« L’automne passé, ils se sont mis d’accord au village pour donner une de leurs filles à l’homme chétif. Une fille, m’a-t-on dit, parfaite, belle et lumineuse même quand elle est au cœur du brouillard. Il leur a dit que son cœur voulait l’autre; la fille qu’il a vue une fois comme dans un rêve, qu’il a dit; Zelgoum qu’elle s’appelle, chétive, sourde et muette comme dans un rêve.
On m’a dit qu’elle s’est tuée quand elle a su qu’elle quitterait sa mère et sa baraque pour aller vivre avec l’homme qu’elle n’avait jamais vu. Sa mère leur a dit qu’elle a vu — elle était sourde et muette mais pas aveugle — l’Enfer quand elle l’a vu, lui, l’homme chétif que j’ai vue dans ce village, le dernier village avant d’arriver à l’Enfer.»
E-M. A.
Dans ces romans, qui n’en sont pas, El-Mahdi Acherchour fait la chronique hallucinée de villages imaginaires. Ici, pas de trame linéaire, mais des visages, des personnages, des voix qui jaillissent, s’affrontent, se répondent et s‘épuisent.
A travers une écriture rocailleuse et bégayante, il tente de redessiner les lignes primitives des paysages d’une terre immémoriale — qu’on devine être sa Kabylie natale — il tente aussi de retrouver les accents archaïques d’un monde comme figé ou oublié en mêlant la puissance des images à un lyrisme contenu.
Posté Le : 07/07/2010
Posté par : selma
Source : www.livre-algerie.com