Béjaia - Toudja

Toudja (Béjaïa) - Fête de l’eau: symbolique et richesses



Toudja (Béjaïa) -  Fête de l’eau: symbolique et richesses




La 7e édition de la Fête de l’eau de Toudja, qui se tient à 25 km de Béjaïa, est organisée cette année sur un fond de consolidation des connaissances sur l’histoire de Toudja et la réhabilitation de la vie socio-économique de la région.

Pour les organisateurs, cette manifestation est une occasion pour faire découvrir aux «pèlerins» plusieurs siècles d’histoire que racontent les sites archéologiques, les moulins à eau de Toudja, qui témoignent d’une forte activité agricole, pastorale, les activités artisanales, ainsi que les nombreuses chutes et sources hydriques. C’est dans ce but-là que, outre une exposition, une visite a été programmée par les organisateurs (le musée de Toudja, l’association Gehimab, en collaboration avec l’APC), vers les différentes sources et chutes d’eau intarissables de la région où, jadis, la vie était organisée autour de l’activité des moulins à eau.

Parmi les endroits visités figure le site archéologique de l’aqueduc de l’antique Saldae, toujours debout, mais fragilisé par l’érosion. Cette sorte de conduite permettait d’alimenter la ville de Saldae, fondée entre l’an 26 et l’an 27 avant J.-C, en eau potable. En plus de cette facette historique, la thématique de l’eau renvoie à des activités artisanales qui ont disparu et qui renferment une dimension linguistique à travers un lexique berbère riche qui est à sauvegarder. C’est la thématique qui a été développée par Abdenour Abdeslam, militant de la cause amazighe, et Rachid Oulebsir, éditeur et écrivain, lors d’une conférence tenue au musée. D’emblée, Abdenour Abdeslam a parlé de la symbolique de l’eau à travers des proverbes et anecdotes anciens et les dires des savants et poètes de la région de Kabylie, comme Cheikh Mohand El Hocine.

De son côté, Rachid Oulebsir a révélé que dans le sillage de son travail sur la mémoire des villages et dans le cadre de la mise au point d’un dictionnaire thématique, «il existe dans le lexique de tamazight 500 mots qui ont un lien avec le mot eau». Et ce, en se basant sur des recherches sur les «cinq dimensions porteuses de langage que sont la littérature orale, l’art du spectacle, les fêtes du calendrier agraire -qui comptait 44 fêtes- les religions et croyances ainsi que les métiers de l’artisanat».

Par ailleurs, la conférence a été clôturée par la signature d’une convention entre le directeur du musée de l’Eau et celui du barrage hydraulique de Beni Haroun (Mila). Interrogé, le directeur du musée a déclaré que «le but de cette convention consiste à mettre à profit l’expérience de l’équipe qui gère le barrage de Beni Haroun dans le domaine de la collecte et de la gestion de l’eau. Aussi, c’est un cadre de réflexion, car il est question de proposer des projets et des solutions aux autorités pour une meilleure gestion de l’eau, comme celle de Toudja dont de grandes quantités se perdent sans qu’elles soient rentabilisées».

L’autre objectif se veut, selon notre interlocuteur, scientifique et pédagogique, car ce lien «permettra d’enrichir la banque de données du musée sur la problématique de l’eau, de son usage et de sa symbolique dans notre société, que nous mettons à la disposition des chercheurs et des étudiants».

Nordine Douici



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