Poésie et musique ont toujours été étroitement liées dans la musique algérienne, et le chant est aux sources de l'art musical. Les motifs rythmiques proviennent ainsi souvent de la métrique des textes poétiques. Le Coran est généralement psalmodié à haute voix et cette récitation publique fait souvent appel aux modes mélodiques de la musique arabe. Les supplications et chants religieux de la musique islamique empruntent davantage encore au système musical, tout en mettant en valeur le texte de façon comparable à la récitation du Coran.
Knaddsa est située à 22 km à l'Ouest de Bechar, L'arrivée du Cheikh Ben Bouziane insuffla un nouvel élan au développement de ce qui était une simple casbah, pour devenir une véritable cité et siège de la Zaouïa Ziania. c'est aussi un mélange de textes profanes (Ben Bouziane fait référence au Cheikh Ben Bouziane, qui selon les traditions était un modèle de vie religieuse. Le tout se fait dans un esprit d'ouverture et absolument pas dans un intégrisme tel qu'il soit.Rappelons aussi que Mohamed El-Ghaffour sera fortement imprégnée par la zaouïa Ziania. Il va être fidèle, sa vie durant, à la fréquentation des zaouïas, à leur enseignement et à leur pratique religieuse.
Plusieurs expressions musicales prendront racine et se développeront à Knaddsa. El ferda ( الفـردة) deviendrale genre musical par excellence. Car si elle est le genre musical autochtone, elle ne s'est pas moins enrichie des autres genres ramenés par les migrants venus à knadssa. Gaâda , qui veut dire assemblée, est une occasion de rencontre et de partage, dans un style musical appelé le Diwane (ancré dans le sud algérien) et pratiqué à l'origine par les descendants d'esclaves d'Afrique noire (source). El ferda ne constitue pas une musique de danse mais un accompagnement du texte déclamé et chanté sur un rythme très lent qui montera crescendo à la fin. Aucun enregistrement des anciennes représentations des composition n'existe ou n'a été retrouvé. Les compositeurs et musiciens actuel doivent faire appel à la mémoire des anciens qui est naturellement très défaillante.
La composition de la structure musicale est généralement un guembri, deux violons, un banjo, un mandole et un oud, bendirs, une taaridja, deux derboukas, un pilon en cuivre et el gasaa (large plat de bois pour rouler le couscous sur lequel est tendue une peau de chèvre). Cette musique est mystique et métissée et les chants et les rythmes guident l'auditeur vers le Hal (la plénitude), la Jedba (la transe), dans une symbiose où les artistes et le public ne forment qu'un.
La signification du nom « ferda », qui au début s'appelait « el amma » (rassemblement) trois versions sont données :
La mélodie et le rythme de el amma (ferda) reposent sur une percussion de basse. Cette percussion qui donne le ton dans toutes les phases de la qacida (sard, zerb et hamaïa), est obtenue en tapant d'un soulier - babouche (ferda) - sur une jatte (gass'a) en bois. La personne tapant de la ferda a une place prédominante dans la troupe, généralement au centre face aux autres membres. Le genre musical aurait pris le nom de ferda dans une sorte de reconnaissance envers cet instrument qui « supporte » la qacida.
Selon une autre version, el amma organisée en fin des fêtes de mariage ou pendant d'autres cérémonies, était l'occasion de ramasser des contributions pour les mariés ou les organisateurs de la fête. Les invités déposaient l'argent dans une ferda (soulier). Les habitants ont eu tendance de dire qu'une ferda est organisée chez un tel ou chez tel autre. L'allusion était faite à la quête puis le nom a commencé à désigner le genre musical.
Une troisième version dit que la ferda aurait pour origine le mot arabe « farida » (unique). Le genre musical est ainsi désigné car sur plusieurs plans il est unique.
Apparentée au malhoun marocain tant dans ses textes que dans ses compositions, la ferda serait apparue à Kénadsa à la même époque de l'apparition au Maroc du malhoun qui de l'avis des chercheurs marocains s'est beaucoup enrichi de l'émigration des poètes populaires algériens fuyant l'occupation ottomane. Il a beaucoup de similitudes notamment dans le rythme, les instruments de musique utilisés et le mode d'interprétation.
Il est aussi établit au Maroc que c'est de la région de Tafilelt, frontalière de Kénadsa et avec laquelle elle eut beaucoup d'échanges, qu'ont émergé les grands maîtres, dont les qaçaïd sont chantés aussi bien au Maroc qu'à Kénadsa ou dans beaucoup d'autres régions du Maghreb.
Cette forme musicale, après beaucoup d'efforts et de recherches, a pu être sauvé du Patrimoine musical alégérien et remis au goût du jour. En effet une partie du répertoire de la musique classique kénadsienne, ont été perdues définitivement. Un groupe musical : El Farda), très présent sur scène et les festivals de musique traditionnelle l'ont fait connaître aux Algériens et au monde depuis quelques années. Ce groupe remporte succès sur succès tant en Algérie qu'à l'étranger. Il a représenté le pays, dans plusieurs tournées à travers toute la France lors de « l'Année de l'Algérie en France ». Sur le chapitre des manifestations culturelles, il a représenté notamment en Algérie au Canada, au Maroc, en Libye, en Tunisie... Autre particularité de ce groupe, il est capable de passer sur scène avec une faculté époustouflante d'un registre musical, d'un style à un autre : du classique maghrébo-kénadsien aux variétés les plus diverses tel le gnaoui, le issaoui, le saharaoui etc. Autrement dit, il excelle aussi dans les variétés, ceci avec des intermèdes animés de « taqtoqate » à subjuguer littéralement les plus fins mélomanes. Si l'on se réfère aux qaçaïd chantées et en admettant (sans que rien n'œuvre pour cette hypothèse) que l'interprétation soit contemporaine à l'écriture, on pourrait dater la ferda du 19ème siècle. Sidi Kaddour El Alami, l'un des plus anciens et des plus grands auteurs connus, vivait à cette époque. J'ai pris Sidi Kaddour El Alami comme référence car il est l'auteur de « Ya Krim El Kourama Ghitna B'Faradj » considérée de tout temps comme qasida culte de ce genre musical.
Le groupe El Ferda, dirigé par Zaidi Houcine (Algérie)
El Ferda. Une musique qui se distingue des autres traditions maghrébines par la richesse de ses modes et la diversité de son répertoire. L'auditeur est tantôt bercé par les chants soufis, le medh ou le hawzi, tantôt secoué par la puissance des rythmes africains.
El Ferda - In Musique Plurielle Constantine 2004
1 - Krim El Kourama
2 - Nefsi Fi Nefsi
3 - Ahl Zemani
4 - Ben Bouziane
Posté Le : 06/09/2017
Posté par : patrimoinealgerie
Source : http://musique.arabe.over-blog.com/