Béjaia - Contes et légendes d'Algérie

«Les contes berbères de mon grand-père» Il était une fois des histoires et des légendes…



«Les contes berbères de mon grand-père» Il était une fois des histoires et des légendes…
Publié en Algérie, chez Dalimen, l’écrivain Jamil Rahmani a pris la peine de récolter les contes recueillis par son grand-père, issus de sa région en Kabylie, lesquels contes combinent à la fois, modernité et malice contemporaine…
«Mon grand-père a accueilli les contes d'Aokas et de sa région dans la première moitié du vingtième siècle. Ils sont les témoins d'un monde ancien où les djinns, les ogres et les ogresses rôdaient autour des villages, un monde où les histoires venues du fond des âges, du temps où les animaux parlaient encore, émerveillaient les enfants taissés près des conteuses et des conteurs, un monde pas tout à fait disparu,mais fortement bousculé par la modernité.», écrit l'écrivain Jamil Rahmani in «les contes berbères de mon grand-père». Et de rajouter: « En travaillant sur ce recueil, j'ai été frappé par l'extrême dureté de la vie en Kabylie au début du siècle dernier, par la pauvreté, la faim, la fragilité des êtres face à une nature impitoyable.
Les témoignages de ma grand-mère sur cette vie-là me sont revenus:la peur de la maladie, les craintes pour la survie des enfants, la violence des hommes et du système politique d'alors. Je suis heureux d'avoir participé à l' élaboration de cet ouvrage en hommage à mon grand-père, Slimane Rahmani, un homme humaniste et pieux, d'une culture immense, qui maniait parfaitement toutes les langues de son pays, le berbère, l'arabe maghrébin, improprement surnommé dialectal, l'arabe littéraire et le français».
Entre morale ancienne et aujourd'hui
Et de prévenir un peu plus loin: « Quand vous parcourez cet ouvrage, la misogynie, la glorification de la soumission, l'éloge de la blancheur physique et morale ne devront pas vous faire oublier que vous ne lisez que des contes et que les contes, sous toutes les altitudes, sont empreints de dureté patriarcale. Ils véhiculent la pensée dominante du temps où les femmes devaient être soumises, humbles, vertueuses et où la beauté était forcément blanche». Et de souligner: « Dans les contes de mon grand-père on trouve aussi des femmes de caractère qui se révoltent contre l'ordre établi, des femmes amoureuses, qui se révoltent,prêtes à tous les sacrifices pour les hommes qu'elles aiment et l'on sent déjà les frémissements qui vont conduire à leur libération.» Et de conclure: « Les contes sont des fragments de vie, souvent caricaturaux, destinés à éduquer, mettre en garde, voire effrayer les enfants, les informer des risques de l'existence. Ces contes kabyles sont tour à tour drôles, inquiétants ou effrayants mais toujours divertissants et poétiques. J'espère que vous aurez le même plaisir que moi à les découvrir» Dans la première page qui ouvre ce livre une note d'intention a attiré notre attention, celle d'Orients Editions, bien que cet ouvrage a été édité en Algérie par les éditions Dalimen. Ainsi nous pouvons lire: «Il nous a paru formidablement intéressant de publier ce travail inédit d'un grand ethnologue kabyle, Slimane Rahmani, qui a pensé recueillir cette matière vivante auprès des détentrices de ce savoir millénaire pour nous la restituer. Jacques Berque, le grand orientaliste algérois de naissance, salua cette initiative il y a un peu plus de soixante ans. Jamil Rahmani, le petit-fils de l'auteur, nous estitue ces Contes de grand-père». Et de faire remarquer: « Nous avons été frappés par ces similitudes troublantes avec les contes dits occidentaux. Dans ce livre il ya une Belle au bois dormant, une Cendrillon, des fables de la Fontaine, mais aussi un univers plus musulman où les goules, les ogresses et les génies interagissent dans la vie quotidienne.» À noter que pour mettre en images ces personnages, entre animaux et objets magiques, l'éditeur a fait appel à Mélodie Hojabr, une jeune peintre d'origine iranienne dont les jolies peintures accompagnent ce livre et lui confèrent une note autrement plus esthétique.
Les dessins de Mélodie Hojabr
Farid Benmokhtar, enseignant de langues et cultures berbères à l'université Paris 8 a eu à revoir toutes les traductions du berbère. Dans sa préface, l'historien Jacques Berque fait la jonction entre les contes de Slimane Rahamni et «les sursauts de l'histoire» affirmant, plus haut, que c'est lui qui a demandé « à mon Viel ami Slimane Rahmani de recueillir les contes de son terroir». Arguant que «l'autorité du rapporteur est certaine» et d'ajouter: «Ethnologue et dialectologue, il ajoute à ces qualité celles, pour nous considérable, d'être à la fois celui qui sent et celui qui note, le récitant et le commentateur».
«Encore, encore!»
Dans l'avant-propos qui accompagne aussi cet ouvrage, Slimane Rahmani explique que ces contes de son enfance se transmettaient oralement. Il se remémore ainsi les ambiances quand les mamans racontaient ces contes à leur enfants, soit en les amusant ou en leur faisant peur. Assis sur les genoux de leur mère, les enfants finissaient par s'endormir. Ils se serraient contre leur maman quand elle leur parlait des ogres et ogresses et eux finissaient par crier «encore, encore!» quand ils en voulaient encore... et de dire: «Voici quelques histoires qui m‘ont été racontées lorsque j'étais enfant et des nouvelles ou récits sur des fais vécus». Parmi ces contes on notera ainsi «le wali qui promet sa fille à quatre prétendants, le mariage de l'aiglonne, les prétentions du renardeau (projet de mariage avec la lionn), le mariage du chacal avec la chamelle et sa déconvenue, la femme paresseuse et son mari, l'enjambement, la bru et les belles-mères, les vrais amis sont rares, histoire de l'homme, de ses deux épouses et de son ami le ‘'daira'', le serpent et les deux bébés, légende, mésaventure du rossignol, l'histoire du coq, Le taleb et le fellah, la légende du crapaud, Le fils du charbonnier et la noix magique, l'histoire du fellah, de la panthère et du chacal etc....autant d'histoires où la morale est omniprésente et où le récit se veut des plus captivants. Et l'on devine, parfois, le ton utilisé par les grands-mères en racontant ces histoires à leurs petits enfants. Des histoires emplies de malice et de mystères pour émerveiller mille et un petits




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