Béjaia - Immigration clandestine, Harga

BÉJAÏA - 23 jeunes harraga portés disparus



BÉJAÏA - 23 jeunes harraga portés disparus


Un drame est en train de s’écrire sur les côtes de la Méditerranée. Les familles de 23 jeunes harraga de la ville de Béjaïa ne savent plus où donner de la tête. Ces jeunes harraga ont pris la mer le 17 décembre dernier à bord d’une barque pour rejoindre les côtes espagnoles ou italiennes.

D’autres harraga, partis un peu plus tôt à bord d’autres embarcations, ont donné signe de vie. Ce n’est pas le cas de la dernière expédition, “partie le 17 décembre vers 5h du matin”, a indiqué le frère de l’un des harraga.

Aussi, leurs parents et leurs proches, après avoir frappé à toutes les portes — celles du ministère des Affaires étrangères, de la Marine nationale, du Croissant-Rouge algérien —, ont investi la rue, le 28 décembre dernier. Ils ont organisé un rassemblement devant le siège de la wilaya où ils ont eu à interpeller le wali de Béjaïa, afin qu’il intervienne auprès des hautes autorités sur le sort de leurs enfants, frères ou camarades.

Il faut dire que la détresse des familles n’a pas laissé indifférents les habitants du quartier qui se sont mobilisés, afin de créer une solidarité à l’étranger, notamment en France et en Espagne, a révélé un membre de la famille des harraga.

Il a ajouté que “s’ils sont en prison, qu’ils nous le disent; s’ils sont morts, qu’ils les rapatrient pour qu’on les enterre. Mais ils n’ont pas le droit de nous laisser ainsi sans nouvelle. Nos mères souffrent le martyre; on ne travaille pas, on ne mange pas, on ne dort pas. Je ne souhaite à personne de vivre cela dans sa chair. C’est insupportable”.

Il en profite pour lancer un appel aux parlementaires afin d’user de leur statut pour interpeller les autorités du pays.

“On a remis des dossiers au ministère des Affaires étrangères. Le Croissant-Rouge local a saisi sa direction à Alger. Mais on demeure sans nouvelle”, a rappelé l’un des porte-paroles des familles des harraga disparus.

C’est la seule barque partie des côtes béjaouies qui n’a pas donné signe de vie, a affirmé un proche des familles.

“On n’a aucune nouvelle. Si la barque a fini par s’échouer sur les côtes marocaines, libyennes, espagnoles ou françaises, on veut le savoir. S’ils sont morts qu’ils le disent aussi.”

Les jeunes harraga, Yacine, Yanis, Toufik, Hamza, Mahfoud ou Nadir, pour ne citer que quelques-uns d’entre eux, sont frères ou cousins, pensaient certainement faire des selfies depuis l’une des côtes espagnoles, comme l’avaient fait leurs prédécesseurs partis de Béjaïa, mais le sort en a décidé autrement. C’est le silence radio.

Conséquences, les mères de famille sont continuellement admises aux urgences, témoignera l’un des frères. Un membre du Comité déplore l’absence d’une cellule psychologique pour la prise en charge de ces familles en détresse qui “n'ont aucune information officielle pour apaiser leur douleur”.

Des bruits courent, et c’est le moment choisi par certains internautes “sans foi ni loi” pour colporter des rumeurs sur les réseaux sociaux, a dénoncé un membre du Comité de solidarité avec les familles pour publier de fausses informations sur les harraga.

Et depuis cette dernière expédition, les jeunes harraga se sont, de nouveau, orientés vers le port de Béjaïa pour embarquer à bord de bateaux de marchandises. Le phénomène avait cessé depuis des décennies. Il semble repartir de plus belle avec cette reprise de la harga.

Quatre jeunes ont été interpellés, il y a quelques jours, après s’être introduits dans l’enceinte portuaire et à l’intérieur d’un bateau, qui venait d’accoster, a confirmé un cadre de l’EPB, présent sur les lieux.


Moussa OUYOUGOUTE



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