquences furtives où les uns l’ont aperçu et d’autres affirment l’avoir touché du bout de la main, mêlant un peu fantasme et réalité.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 16/12/2006
Posté par : hichem
Ecrit par : Slimani Mourad
Source : www.elwatan.com