Une belle histoire d’amour entre Farid Benyaa et l’art plastique est née lorsque cet architecte fraîchement sorti de l’Ecole Polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU) est affecté au projet de restauration de la casbah, cité séculaire dont il ne cessera de découvrir jour après jour le charme.
«La casbah, j’y ai travaillé. Je l’ai découverte en profondeur. Cela m’a permis de constater que la pierre pouvait avoir une histoire», aime à répéter cet artiste qui ajoute qu’a ses yeux la casbah est «quelque part pour moi un point de départ, même si mon activité de dessinateur a commencé encore jeune».
Utilisant de l’encre de chine et un rapido, ce féru d’art a commencé un travail de longue haleine qui a pour ambition de mettre en exergue la beauté et la richesse de ce patrimoine classé patrimoine de l’humanité. A la manière d’un poète, il reproduira sur le papier non seulement les demeures mais il réussira aussi à recréer l’ambiance, à travers un mélange harmonieux et doux de couleurs, de senteurs d’autan faites d’encens, de menthe, de henné et de jasmin, captant aussi les lumières qui transparaissent à travers l’encorbellement de ses maisons et qui font la magie de cette médina dont le grand architecte le Corbusier s’est inspiré dans ses projets.
«La Casbah n’a de vie qu’a travers ses habitants et ses activités typiques, c’est pour cela que dans toutes mes œuvres, il y a la présence, par exemple, de cette femme majestueusement drapée d’un haïk ou de cet artisan travaillant à l’extérieur de son échoppe», a confié cet artiste architecte estimant par ailleurs que ce qui fait la qualité du tissu de la Casbah, «c’est d’abord une architecture à l’échelle humaine, une architecture bâtie sans architecte».
La figure énigmatique de la femme – CasbahContinuant son travail de recherches, Farid choisit comme seconde thématique la femme «gardienne des traditions et source de vie » qui dans son inconscient établit un lien avec la casbah « toutes les deux étant fière et mystérieuses». De cette recherche naît une collection de tableaux représentant la femme élégamment parée de costumes et bijoux traditionnels des différentes régions d’Algérie. Passant du figuratif ou il était «spectateur», cet amoureux du patrimoine s’essaie avec beaucoup de succès au style suggestif, une préoccupation selon l’artiste qui consistait «non seulement à traduire ce patrimoine à travers le costume et l’architecture, mais surtout à s’engager vers une symbolique et à parler de ce qui fait notre société, notre quotidien». «La femme est la pierre angulaire de la société, c’est elle qui éduque les enfants, transmis les traditions tout en participant à la vie économique», dit Benyaa qui évoque avec beaucoup d’émotion et de poésie, à travers ses peintures, ses joies, ses peines, son quotidien et plus particulièrement tout cet art de vivre qu’elle transmet de génération en génération. Le créateur a aussi découvert à travers ses lectures la femme targui, qui dans le système matriarcal est l’épicentre de la communauté,
«fasciné par ce statut, j’ai décidé de faire une plongée dans cette communauté en réalisant des tableaux évoquant son quotidien et surtout sa riche culture ancestrale» souligne t-il, dans cet esprit, il a pris comme exemple la poétesse jouant de l’Imzad (instrument traditionnel monocorde) et chantant la femme, la tradition et le patrimoine. Fasciné par cette région fabuleuses «un site unique au monde», Benyaa décide de l’immortaliser dans une série d’œuvres à travers lesquelles il met en exergue la richesse, l’immensité et la sérénité des paysages tout en évoquant la philosophie de ses habitants, leurs us et leur coutumes et surtout leur sens esthétique très développé que le visiteur pourra remarquer à travers les produits d’artisanat.
Il faut créer de l’émotion«A travers mes différentes collections, le thème qui revient souvent est le patrimoine, source inépuisable d’inspiration, car il faudrait plusieurs vies pour traduire l’immensité de cette richesse nationale», commente-t-il admiratif.
Sa dernière exposition qui se tient dans la galerie située au quartier
«les sources» à Bir Mourad Rais, est aussi un mariage entre le traditionnel et le contemporain.
«Ce que j’apporte de nouveau dans le paysage pictural algérien à travers cette expérience, c’est l’éclatement du tableau de type académique, c’est à dire que mes œuvres se situent à la frontière entre la peinture et la sculpture»,
a-t-il expliqué lors de la présentation de son exposition interactive où s’inscrivent plusieurs notions, outre ces deux disciplines (peinture et sculpture), prennent place également l’architecture, la décoration et la poésie.
«J’accorde aussi un intérêt à la lumière, un matériau à part entière permettant de rendre l’espace plus sensible d’où le souci du détail» poursuit-t-il, il a par ailleurs, réalisé aussi le mobilier lui même et inclus dans la composante de ses œuvres, des objets achetés et transformés selon sa propre vision. «L’objectif de cette recherche est la volonté de créer une émotion, car l’émotion est une forme de coup de cœur où l’esthétique prime », conclut Benyaa, invitant le visiteur à découvrir avec beaucoup d’émotion son exposition intitulée «Emotion».
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Posté Le : 05/11/2007
Posté par : nassima-v
Ecrit par : Djamel BELAID
Source : www.farid-benyaa.com