Béjaia - Akbou

Après la fermeture de la décharge de Biziou: Akbou croule sous les ordures



Après la fermeture de la décharge de Biziou:  Akbou croule sous les ordures




La situation sanitaire au niveau du centre-ville d’Akbou, exige expressément l’intervention accrue du gouvernement, afin d’évacuer les millions de tonnes d’ordures ménagères entassées ça et là dans la quasi-totalité des quartiers.

L’inquiétude des citoyens est grandissante d’autant plus qu’aucune issue ne se dessine à l’horizon de cette insoutenable réalité, qui risque aux yeux de tous une catastrophe humaine.

Il s’agit là d’une très grave urgence sanitaire jamais vue ailleurs. Akbou ne respire plus et ce depuis plus de six mois, après la fermeture «musclée» de la décharge de Biziou, relevant de la commune d’Amalou. Toutes les négociations possibles des autorités soit de la municipalité d’Akbou ou de l’administration de la wilaya, ont échoué devant l’inflexibilité des habitants de la localité de Biziou qui ne veulent rien savoir.

Le chef de l’exécutif de la wilaya de Béjaïa, avait pour rappel, regroupé les deux parties en conflit plusieurs fois en présence de la presse et des directeurs chargés du dossier afin de trouver des solutions d’urgence à cet épineux problème, mais sans succès.

Tous les appels à la sagesse et à l’effort, surtout des citoyens de la région d’Amalou pour contribuer à la lutte contre une éventuelle épidémie, ont été rejetés pour le motif de «fermeture immédiate et indiscutable de la décharge».

Les délais de six mois pris comme engagement public par Hamou Ahmed Touhami, le wali de Béjaïa, lors de la dernière réunion en attendant la réalisation express d’un CET dans la région n’a pas été accepté par les citoyens de la localité où est basée la décharge en question.

Un tour dans cette ville s’impose, notamment après la tombée de la nuit où les citoyens des quartiers s’empressent tant bien que mal d’incendier les immenses buttes de déchets. De loin nous observons des épais brouillards de fumée noire mélangés à des explosions assourdissantes de bouteilles en verre et de celles des détergents. Les images sont impressionnantes, où il est difficile de croire, un seul instant, qu’on est dans la seconde ville de Béjaïa et de surcroît la plus industrielle et la plus commerçante.

Les Akbouciens ne peuvent plus sortir ou du moins respirer devant les montagnes de déchets ménagers qui leur empoisonnent la vie quotidiennement.

Kamel N. S., un des habitants du centre-ville que nous avons rencontré jeudi dernier, nous a exprimé sa forte frustration face au manque d'implication de certaines personnalités soit de sa ville soit de l’autre, sans les nommer, pour faire bouger les choses, «c’est inadmissible de vivre une telle catastrophe à l’aube de 2015 et dans une ville aussi riche et cultivée.

Regardez par vous-même, il n’y a pas une seule fenêtre d’ouverte ici dans mon quartier ou ailleurs, les fumées dégagées par les feux à répétition des tonnes d’ordures chaque nuit tombée, coupent la respiration dans les foyers.

Des enfants et des personnes âgées sont tout le temps évacués aux urgences de l’hôpital pour des nausées, des vomissements et le manque terrible d’oxygénation, ça y est, on ne peut plus et moi personnellement, j’ai décidé de tout vendre et de quitter cette ville», a-t-il ainsi lancé.

«Ce n’est un secret pour personne que derrière cette histoire, des intérêts purement personnels et financiers. Allez-y enquêter sur la présence d’une briqueterie privée érigée à quelques pas de la décharge en question. La décharge existait depuis des années et jamais personne n’en a parlé, pourquoi donc maintenant et en plus, ils demandent sa fermeture dans l’immédiat sans se soucier de la santé des dizaines de milliers de citoyens d’Akbou. Nous savons pertinemment que beaucoup de monde a trempé dans cette affaire et si un jour la vérité éclate, le monde aura compris les véritables artistes de cette machination ayant entraîné la ville dans cette incroyable situation que vit le pauvre Akboucien», ajoutera ensuite Yazid, un jeune fonctionnaire d’une société privée, natif de la même ville.

Le raisonnement d’une «machiavélique» manipulation à propos de la fermeture de la décharge d’Amalou court dans tous les sens au centre de la cité akboucienne y compris dans les administrations, en témoigne un fonctionnaire qui avance que «certains élus ont une grande part de responsabilité dans cette affaire, ces derniers œuvrent à ce qu’on finit par avoir la tête du maire de la ville, c’est tout ce qui les intéresse. Ils ne se soucient guère de cette catastrophe sanitaire, au contraire, ils s’en réjouissent».

Le RCD de son côté a appelé les citoyens de la ville d’Akbou justement à répondre massivement à une marche de protestation devant l’«infernal» problème, le 29 novembre prochain pour exiger «une solution immédiate pour l’évacuation des ordures et contre la dégradation du cadre de vie».

La population et les commerçants sont ensuite appelés à observer une grève générale de 8h à 12h.

La marche s’ébranlera de la trémie de Guendouza vers la place Colonel-Amirouche d’Akbou, souligne le parti politique dans une déclaration-appel.

Kamel Gaci



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