«La Révolution n’a pas appartenu et n’a pas profité à ceux qui l’ont déclenchée, mais à ceux qui l’ont terminée», a estimé Me Ali-Yahia lors de sa conférence intitulée «Crise berbère, histoire et actualité», animée à Sidi Aïch (Béjaïa).
L’argent engrangé ces dernières années n’a pas servi au développement du pays, mais à pérenniser le système politique en place», a déclaré, samedi, maître Ali-Yahia Abdennour, lors de sa conférence intitulée «Crise berbère, histoire et actualité», animée à la salle des fêtes de Sidi Aïch.
L’invité de l’association Soummam éco-culturelle, qui a brossé succinctement l’histoire politique du pays de 1945 à nos jours, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère avec les tenants du pouvoir, accusés d’avoir dévié la Révolution de ses objectifs originels.
«La Révolution n’a pas appartenu et n’a pas profité à ceux qui l’ont déclenchée mais à ceux qui l’ont terminée», estime-t-il.
L’armée des frontières, qui a pris violemment le pouvoir en 1962, a instauré un régime politique dictatorial en usage jusqu’à nos jours. Ce régime, qui prive le peuple algérien de disposer de lui-même, se traduit par des dysfonctionnements dans tous les domaines.
Ce qui conduit le conférencier à s’interroger: «L’Algérie est-elle un Etat qui a une armée ou une armée qui a un Etat?» Qualifiant le régime politique algérien de «dictature», l’orateur s’explique: «Le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire sont interdépendants. Il n’y a pas de séparation des pouvoirs en Algérie, le pouvoir de décision est concentré entre les mains d’un seul homme. C’est ce qu’on appelle une dictature, un régime totalitaire.»
Citant, dans ce cadre, un philosophe anglais, Me Ali-Yahia souligne qu’«un pouvoir absolu corrompt absolument».
Elections à la Neagelan, dégradations des libertés individuelles et collectives, libéralisme sauvage, économie à un seul mouvement de l’étranger vers l’intérieur, corruption chronique, inflation, risque d’effondrement bancaire…l’orateur dresse un tableau noir de la situation du pays et avertit que seule l’instauration d’un régime démocratique et d’un Etat de droit peut garantir la stabilité du pays.
Abordant la question berbère, l’orateur, après une plongée dans les années 1940, affirme que l’avenir de tamazight dépend de ses enfants. Reprenant Goethe, il déclare: «Ce que vous avez hérité de vos ancêtres, il faut le mériter par vous-mêmes, autrement, il n’est jamais à vous.»
Il insiste, dans ce sens, sur la nécessité de constituer un large front pour imposer une politique véritable en faveur de l’amazighité. Il invite à ce sujet les comités de village à s’investir davantage dans la promotion de tamazight, à ouvrir des écoles et à organiser des cours d’alphabétisation pour adultes.
«Ce 36e anniversaire du Printemps berbère doit être celui de la réunification. Il faut laisser nos différences de côté, il faut s’unir, se rassembler et se mobiliser pour instaurer un véritable régime démocratique où tamazight pourra s’épanouir sérieusement. Le pouvoir ne nous donnera rien si nous ne l’arrachons pas nous-mêmes», martèle-t-il.
Lors du débat, les questions des intervenants — portant notamment sur l’importance des syndicats autonomes, la laïcité, l’égalité femme/homme... — ont permis à Me Ali-Yahia de préciser sa pensée et de réitérer son appel à l’union pour imposer une gouvernance au service du peuple.
Après Sidi Aïch, l’infatigable défenseur des droits humains devait se rendre, hier après-midi, au centre-ville de Béjaïa où il était attendu pour une vente-dédicace de son dernier ouvrage, Lettre ouverte au système politique et au dernier pouvoir qu’il a engendré, à la librairie Gouraya.
Boualem B.
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Posté Le : 11/04/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Boualem B.
Source : elwatan.com du lundi 11 avril 2016