Béjaia - Chelata

ENTRETIEN - Cheikh Lyazid, écrivain et poète «L’envie d’écrire est ancrée en moi»



ENTRETIEN - Cheikh Lyazid, écrivain et poète «L’envie d’écrire est ancrée en moi»
Cheikh Lyazid est un écrivain et poète. Dans cet entretien, il revient sur ses débuts dans l’univers des mots et sa passion pour la littérature.


La Dépêche de Kabylie : Qui est Cheikh Lyazid, en quelques mots ?
Cheikh Lyazid : De mon vrai nom Benhennou Yazid, je suis né le 24 octobre 1973, au village Ighil Oumsed dans la commune de Chellata. Dès mon jeune âge, l’amour du verbe m’était familier. Je jouais alors au barde devant ma famille. De même, la cause identitaire ne m’a pas été indifférente, car j’ai de tout temps était l’un de ses militants. Quant à mes premiers pas, je les ai faits au sein des associations culturelles. En quelques mots, je respire la poésie et la culture d’une manière générale.

Devenir écrivain, était-ce un rêve d’enfant ?
L’enfance en elle-même est un berceau de rêve… Quand j’ai commencé à écrire des poèmes, mon entourage familial m’a soutenu et encouragé pour que la prose bourgeonne davantage. Cette flamme ne s’est pas éteinte depuis et l’amour que je voue au verbe grandit de jour en jour. Lorsque nous nous abreuvons à la fontaine des vers, nous en redemandons plus. Lorsque j’étais petit, je ne pensais pas à devenir écrivain, d’autant plus qu’à cet âge-là, les rêves sont différents. C’est venu naturellement, je ne me rappelle pas bien quand j’ai décidé de devenir écrivain.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’écrire des livres ?
La littérature orale kabyle m’a ouvert les portes vers le monde du livre. J’écris depuis fort longtemps et je n’ai nullement envie de m’arrêter. C’est une histoire d’amour qui dure depuis une éternité. Lorsque vous êtes né avec l’esprit écrivain, vous le devenez forcément. L’amour des mots est inconditionnel et c’est pour la vie !

Quel est le titre de votre premier ouvrage ?
Mon premier livre est un recueil de poésie en tamazight intitulé «Isefra n tefsut» (Poésie de printemps). Il est paru aux éditions Baghdadi, en 2012. Comme je suis un écrivain trilingue, j’ai publié un autre recueil de poésie en langue arabe, au Maroc, la même année, sous le titre «Min wahy elyal», paru aux éditions Dar El-Watan à Rabat.

Être écrivain pour vous, c’est plus un métier ou une passion ?
Être écrivain, c’est une passion ! Lorsqu’on a hérité du don pour l’écriture, la passion prend le dessus. D’ailleurs, être écrivain, c’est être porteur de messages de paix et de tolérance. Toujours est-il que chacun naît avec une disposition particulière : peindre, écrire, chanter, fabriquer, danser, sculpter. Selon les individus, cette disposition innée se manifeste dès l’enfance ou se révèle à l’âge adulte, voire jamais si les conditions ne sont pas réunies pour qu’elle s’exprime. Par ailleurs, celui qui aspire à en faire un métier risque de jeter l’éponge de sitôt. Le métier d’écrivain ne fait pas vivre, notamment en Algérie.

Avez-vous d’autres passions que l’écriture ?
J’ai de tout temps nourri une passion pour le patrimoine, tant matériel qu’immatériel. Ma passion pour les bijoux, les objets d’art, les photos… est aussi vieille que mon amour pour la poésie. D’ailleurs, j’en collectionne depuis 22 ans. Tout ce qui est ancien attise ma curiosité. La photographie fait aussi partie de mes coups de cœur. En plus de cela, les nombreux voyages que j’ai faits m’ont amplement aidé à me plonger davantage dans cet univers. Cela m’a prévalu le surnom de «Troubadour», en raison de mon attachement à la prose et à la culture d’une manière générale. D’ailleurs, j’ai été nommé ambassadeur de bienfaisance, en 2015, au Maroc.

D’où vous vient l’inspiration ?
L’inspiration est foisonnante à condition d’être contemplateur et attentif à l’environnement qui nous entoure. Le calme des montagnes, la sérénité de la nuit, la beauté des paysages… nos villages agglutinés aux pieds des montagnes sont une source d’inspiration intarissable. Chaque chose, chaque détail interpelle l’artiste qui vit et respire l’art.

Est-ce facile d’être publié ?
Être publié en Algérie s’apparente à un véritable parcours du combattant. Ce n’est guère une sinécure ! Le manque de financement et l’absence de maisons d’édition fiables et de lectorat sont autant de facteurs qui entravent les auteurs, notamment ceux qui sont novices dans le métier. N’était leur amour pour le livre, nombre d’entre eux auraient abdiqué et renoncé à publier leurs œuvres. Lorsqu’un écrivain s’apprête à publier, un tas d’embûches l’en empêchent.

Quels sont vos projets d’écriture ?
En ce moment, j’écris un roman en tamazight, lequel verra le jour dans un proche avenir. Ce nouveau-né aura comme titre «De3wassu n lqayed». Forcément, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin, car l’envie d’écrire est ancrée en moi. Les projets d’écriture sont et seront toujours dans mon agenda.



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