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Fontaines kabyles : Un legs précieux à préserver



Fontaines kabyles : Un legs précieux à préserver
Chaque fontaine possède son histoire, comme celles de Bouchachiw, Larbâa, Louta, Boumelal à Ath Ouaghlis.

Elles sont une véritable source d’inspiration pour les poètes, peintres et chanteurs. Les fontaines kabyles continuent de désaltérer les habitants, et en plus de cette vertu elles inspirent les faiseurs de rimes. Jadis, la fontaine était le lieu de rencontres et de palabres par prédilection pour la gent féminine. Un authentique élément de la vie culturelle et sociale des villageois.

C’est un lieu sacré pour la femme kabyle, où l’homme ne s’invite guère à perturber une scène presque théâtrale. Des historiettes et scènes ménagères sont distillées par les femmes. Une occasion de parler de tout et de rien. Pratiquement chaque village en possède une. Et même si l’ensemble des foyers est raccordé au réseau de distribution de l’eau potable, il reste néanmoins que l’eau cristalline de la fontaine est de loin mieux prisée que celle des robinets.

Chaque fontaine possède son histoire, comme celles de Bouchachiw, Larbâa, Louta, Boumelal à Ath Ouaghlis.

Nommée Tulmut, cette eau aux vertus magiques séduit plus d’un. Elle est puisée au cœur du mont de l’Akfadou dans les années 40, et est le fruit d’un dur labeur des anciens de ses deux bourgades (Louta et Boumelal) ayant conjugué leurs efforts afin d’acheminer cet or bleu jusqu’aux deux villages.

L’orme champêtre (tulmut en kabyle) est forcément l’élément principal qui distingue cette eau des autres. L’eau de Tala Tulmut est unique dans son genre. «C’est une aubaine pour l’homme que de s’abreuver en cette eau magique», nous confirme fièrement un septuagénaire du village «Louta».

Les villages kabyles gardent jalousement leurs fontaines. Un legs précieux des aïeux. La fontaine kabyle est souvent érigée à la périphérie du bourg, loin des regards indiscrets. La fréquentation de ces lieux se fait de moins en moins par les femmes, car ces dernières rechignent à l’idée d’aller faire la corvée des jerricans.

En période caniculaire, les fontaines retrouvent une certaine ambiance un tant soit peu, et ce en raison d’un débit moins généreux des robinets installés dans les foyers. Le stress hydrique se ressent davantage en période estivale.

Bon nombre de comités de village ont pris l’initiative de restaurer et de mettre au goût du jour des fontaines laissées à l’abandon.

L’entretien des sources se fait régulièrement afin d’éviter leur tarissement. «Cette restauration est plus que salvatrice pour un patrimoine en péril. La fontaine kabyle est une toile de fond à la limite du mythique», insiste Idir, sociologue de formation.


Bachir Djaider


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