Située à 330 kilomètres au sud de Béchar, la localité de Kerzaz, plus connue par la zaouïa du saint patron Sidi Ahmed Ben Moussa, s’est imposée au fil du temps comme la ville sainte du sud-ouest algérien. Placée sous la protection des cheikhs de la zaouïa, cette cité du désert servait jadis de refuge aux nombreuses familles qui fuyaient les sempiternels conflits et querelles entre tribus et venaient s’installer dans ces lieux où la paix semble régner pour l’éternité. De nos jours, trois ksour forment Kerzaz, promu chef-lieu de daïra en 1986. Le Megssem (nom signifiant emplacement au creux d’une vallée) regroupe l’ensemble des édifices publics communaux et de daïra. Les premiers arrivés à Kerzaz édifièrent un ksar au pied de la montagne dominante attribué à une tribu dite des « Ouled Mali ». Ksar Kerzaz, seconde agglomération, est à deux kilomètres du siège de la commune et se repartit en trois quartiers : « Matlaa », « Ksar Aassraf » et « Ksar El- Mourabitoun ». Ce dernier ksar conserve intacts aussi bien son cachet traditionnel que sa muraille et son enceinte.
Il est constitué de « la Fatiha », lieu de rassemblement des fidèles pour invoquer la miséricorde divine à l’occasion des fêtes religieuses et endroit préféré, depuis des siècles, pour accomplir le sacrifice du mouton par le cheikh de la zaouïa à l’occasion de l’Aïd El-Adha. La restauration et la maintenance continues de ce ksar par les populations de la région, dans le respect des normes de construction et d’architecture traditionnelles, permet à ce vestige historique de garder sa sublime beauté. Les ruelles, les couloirs et les impasses conservent encore leur ancien cachet, tandis que les portes basses, unique accès vers l’intérieur des habitations du ksar, et toutes les autres façades, aussi bien à Kerzaz que dans les ksour environnants,sont badigeonnées à la chaux blanche à chaque fête du Mawlid Ennabaoui. Dar El-Beïda est le siège de la zaouïa, lieu de communion.
Ce sanctuaire se distingue par ses belles arcades dont la première, à droite de la porte d’entrée, est le lieu propice pour le repos du cheikh et l’emplacement habituel pour l’accueil des fidèles et membres de la confrérie « El-Karzazia ». Lors de la célébration du Mawlid Ennabaoui, la délégation rituelle,composée de plusieurs milliers de fidèles, se dirige vers « Zaouïa El-Kebira », à 5 km à l’ouest de Kerzaz et lieu commun des Mourabitoun où trouve le mausolée de Sidi Ahmed Ben Moussa dont la renommée dépasse les frontières nationales.
Haut lieu de pèlerinage et havre de paix
C’est un véritable lieu de pèlerinage des membres de la confrérie qui, de l’avis de nombreux spécialistes, compte plusieurs milliers d’adeptes répartis à travers les différentes régions du pays. Ils viennent chaque année à l’occasion du Mawlid pour un pèlerinage à Zaouïa El-Kebira. Kerzaz, qui s’apprête à accueillir le 8e Marathon des dunes, du 27 décembre 2008 au 2 janvier 2009, compte plusieurs sites historiques, notamment les ruines des ksour de « Tazougar », de celui de Sidi Moussa Ben Khalifa, père de Sidi M’hamed Ben Moussa et fondateur de la cité. Il y a également les zones et quartiers composant la Zaouïa El-Kebira et qui sont les ksour de « Taouglane », « Gambar », celui de Sidi M’hamed Ben Moussa avec sa résidence et enfin ksar Ouled Bendjerad, un autre grand érudit de la région du sudouest algérien. Le saint patron Sidi M’hamed Ben Moussa, qui est à l’origine de la fondation de la ville de Kerzaz et de sa zaouïa, est né, selon la tradition orale, en 1443. Il émigra à Fès au Maroc pour des études en théologie chez Sidi Abdelkader Ben Mohamed El-Fassi. Il poursuivit ensuite ses études à Miliana en Algérie, chez le cheikh Sidi Ahmed Ben Youcef. De retour à Kerzaz, il fonda sa zaouïa qui contribuera plus tard à la propagation de l’islam au Sahara et dans les pays du Sahel. Il créa également plusieurs écoles coraniques qui sont fonctionnelles à ce jour. Sidi M’hamed Ben Moussa s’est distingué aussi par une méthode originale de mémorisation pour apprendre et comprendre facilement les versets coraniques.
Cette méthode est basée sur une forme poétique. Il construisit des vers que les adeptes de sa zaouïa récitent encore fidèlement. Ce savant et érudit, qui a écrit plusieurs ouvrages en théologie et sciences de l’islam, s’était éteint en 1573 à Kerzaz. Kerzaz, havre de paix aux dunes de sable doré, se caractérise aussi par l’hospitalité légendaire de ses habitants, héritée de son fondateur. Une merveille du sud algérien qui n’a pas encore livré tous ses secrets.
Posté Le : 04/06/2008
Posté par : hichem
Source : www.quotidien-oran.com